Âge: 29 ans Origines: écossaise depuis des generations, seule chose qu’elle connaisse de ses parents défunts Occupation: vate Orientation sexuelle: pansexuelle Statut civil: célibataire exigeante pour son cœur, un peu moins pour son corps Clan: Tuatha Dé Danann Traits de caractère: silencieuse – inquiète – naïve – farouche – franche – discrète – timide – pessimiste – pleine d’espoir – a secrètement soif d’aventures dans le monde « réel » – simple – sérieuse – libérée – loyale – fidèle Groupe: technomancienne

Quels sont les points forts de votre personnage: Tegan est une technomancienne plus que douée. Pour échapper à la réalité du krack boursier et de la chute de la société telle qu’elle la connaissait, elle a passé de plus en plus de temps dans la Matrice. Si bien qu’un jour, elle s’est rendue compte qu’elle n’avait plus besoin de lunettes ou de puce pour y accéder. Un simple fil de pensées, une idée, une envie, et elle était projetée loin de tout ça. La Matrice était son refuge, là où elle pouvait créer un monde selon ses goûts et ses caprices. Elle est capable de naviguer dans la Matrice aussi simplement que dans le monde réel… peut-être mieux même.
Tegan s’estime également assez capable dans son rôle de Vate, notamment en ce qui concerne la divination. Il lui arrive de combiner les drogues pour atteindre les visions, et son exploration de la matrice. N’est-ce pas un peu la même chose, au fond ? Certains technomanciens sont appelés Préscience… Si elle est capable de prédire assez aisément le présent et un futur assez proche, ainsi que le passé disponible dans les données de la Matrice, elle a encore du mal avec le reste.
Et ses faiblesses ? Tegan est à l’aise dans son monde de visions et dans la Matrice. Pour ce qui est du monde réel, c’est une autre paire de manches ! Elle a toujours été couvée, chouchoutée, choyée par ceux qui l’ont recueillie et elle ne connait, ainsi, pas grand-chose du reste du monde. Dans sa cage dorée, elle observe les Hommes à travers sa fenêtre et dans la Matrice, là où elle se permet des choses qu’elle n’oserait jamais dans la réalité. Ainsi, Tegan n’est guère adaptée à la cruauté du monde actuel, encore moins aux échanges avec d’autres personnes en chair et en os (et en circuit pour les archandroïdes). Elle est tour à tour trop naïve, trop farouche, trop impulsive, trop anxieuse. Elle a un sérieux problème avec l’ordre de ses pensées et de ses émotions.
A-t-il été amélioré ? Non. Tegan n’a subi aucune amélioration. Elle estime que la puce placée sur sa nuque est bien assez de technologie dans son organisme. Ce qui est assez contradictoire quand on sait le temps qu’elle passe dans la Matrice, mais elle est technomancienne, ça c’est normal, non ? Des morceaux de métal dans son corps, par contre, elle n’apprécie pas vraiment.
Est-il familier avec la Matrice ? Si Tegan est familière avec la Matrice ? C’est pas peu de le dire ! Elle y passe plusieurs heures par jour. Elle y passerait certainement plus de temps si elle n’avait pas à manger, à se laver et à « vater » comme elle aime le dire. Droguée de la matrice, peut-être bien. Mais ce n’est pas à la drogue qu’elle est accro, c’est à la sensation de liberté qu’elle lui offre.
Cependant, elle n’a guère de notions de codage, ni d’informatique. Elle serait bien incapable de réparer un ordinateur si elle en avait un devant elle. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle a ce don exceptionnel de pouvoir manipuler la Matrice à son aise. Elle ne se l’explique pas. Elle n’a jamais cherché à comprendre d’où ça lui venait, elle l’a accepté, c’est tout. La Matrice, c’est instinctif pour elle, elle n’a pas besoin d’y réfléchir ou de se creuser les neurones pour y naviguer ou pour la modifier au gré de ses envies.
