Âge: trente-neuf années d'emmerdes, de galères, avec pratiquement une cicatrice pour commémorer chacune passée.  Origines:  américaines, allemandes et arméniennes, porteur d'un patronyme étant désormais le seul vestige d'une existence effacée au fil du temps.  Occupation: Ancien militaire, mercenaire par la force des choses, désormais Blade Runner Orientation sexuelle: hétérosexuel Statut civil: autrefois la bague au doigt, son épouse fuyarde repose désormais six pieds sous terre. Il lui arrive d'apprécier parfois la compagnie d'une demoiselle afin de réchauffer ses draps. Rarement la même et dont les traits se perdent bien souvent dans l'oubli causé par l'alcool et les tourments. Puce: absente, étant donné que la déchirure est secrète, inexistante Clan: Blade Runner Déchirure:  Onirisme Traits de caractère: solitaire - lucide - survivant - fidèle à ses principes - mauvais - protecteur - envieux - taciturne - épicurien.  Groupe: Doppelgängers.

Quels sont les points forts de votre personnage: La curiosité naturelle qui l'a toujours animé depuis sa plus tendre enfance vient de ses parents, tout deux scientifiques spécialisés en astrophysique et robotique, ayant même failli rejoindre la mission sur mars. Carcosa est plutôt malin et derrière ses airs de durs cache une intelligence certaine, dont il n'a malheureusement pas tiré les éventuels bénéfices, abandonnant toute idée d'une éventuelle carrière scientifique à la disparition de son père. Sans doute la raison pour laquelle il opta pour l'armée sans doute, laissant les armes de l'esprit pour s'emparer du côté plus physique de la lutte, étant donné les conflits qui firent rage dans le monde, depuis sa naissance. Son goût pour la bricole, son astuce sont aussi deux atouts lui permettant de réparer machines, et outil sans trop de soucis, et avec le minimum de matériaux.
Et ses faiblesses ?  Son sang. Alors que sa propre chair perd toute importance, chacun des membres de sa famille sont comme autant d'organes vitaux ou membres capital pour son fonctionnement. Par l'éloignement, il ressent l'absence de chacun d'eux comme autant de membres fantômes. L'attachement et l'énergie qu'il y investit et sans aucun doute son plus grand point faible, alors il préfère s'éloigner, opter pour la solitude, cracher, crier, jurer, pester envers ses semblables pour éviter tout liens qui se forgeraient entre eux. Bien sur, il y a exception à cette règle... malgré tout le naturel est parfois bien trop dur à chasser.
Comment vit-il avec sa déchirure ? Le cœur au bord des lèvres, et la rancœur aux tripes. Il abhorre le sort qui l'a choisi lui, après avoir ravi sa femme. Pour lui, c'est le témoin de ses fautes et de ses méfaits, une punition presque divine pour celui qui jurait ne croire en aucuns dieux.
A-t-il été amélioré ? Aucune, bien trop hors de prix pour son modeste salaire, et il n'en a jamais ressentit le besoin. Celle de nécessite première qu'il a du payé pour sa sœur lui a suffit. Aucun besoin de réitérer l'expérience, même si il en avait eut les moyens.  
Est-il familier avec la Matrice ? S'il éprouve une certaine aisance lors de l'utilisation, une sensation tenace de perdre pied le prend, et l'incite bien souvent à s'en déconnecter, une gêne qu'il n'explique pas plus que ça. Son avatar n'est pas bien différent de son apparence réel.
Suivrait-il des rumeurs ? Pour son boulot, il n'hésite pas à y faire attention et à même les rechercher. Il s'agit d'une source d'informations pratiquement inépuisable, et fortement utile si l'on sait faire la part des choses. Il reste toutefois prudent; et pourra se laisser convaincre par l'une d'entre elles si celle-ci peut être vérifiée et, bien entendu, vérifiée.
Quel est le rapport de votre personnage à la résistance ?Il la tolère et d'une certaine façon respecte leurs idéaux et la cause qu'ils ont choisis, sans pour autant adhéré à 100% à leurs idées. Leur apporter de l'aide ? Sans doute pas, pour l'instant, et surtout actuellement, Carcosa préfère rester neutre - autant qu'on puisse l'être dans sa situation, et n'a pas besoin d'ennuis supplémentaires en les aidant de quelque façon que ce soit.

