Errer dans la matrice, voilà quelque chose que savait faire à merveille Adelaïde. Oui. C'était son royaume, son monde, elle pouvait être qui elle voulait, laisser aller son esprit. Lâcher prise, ne rien contrôler tout en gardant une certaine emprise... Quelque chose de contradictoires que seuls les Technomanciens pouvaient comprendre. Son père lui manquait... Son seul compagnon, maintenant, se trouvait dans la personne de Silas. Son apprenti, un fils adoptif dont elle prenait soin dès que l'occasion se présentait. Il n'était certes pas la chair de son sang, mais cela était tout comme. Sa fille, quant à elle, manquait toujours à l'appelle. Aucun changement dans la matrice. Voilà la première chose qui frappa notre maman lionne. Quand se connecterait-elle ? Aurait-elle un jour l'opportunité ou bien devait-elle définitivement enterrer les souvenirs de sa fille ? Peut-être que son débile de père n'avait pas réussi à réveiller son don ? Ou bien peut-être avait-il était las d'attendre qu'elle réalise sa vraie nature et il l'avait supprimé... ? Rägashaël, dans tous les cas, avait des plans bien précis pour lui. Ils se dessinaient au fur et à mesure des jours et son imagination ne cessait d'y apporter des détails tous sanglants, cruels et sadiques que les autres. On ne la volait pas impunément. On ne lui prenait pas son bonheur sans en subir les conséquences.
Räg avançait, regardait le travail des concepteurs qui avaient foulé les lieux elle, changeant ce qui ne lui plaisait pas comme le ferait un enfant avec maison de poupée. Elle n'avait pas l'envie, ni le besoin pour l'instant de créer son propre monde. Sentant alors une présence près d'elle, elle ne mit pas de temps à comprendre que ce n'était pas un technomancien. Elle n'eut qu'à se concentrer quelques secondes pour instaurer le noir autour d'elle : plongeant dès lors la personne qui semblait errer comme elle dans l'obscurité. S'approchant de lui, d'un pas qui se voulait délicat et certains : Adelaïde savait qu'elle était maîtresse ici. Ce n'était pas le fait qu'elle avait trop confiance en elle. Juste une terrible vérité. Elle avait un don et elle en était juste fière.

« Première connexion ? »

Demandait-elle à l'inconnu avant d'illuminer sa silhouette. Adelaïde coda une table avec de la nourriture, du vin : un festin de roi. Des images venues tout droit de ses souvenirs, quand le monde était encore beau, encore viable, des souvenirs que les moins de vingt-ans ne peuvent pas connaître. Ceux de trente peut-être. Räg était née à la bonne époque comme dirait certains. Elle avait le malheur d'avoir connu l'avant. La figure humaine lui apparaissait en codage, tout à vrai dire n'étaient que des lignes verticales qui bougeaient constamment. L'humanoïde n'avait pas de couleurs à proprement parler, elle en discernait les formes, les détails de son visage et de ses vêtements.

Son costume pourrait en effrayé plus d'un. Après tout, il ressemblait à ces gardes malades durant les grands épidémies de peste durant les siècles désuets de l'humanité. Pourtant, Räg était plus intriguée qu'autre chose. Outre l'aspect, c'est le sens même de cet apparayement qui l'intriguait. Pourquoi choisir une telle chose ? La curiosité mal placée du soldat commençait à se réveiller : amenant avec elle tout un tas de questions.  

« Perspicace vous êtes. »

Adelaïde laissa échapper un rire presque moqueur. Cela se voyait tant que ça qu'elle n'avait pas l'habitude d'être dans la matrice ? Qu'est-ce qui avait pût le mettre sur cette piste ? La Blade Runner ne voyait pas son visage, mais elle en devinait les codes. Ici, c'était son monde : il était difficile de se cacher. Elle l'observait donc, tentant d'analyser ses réactons. Le regard qu'il porta sur la nourriture ne passa pas inaperçu.

« Disons que j'ai passé assez de temps pour me sentir aussi bien qu'un coq en pâte. En revanche, vous m'avez l'air un peu perdu... »

Son visage est lui aussi cachée par une cagoule recouvrant son nez et sa bouche. Seuls ses yeux d'un bleus perçants étaient visibles. Naturellement, il lui aurait suffit de changer quelques codes pour avoir une apparence différente, mais Adelaïde avait encore espoir de voir sa fille. Alors, il fallait qu'elle soit elle-même non ? Comment elles pourraient se reconnaître sinon. Le chef de Zone montra la table :

« Je vous en prie, servez-vous. »

Rägshaël regard autour d'eux, pour tenter de voir si cet inconnu était seul ou bien s'il avait des petits copains autour. Disons qu'elle avait pas réellement envie de se faire prendre en guet-apens. Elle était ici pour une mission, une seule : cela faisait longtemps qu'elle ne prenait malheureusement plus plaisir à venir dans ces lieux qui pouvaient changer au gré de ses pensées. On l'avait trop utilisé, trop entâché son don de contraintes.

« Votre choix vestimentaire est des plus intéressants. Je n'avais encore jamais vu cela. »

Comment montrer qu'elle n'était guère impressionée... Enfin, si un peu, mais elle était bien trop confidente dans la matrice pour se laisser faire. Et puis, en règle générale, elle montrait difficilement ses sentiments. Ce n'est pas de sa faute, pardonner-la. On ne pouvait pas dire qu'elle a eut des modèles de vertus au cours de sa vie. Tout du moins, pas assez important pour avoir une réelle influence sur elle.