En ce qui concerne son avatar, il lui ressemble beaucoup. Ses caractéristiques sont peut-être un peu exacerbées, mais rien de bien méchant. Ses cheveux sont plus blonds que blancs, cependant. Sa peau plus pâle. Ses yeux sont d’un vert vibrant avec quelques éclats d’or autour de la pupille. Sinon, le reste est semblable. Si elle sortait un peu plus de son logement, il est certain que ceux et celles qu’elle croise dans la Matrice la reconnaîtraient… ou peut-être pas d’ailleurs, car Tegan est bien plus exubérante, extravertie, fière et confiante en elle dans la Matrice que dans le monde réel.
Suivrait-il des rumeurs ? Les seules rumeurs que Tegan entend sont le brouhaha qui lui vient quand elle ouvre ses fenêtres. Celles qu’elle peut entendre dans la Matrice. Elle n’y fait généralement guère attention, sauf si c’est en rapport avec les Tuatha Dé Danann ou la possibilité de convaincre quelqu’un de les rejoindre… Bien que dernièrement, elle souhaite trouver quelqu’un qui lui fera découvrir le monde car elle se demande comment elle pourrait seulement persuader les gens d’adhérer à ses idées si elle ne connait pas les problèmes qu’ils endurent, leur quotidien, leurs inquiétudes, leurs désirs, leurs joies et leurs malheurs.
Quel est le rapport de votre personnage à la résistance ? Tegan aurait pu ne jamais en avoir entendu parler, si elle n’avait pas surpris certaines discussions dans les méandres de la Matrice, certaines de leurs actions en direction du réseau de la Citadelle. Pour ce qui est de son avis, elle n’en a pas vraiment, ne possédant pas assez d’informations sur eux pour vraiment songer quoi que ce soit à leur propos. Elle sait qu’ils existent, qu’ils essaient de se battre contre le système en place, mais au-delà de ça, elle attendra d’en savoir plus pour décider quoi que ce soit.

2016 Tegan nait en Angleterre, bien que ses parents soient tous les deux écossais. L’Angleterre offrait plus de possibilités à ces derniers dans leur travail. En effet, ils étaient chercheurs. L’un en génétique, l’autre en nouvelles technologies, ils étaient au cœur des recherches effectuées dans le monde, faisant avancer les connaissances dans leurs domaines respectifs. 2020 Les parents de Tegan sont assassinés. Elle ne saura jamais vraiment pourquoi, ni par qui. En vérité, elle ne se souvient pas vraiment d’eux non plus. A quatre ans, les rares souvenirs qu’elle avait pu avoir de leurs visages, de leurs voix, se sont effacés alors que d’autres les remplaçaient. D’autres concernant les gens qui l’ont recueillie. A ses yeux, ils étaient une famille, mais ils étaient bien plus que cela en vérité : des personnes réunies autour de valeurs et de pensées communes. Ainsi, Tegan devint la plus jeune d’une famille composée d’un « père », d’une « mère » et d’un « grand frère » qui avait une dizaine d’années de plus qu’elle. Elle ne se rendit pas compte tout de suite qu’ils étaient loin d’être une famille dans le sens conventionnel du terme. 2024 La petite « famille » était rentrée en Ecosse. Tegan avait suivi le mouvement, évidemment. Elle avait à peine dix ans, elle n’était pas en position de se rebeller contre les décisions que ses parents prenaient… et puis, ils lui avaient toujours décrit un pays somptueux, tellement vert qu’on aurait dit qu’il avait été tissé avec des émeraudes. A ses yeux, l’Ecosse devait être la demeure des Dieux, et avoir la chance de pouvoir y mettre les pieds à son tour l’enchantait. 