Nom de la déchirure: Onirisme
Description : L'esprit a tendance à jouer des tours, qu'ils prennent la forme de mirages, d'apparitions, ou d'hallucinations... il est pris par les reflux de l'inconscient, machine implacable qui écrase les pensées pour les transformer en songe. Ceux qui en subissent l'effet se trouvent en état de rêve éveillé. Il n'a aucune influence sur la nature et la forme que les visions prennent, il s'agit de la manifestation de désirs, de souhaits ou de peurs enfermées au plus profond de l'être. Bien souvent, les apparitions ont rarement un sens, à l'instar d'un rêve, mais peuvent se dégager de celles-ci des scènes particulières. La déchirure est assez instable, et est régit principalement  par les propres sentiments du doppelgänger - ainsi, si il se sent bien, les effets auront tendances à être positifs, enivrants. Si il se sent mal ou acculé, ils s'apparenteront à des cauchemars. Comme dans un rêve, les gens qui subissent la déchirure, peuvent ou ne peuvent pas s'en souvenir, laissant généralement l'impression ou les sentiments ressentis par ces songes. La déchirure laisse généralement ses victimes dans un état de confusion qui se dissipe selon la durée pendant laquelle ils ont été affectés. Personne ne peut percevoir ce que la personne voit, mais les visions peuvent être communes lorsque plusieurs sont affectés, perdant généralement du sens.
Inhumain : 3
Tare: l'id ou l'inconscient, a tendance à se saisir de la déchirure, dans les moments d'émotions fortes (généralement négatives, comme la peur, la crainte, la détresse, etc...) dés lors apparaît aux yeux de l'affligé des visions en partie tirée de ses souvenirs, auquel il adhère dans les manifestations les plus aiguës de la tare (qui surviennent lors d'une utilisation intensive de la déchirure), pour les plus "faibles", par exemple le souvenir d'un lieu désiré, ou d'une personne qui se superpose à la réalité, pour les plus communes des manifestation il peut s'agir de l'impression d'avoir vu une silhouette au coin d'une allée, entendre un rire ou la sonnerie d'un téléphone faisant que l'attention peut être vite distraite par ces parasites. De plus, hors utilisation, il peut y avoir l'impression de ne réellement savoir si l'on se trouve dans la réalité (lorsque l'on est dans un rêve) ou bien lorsque l'on est dans un rêve (lorsque l'on est éveillé). Ainsi, en cas de doute, par exemple lors d'une des hallucinations, le doute peut s'emparer du doppelgänger qui ne sait dés lors que croire de sa situation. Songe ou vérité ?  
Durée : Temporaire, la durée de l'effet varie en fonction de la cible, pour celle-ci le temps peut paraître s'écouler pendant quelques minutes, des jours, des heures, des années. En réalité, elle ne peut être effectif qu'une heure au maximum, avec les effets indésirables décris ci dessus  dans le cas d'une utilisation trop prolongée.
Portée et volume : Une portée d'un rayon de cinq à six mètres, jusqu'à sept mètres sachant qu'avec l'éloignement l'effet est moins persistant.  