2026 Le monde commença à s’écrouler, même la parfaite Ecosse. Un jour, Jamie, son « grand frère », rentra avec une paire de lunettes étrange. Curieuse, elle découvrit bien assez vite à quoi elles servaient. Jamie lui affirmait sans cesse qu’elle était trop jeune pour les utiliser, à chaque fois qu’elle lui en demandait l’autorisation. Elle commença alors à les lui dérober quand il ne les utilisait pas, et découvrit la Matrice à son tour. 2032 Tegan s’enfonça un peu plus dans la Matrice à mesure que le monde s’écroulait. Elle s’était rendue compte, après des mois d’utilisation clandestine en volant les lunettes de son frère, qu’elle n’avait plus besoin d’un quelconque intermédiaire pour se connecter. Alors elle s’y perdait, moitié présente dans la réalité, moitié ailleurs, cherchant à oublier la déchéance qui se répandait en Europe. Il ne fallut pas très longtemps pour que ses parents devinent qu’elle était ce qu’on appelait une technomancienne. S’ils avaient toujours été très protecteurs envers elle, l’interdisant de sortir sauf pour aller à l’école, ce fut pire après cela. Encore plus quand la citadelle commença sa construction au-dessus d’Edimbourg. Au départ, devant la beauté d’un tel édifice, Tegan se dit que les Dieux devaient habiter là. Qu’ils avaient daigné leur faire grâce de leur présence dans ce pan d’existence. Ses parents lui assurèrent très vite le contraire. Les gens habitant ce palais de cristal n’étaient pas des Dieux. Ils n’étaient pas bons. Ils étaient cruels. De simples cloportes qui croyaient pouvoir détrôner Lugh, Brigit, Dagda et les autres. 2034 Tegan venait d’avoir 18 ans. Elle s’échappait toujours autant dans la Matrice, peut-être même plus encore depuis l’accident nucléaire. Elle y trouvait les escapades dont elle rêvait. Par rapport à la dure réalité du contexte actuel, mais aussi par rapport à la surprotection de la part de ses parents et de son grand-frère. Elle ne leur en voulait pas. Elle pouvait même les comprendre, d’une certaine manière. Ils ne voulaient pas qu’il lui arrive du mal dans ce monde atroce qui était le leur maintenant, préférant la préserver de toute perversion. Ce qu’ils ne savaient pas pourtant, c’était qu’elle s’adonnait à tout un tas de choses quand elle était dans les méandres binaires de la Matrice. Elle laissait s’exprimer ses pulsions, ses plus sombres et exubérantes envies, « non » était un mot qu’elle connaissait à peine, si ce n’est pour mettre du piment dans cette autre vie qu’elle vivait. Quelques jours après son anniversaire, sa mère semblait avoir guetté sa sortie de la Matrice et lui était tombée sur le poil avec un laconique « il faut qu’on parle ». Tegan avait craint ce qu’elle aurait à lui révéler, mais au final, elle était presque soulagée : sa mère voulait qu’elle prenne ses responsabilités au sein de la famille et de ses convictions. Et Tegan commença sa formation de vate. 2038 Tegan passait en conséquence moins de temps dans la matrice. Elle aurait pu ressentir le manque qui suit une coupure avec sa « drogue » mais, heureusement, devenir vate en impliquait d’autre… et se perdre dans les méandres du passé, du présent et du futur n’était pas si différent de s’échapper dans la Matrice, au final. Du moins à ses yeux. Peut-être son esprit faisait-il le lien avec la chose qui lui était la plus familière. Pourtant, pour une fois, Tegan fut soulagée de ne pas être connectée si souvent à la Matrice. Cette coupure énorme subie par le réseau l’ébranla. Elle eut peur, les jours suivants, de se connecter, de crainte que l’épisode ne se répète. Ses séjours suivants dans cet autres mondes furent teintés d’une ombre alors qu’elle croisait les fantômes dans les circuits, vestiges de ces êtres qui étaient connectés lors de la coupure. Elle ne voulait certainement pas devenir un jour comme eux… et pourtant, elle reprit vite son rythme de croisière dans ses connexions. 