2006 Naissance de Carcosa. Le petit foyer composé du nourrisson, des parents, de l’aînée et du jeune frère de la mére, recueilli après la disparition de ses parents un an plus tôt. 2016 Malgré son jeune âge, le garçon développe un intérêt certain pour les recherches de ses parents, baignant presque littéralement dans les ouvrages et autres.2023 Mort de l'oncle de Carcosa dans les conflits. Départ des Etats-Unis, le père reste alors que la petite famille retourne en Allemagne, pays natal des Vardanyan. La mére accouche de jumeaux quelques mois plus tard. 2026 Il perd peu à peu le goût pour la science, à quoi bon désormais ? Il aligne les petits boulots afin de subvenir au besoin de sa famille, et payer les soins exorbitants pour sa petite sœur malade.  L’aînée prend la relève et après un conflit qui éclate chez les Vardanyan, il entre dans l'armée allemande. La même année, il se marie avec Malina, enceinte d'un homme qui l'a abandonné,  il adoptera sa fille d'un an qu'il considère désormais comme la sienne. 2029 Silence radio du côté de Mareck Vardanyan, porté disparu. Carcosa ne reverra jamais son père. 2036 Apparition de la déchirure de Malina, déflagration cinétique incontrôlable, elle s'éloigne peu à peu de Carcosa, développant paranoïa et hallucinations. Il quitte l'armée pour s'occuper d'elle. Elle meurt quelques mois plus tard, alors enceinte. 2037 Dévoré par le chagrin, il décide de laisser la petite à sa famille et de tout plaquer. Il part pour l'écosse et rejoint Edimbourg, pour retrouver sa belle-soeur. Les recherches sont infructueuses. Mercenaire, il bosse pour quelques types peu fréquentables. 2040Carcosa se voit offrir un boulot de blade runner grâce à un de ses anciens contacts.

La planche ploie sous son poids, alors qu'il rampe misérablement, tentant d'atteindre du bout des doigts la crosse de son flingue étendu quelques centimètres plus loin. Une écume carmine au bord des lèvres, un œil injecté de sang que la paupière tente en vain de protéger de nouveaux éclats il a fière allure le salaud. Ses vêtements crasseux de poussiére sont blanchies par la poussiére de ciment, à l'instar de son visage, ce qui lui donne des allures de mort à peine relevé de son caveau. Les égratignures qui parsèment la face tordue par la concentration plus que la douleur sont sales à voir. Si quelque âme douce et égarée viendrait se perdre dans ces ruines, elle aurait bien de la pitié pour l'épave étalée sur le sol fragile de cet immeuble depuis longtemps déserté par ses habitants. Quelques animaux rodent encore, mauvais, se jetant les uns sur les autres, les crocs et les griffes sortis pour tirer de leurs anciens fréres une pitance maigre. Quelques échos lui parviennent. Impossible de savoir si son imagination crée quelques compagnons aux ombres furtives qui se dessinent sur le murs, si il s'agit de quelques vagabonds dans les décombres, ou s'il ne s'agit que l'écho de ces propres grognements, échappant malgré lui à une gorge asséchée par le chimique qui alourdit l’atmosphère, le soleil rude qui s'infiltre par les fenêtres dépourvues de carreaux.

Les relents étourdissants semblent accompagner par ceux qui commencent à se dégager de la carcasse malingre du collègue trépassé. Carcosa ne l'avait pas vu rendre son dernier souffle, alors qu'il était là gémissant, évoquant les regrets précédents son trépas d'être pris dans sa prime jeunesse. Les gémissements l'avaient agacé, cet abandon surjoué lui faisait monter la bile à la gorge alors qu'expirait le gosse à ses côtés. Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis, et il n'y avait plus fait attention. Le deuil de perdre un collègue à peine connu avait pris la forme de jurons, il aurait dû être avec elle. Pourquoi lui ? Pourquoi ce mioche à sa place ? Ses pensées s’emmêlent alors qu'il avance péniblement, corps étalé au sol alors que son abdomen douloureux frotte sur le sol. Je vais y passer. Ici, dans ce trou, sans avoir eut l'opportunité... il ne sait même pas de quoi. Des pardons ? Rattraper ses fautes ? Trop tard, bien trop tard. Quelques sons sourds résonnent, comme de semelles légères sur le bois survivant des escaliers. Quelques âmes occupent encore les lieux. Un véritable nid de ces choses. L'écho vient d'ailleurs, d'une autre bouche. Éloignée. Fragment d'un passé abandonné ? Sa mémoire travaille, mais rien ne vient alors que devant ses yeux la pièce se découvre d'un jour nouveau. Sur le mur a proximité, assez proche de lui pour qu'il puisse désormais déchiffre l'écriture tremblante, taillée au couteau sur la surface : ici, l'espoir vient mourir. Ces mots accompagnent les centaines d'autres peints, écrits, tracés au stylo, au marqueur ou autre sur ces murs.

Il peine à se remettre sur pieds, sait pertinemment que les lieux sont traîtres et ne lui apporteront pas le salut. Oui, l'espoir vient mourir ici. Car l'homme peine à croire que les renforts sont en route, et le sang qui macule le plancher sur lequel il repose n'augure rien de bon. Certainement pas sa survie. Ses muscles se contractent, et il réussit après quelques efforts à se basculer son corps perclus de douleurs et de tiraillements. Désormais ses yeux reposent sur le plafond inexistant, sur ce trou qui traversent les étages pour permettre de reposer le regard sur un ciel encombré. Une légère brise vient caresser son visage alors que ses paupières se referment. La fatigue est traîtresse et en vient à appeler au sommeil le mourant, afin de l'emmener vers des songes plus agréables, loin de ce lieu où les espérances, à son instar, viennent ici expirer.

Une radio grésille quelque part dans le ghetto. Lui, il s'envole, perçoit les contours des bâtiments, de cet endroit qu'il n'a connu que sous cette forme. Il voit les silhouettes, celles qu'il observe depuis la fenêtre de son petit appartement. Puis, le panorama de ces ruines humaines s'éloigne peu à peu alors qu'il traverse à la fois l'espace et le temps, la vitesse affolant les sens alors qu'il traverse en songe les mers et les océans. Un gamin est agenouillé sur le ciment, et ses lèvres forment quelques prières muettes. Carcosa. Le prénom un peu vieillot fait sourire, celui que l'on trouve entre les pages jaunis d'un des vieux bouquins de la bibliothèque des aïeuls. Byron. Les plus perplexes optent pour un second prénom, mais lui savoure ces sonorités étranges. Une femme dans une robe à imprimés fleuris vient le redresser tendrement, serrant avec fermeté mais douceur le bras dénudé du gosse.  Il lui sourit, attrape un ouvrage dont la couverture est parée de quelques formules obscures pour les autres, si clairs pour lui, avant de se redresser, en époussetant d'une main tremblante la poussiére qui macule son short. Le cri d'un nourrisson se fait entendre dans la petite maison. Étendu, un spasme le parcourt, dans l'encadrement de la porte un landau se dessine, vite ramené en arrière par une main invisible. Il veut retenir l'inconnue. L'immeuble est donc habitée ? Rêves et souvenirs se mêlent dans cette réalité hors du temps, alors que ses paupières se ferment de nouveau.

Le même livre trône désormais, abîmé sur l'une des chaises du salon, et se atterrit d'un geste brusque contre l'un des murs du petit salon. Il pose son bleu de travail sur l'un des dossiers de chaise, alors que les sanglots d'une mére éplorée parviennent à couvrir les cris des enfants. L'appartement tremble presque sous les hurlements d'une femme qui a perdu son époux depuis des années, mais dont la perte vient tout juste d'être confirmée et rouvrent des blessures désormais trop fraîches pour être supporté. Les années s'égrènent. Le conflit éclate, si loin de la guerre ils s'en croyaient protégé. C'est au sein du foyer que les coups s'échangent à travers les insultes, les regards, et la fatigue qui dérobe chacun à l'affection qu'ils ont autrefois partagés, désormais muette. Alors, Carcosa part, maintenant homme. L'argent envoyé reste un maigre placebo quand à la présence à laquelle sa famille ne peut désormais plus se raccrocher, fantôme du père trépassé à travers des traits bien trop ressemblants, et une figure paternelle forcé par la fuite, l'exil, et les responsabilités insistantes. Il cherche un ordre autre dans le martial, rejoint l'armée pour bientôt retrouver la place du patriarche.