2040 Sa famille et les siens se dévoilent au monde. Si pour elle le culte des anciens dieux était normal, presque logique, elle apprit que ce n’était pas le cas de tout le monde. Certaines personnes se contentaient d’une seule divinité. Les Tuatha Dé Danann. Les enfants de Dana. Tegan ne se sentait pas différente. Elle était toujours la même. Ça ne changeait rien pour elle qui restait toujours en sécurité chez sa famille. Elle se rendit simplement compte que, même si ses parents avaient de nombreux amis, il y en avait plus encore en Ecosse et à Edimbourg. Tegan se rendit aussi compte qu’au-delà d’une religion, c’était un état d’esprit, une façon de vivre à part entière… même si, en y réfléchissant un peu plus, ça avait toujours été comme ça pour elle. Rien n’avait change… Seulement les autres savaient maintenant. Et peut-être qu’on l’enverrait parler à ces gens qui devaient trouver la paix et la sérénité aux côtés des Dieux. 2043 Ses parents avaient raison quand ils lui affirmaient que les habitants de la Citadelle se prenaient pour des Dieux. Des morts arpentaient les rues après que ces personnes ne les aient tirés de leur tombe. La simple pensée hérissait le poil de Tegan. Elle reprit ses habitudes de s’exiler dans la Matrice, apeurée parce qu’était devenu le monde, encore un pas un peu plus vers la déchéance. Il n’y avait pas d’enfer – ni de paradis – au sein de la religion celte… mais ces personnes ne pouvaient être que mauvaises. Les siens s’insurgèrent contre cette nouvelle pratique. Les morts devaient rester morts. Ils avaient trouvé la paix, pourquoi la leur refuser ? Comme sa famille, Tegan s’emporta, menée par les drogues et les visions floues qu’il lui semblait avoir eues de l’avenir. Ce fut l’une des premières fois où elle posa les pieds en dehors de son refuge doré, bien encadré par sa famille de toute part, pour faire gonfler leur nombre, pour convaincre les gens que tout pouvoir que Pinxit pouvait posséder, ça ne lui donnait pas le droit de jouer ainsi avec le corps des citoyens.  

Tegan s’approcha de la fenêtre de son logement. Jamie et ses parents étaient sortis. Il y avait cependant d’autres membres des Tuatha qui étaient là. Elle n’était jamais vraiment toute seule. Comme si l’on craignait toujours qu’il ne lui arrive quelque chose. Elle n’avait jamais compris cette crainte qui semblait habiter les siens. Pourquoi la surprotégeraient-ils autant ? Elle se rendait bien compte du mal qui rongeait le monde… mais ils étaient si nombreux à sortir et à battre les pavés sales. Pourquoi pas elle ? Ils lui en avaient donné l’occasion quand il avait montré leur hostilité envers le gouvernement et leur engeance morte… mais aujourd’hui, elle était de nouveau dans sa tour, à l’abri de… la vie. Elle poussa un soupir et s’assit sur le rebord de la fenêtre crasseuse. Un filet d’air froid s’insinuait entre le verre et son cadre en bois. Elle y passa les doigts, lentement, dans une caresse délicate. Elle sentait l’air s’enrouler autour de ses phalanges. Son front se posa sur le mur à côté de la vitre. Ses yeux se perdirent dans la masse grouillante en contrebas. Les gens marchaient vite, pressés d’arriver là où ils se rendaient. Ils ne voulaient pas s’attarder sous la pluie qui s’écrasait sur leur tête. Sur leurs vêtements d’une couleur qui lui semblait tellement uniforme qu’elle peinait parfois à isoler les silhouettes. Beaucoup portaient des capuches les protégeant de la météo ou d’un danger bien plus menaçant. Qui étaient-ils ? Les avait-elle déjà croisés dans la Matrice ? Serait-elle apte à les reconnaître ? Certains étaient tellement différents. Leurs avatars une image souhaitée, enviée, jalousée. Celui de Tegan était ainsi… mais sur un plan plus psychologique que physique.