L'homme est désormais père de cet enfant dont il ne partage pas le sang mais qu'importe. La petite au creux de ses bras paraît si petite. Sa femme le regarde avec un amour inscrit au fond de ses pupilles, qui dessine un frêle sourire sur son visage de porcelaine. Syeira. L'enfant est nommée et ainsi s'inscrit sa place dans ce monde. Bientôt le ventre de Malina s'arrondit de nouveau et l'homme oubli ses craintes et ses appréhensions. Il rédige soigneusement une lettre avec l’écriture fine que ses parents appréciaient tant. Il finit par renouer avec un passé désormais si éloigné, et c'est tremblantes que ses sœurs lisent la missive. Les blessures se referment peu à peu alors qu'un futur lumineux se profile à l'horizon, dans leur petite utopie personnelle.

La réalité ne tarde pas à les rattraper. Avide de douleurs et de souffrances, elle prend la forme du changement rampant, qui transforme les corps, et tend à la monstruosité. Déchirure. Malina tremble, les yeux roulant dans leurs orbites alors que son corps se raidit, l'énergie qui parcourt ses membres est expulsée et impacte violemment les murs, laisse des bleus sur le corps du mari qui tente vainement de protéger la petite. Alors, la jeune femme s'enferme dans sa chambre où les échos de ses sanglots parviennent à Carcosa qui serre la petite au visage trempé de larmes. L'être qu'elle fut autrefois s'éloigne peu à peu et bientôt il ne reste plus qu'une carcasse, l'ombre de la femme enjouée qu'elle a été. Sombrant dans la folie, elle finit par détruire la vie qu'ils avaient bâtit, la petite maison qu'ils avaient construits et l'être qui grandissait en elle. Seuls les deux personnes qui avaient un jour compté pour Malina survécurent. Désormais, son visage le hante, se glisse dans ses songes ainsi que les derniers paroles prononcées, formulées à travers la colère et l'envie de sa normalité : Un jour tu verras, ça t'arriveras aussi. A vous tous.

La lune ronde transparaît, vivace, dans un ciel encombré de nuages et de fumée. La douleur est sourde à présent, et le réveil n'est pas brutal, comme lorsque l'on glisse d'un songe à un autre. Les années passent devant ses yeux et au creux de son esprit, faisant sens à des bribes, des fragments éclatés mêlant visages, sons et odeurs ectoplasmiques. Le corps immobile à quelques mètres de lui pue déjà la mort. Les débris dessinent des silhouettes sur les murs, prenant des formes troublantes, presque humaines. Il est toujours allongé  dans son sang dont la source bientôt sera tarie, alors que la substance visqueuse qui s'étale sur le sol sèche et prend une teinte brunâtre au lieu du rouge frais. A peine pose-t-ils ses yeux sur ce triste décor, qu'il sombre à nouveau dans l'inconscience. Une petite voix éclate à ses oreilles alors qu'une main vient se glisser dans la sienne. Elle est là. A ses côtés. Vision induite par un esprit tourmentée, par la perte bien trop importante de sang, par une mort proche... qu'importe. La fillette est comme une photo figée dans le temps, bien loin de refléter l'âge qu'a Syeira aujourd'hui. Ses yeux étincelants dans la nuit fixe le visage meurtri de son père, alors qu'elle s'agenouille dans sa petite robe blanche, la même qu'elle portait lorsqu'il l'a quitté. Elle dormait paisiblement, sa petite tête posée sur son épaule. Le voyage avait été long, éprouvant pour eux. Il l'avait déposé sur le petit divan du salon de sa sœur, avait fait ses adieux alors qu'elle était encore assoupit. La tante s'en occuperait désormais. Lâche, couard... Carcosa fuyait avec l'espoir illusoire que la petite aurait sans aucun doute une existence meilleure. Et qu'a jamais il verrait dans se refléter dans cette figure rappelant si violemment un être dont l'existence avait glissé entre ses doigts.

Voici que, conclusion éphémère, se profile devant ses yeux le dernier chapitre. Syeira n'est plus à ses côtés. Il perçoit uniquement l’écho des plaintes, des voix qui s'entremêlent, connues et inconnues dans un esprit malade, et dans l'air vicié du petit appartement. Canon reposant sur la table de nuit, cadavres de bouteilles qui étalées au sol, la scène reflète impitoyablement l'âme de son propriétaire. Quelques fils, bouts de ferraille et autres bricoles sont éparpillées sur une table rafistolée. C'est un moment comme un autre de se payer sa pitance - et son alcool, réparer les vieilleries et les remette sur pied. Un revenu bien faible comparé à son boulot de mercenaire, qui équivaut à bien trop de risques, comparé à l'argent gagné. Blottie à côté de lui une fille, aux yeux verts, une présence vaine, et un visage auquel il ne rattachera bientôt plus de nom. Il la chassera, comme les autres, qui outrées hurleront insultes à son adresse pour la façon odieuse dont ils les traitent. Il voit défiler devant ses yeux l'atroce pauvreté, la richesse de l'imprenable citadelle, les monstres qui comme sa femme se retrouve dépassés par les affres de leur situation. Jamais, pitié, jamais. prie-t-il, lui l'incroyant, l'impie, alors qu'il voit les ruines humaines défilés devant ses yeux.  

Le vieux perçoit sa détresse, cet homme étrange aux cheveux grisonnants qui finit par lui offrir une possibilité d'être utile. Blade Runner. Il est efficace, bien trop efficace dans son boulot à abattre les tâches et les cibles sans vraiment bronché, comme l'ombre de ce qu'il faut auparavant. Peut-être même a-t-il toujours été cet ersatz d'homme, cette esquisse inachevée de ce gamin aux bras remplis de livres dont l'existence a été achevée par les maux et la guerre. Parmi tout ça, une lumière se distingue, une présence familière dans un paysage bien trop étranger. La belliqueuse, un roc dans la tempête, une lueur dans la pénombre le guidant vers autre chose que la brume qui couvre son regard, et empoisonne le cœur. Alors, dans ce monde brutal, dans cet univers régit par la violence, il lui sourit, béa, à sa félicité incarnée, au réceptacle fait de chair de souvenirs bienheureux qui lui étaient jusque là les vestiges d'une vie passée, oubliée, réprimée.

Il meurt Carcosa. Ou presque. Un sourire vient glisser sur ses lèvres crevassées par la sécheresse. Les souvenirs qui le hantent le maintiennent en vie. Un mal pour un bien, tente-t-il de murmurer. Peine perdue. Des mains l'agrippent, alors qu'il tressaille, quelques visages familiers, une petite foule est attroupée. Les visages familiers se mêlent à ceux des inconnu(e)s : une amante, un vieux pote, une de ses sœurs, ses yeux l'observe alors que des mains froides le porte au dessus de ces têtes. On le pose sur le ciment, et il lutte contre l'envie de se recroqueviller. Il ne fait plus ni nuit, ni jour. Le ciel se déchire, alors que son corps résonne de cette même souffrance, pourtant les chairs restent intactes. Une ombre immense dévore le paysage, fait disparaître peu à peu ces fantômes tremblants. Carcosa tend une main ensanglantée vers ce ciel embrasé par ces ténèbres, l'agonie enveloppant le corps faible. La scène est surréaliste, monstrueuse. La rue n'est désormais plus que le théâtre fantastique de cauchemars et fait bientôt place à l'obscurité la plus totale. Rideau.  

Il est étendu, emmêlé entre des draps trempés de sueur. L'immeuble en ruine a disparu dans les limbes. De la blessure il ne subsiste plus qu'une douleur lancinante.  Ses yeux se closent de nouveau, alors que pour la première fois depuis des lustres il s'enfonce dans un sommeil sans rêves ni cauchemars.