Elle se perdait à nouveau dans ses pensées, s’éloignant du monde réel pour s’égarer dans la Matrice, quand l’un des passants en contrebas leva les yeux. Jamais personne ne levait les yeux. Tegan se disait qu’ils n’avaient pas envie de se rappeler la présence de la Citadelle au-dessus de leur tête, son écrasante puissance. Mais celui-ci releva le menton et leurs regards se croisèrent. C’était presque comme s’il la voyait vraiment. Le pouvait-il ? Peut-être avait-il une amélioration au niveau des yeux. Ou peut-être ne laissait-il que ses yeux se promener sur les hauteurs. Il ne la voyait pas vraiment. Pourtant, son attention resta focalisée sur sa fenêtre. Se détachait-elle sur la pénombre qui régnait dans l’appartement ? Avec sa peau et ses cheveux pâles. La prenait-il pour un spectre ? Puis, finalement, il rabaissa la tête. Il semblait à Tegan que des heures étaient passées et en même temps si peu de minutes. Elle se leva brusquement et les autres Tuatha présents la regardèrent. Elle se dirigea d’une démarche en apparence assurée vers la porte qui menait au couloir, et aux escaliers pour rejoindre la rue. En vérité, ses jambes tremblaient. Elle s’empara d’un des blousons alignés sur une paterne à côté du battant et l’enfila. – Où vas-tu Tegan ? Tu sais bien que tes parents ne veulent pas que tu sortes toute seule. – La jeune femme mâchouilla sa lèvre inférieure. Elle allait bientôt avoir 30 ans. Et elle n’avait pas le droit de sortir toute seule. S’ils savaient seulement tout ce qu’elle faisait dans la Matrice. Elle apaisait leurs esprits en leur disant qu’elle profitait de la liberté qu’elle avait dans cet univers numérique pour repérer les personnes qui seraient susceptibles de les rejoindre et, si elle le faisait effectivement, elle s’en servait aussi pour échapper à leurs règles strictes. – Il y a quelqu’un… dehors... je suis sûre qu’il nous rejoindra mais… il faut que ce soit moi qui y aille. – Voyant l’autre ouvrir la bouche pour poser ses conditions de l’accompagner, Tegan la prit de court. – Il veut me voir seule. Ne t’inquiète pas, Tantine… Je ne crains rien. Tu sais bien que je ne prendrais aucun risque si je n’étais pas sûre de cela. –

Tegan ne savait pas comment elle avait ainsi appris à mentir. Peut-être au sein de la Matrice. Peut-être à force d’habitude quand on lui demandait ce qu’elle avait fait. Toujours était-il qu’elle avait réussi à s’éclipser. L’air de l’extérieur n’était pas plus sain que celui de l’intérieur, mais elle était heureuse de le sentir dans ses poumons alors qu’elle arrivait sur le palier de l’immeuble où se trouvait l’appartement. Si elle avait été assurée de sa décision quand elle était dans les étages supérieurs, Tegan ne l’était plus vraiment maintenant. Elle voyait les gens passer devant elle, certains la regardaient de l’autre côté de la rue. De quoi avait-elle l’air ? Où était passé le jeune homme qu’elle avait vu depuis là-haut ? Elle fit un pas en avant, tentant de le trouver par-dessus les épaules et les têtes des autres. Elle ne l’avait pas rêvé, n’est-ce pas ? Il n’était pas un vestige des drogues qui circulaient dans son organisme, un résidu de la Matrice se mêlant à la réalité… n’est-ce pas ? Elle s’avança un peu plus dans le boyau et, d’un coup, elle fut bringuebalée par la foule. Des corps se pressant contre les siens, un mélange d’odeurs atroce, ses pieds quittaient parfois le sol. Quand elle fut menée de l’autre côté de la voie, elle réussit à s’extirper du flot mouvant et tituba en arrière. Une main se posa sur son bras et elle sursauta violemment, se dégageant. Elle manqua, dans le même mouvement, de se retrouver dans la masse compacte des inconnus. Elle regretta soudain ces années fastes où elle pouvait aller à l’école en marchant librement dans les rues, sans rien craindre. Plus rien n’était pareil. Elle regrettait le jeu de la pluie sur son visage et dans ses mèches. Aujourd’hui, elle semblait aussi haineuse et dure que les habitants du ghetto. Puis elle reconnut les traits du jeune homme. – Est-ce que tout va bien ? – Elle hocha la tête avec un peu trop de ferveur avant de se reprendre et de la secouer négativement. – Je… je me sens mal. – Viens, je connais un endroit plus calme où tu pourras te remettre de tes émotions. – Il posa sa main dans le creux de ses reins cette fois et la poussa dans une direction. Elle ne vit pas le sourire satisfait qui étira ses lèvres.