Âge : 31 ans Origines : La mère française, le père écossais. J'ai grandi sur les terres du dernier. Occupation : Je suis un scientifique. J'y crois encore. Je cherche encore. Aux yeux du monde je ne suis qu'un fou de plus. Et puis ça ne paye pas grand-chose. Alors, officiellement je suis... le fournisseur d'énergie le plus fiable du ghetto ! Orientation sexuelle : Hétéro. Statut civil : Marié mais en pleine relation à longue distance. Très longue distance. Tellement longue distance qu'elle ne me donne même plus de nouvelles. Puce : Mes nouveaux potes ont trouvé utile de l'arracher. Je ne les ai pas contredis. Clan : Les Halloweeners. Mes grands amis. Je n'ai toujours pas très bien compris en quoi ils consistaient mais... ils sont... sympas. De chouettes gars. Déchirure : Électrokinésie. Traits de caractère : Je suis nerveux et calme à la fois. Vous voyez, je suis ce genre de personne qui intériorise tout, dont les nerfs supportent tout jusqu'au jour fatidique où tout s'écroule soudainement. Mais cela fait un bout de temps que ce n'est plus arrivé. Vous savez pourquoi ? Parce que, vraiment, maintenant, je m'en branle de quasiment tout. Ouais. Je suis devenu je m'en foutiste - avec un peu de cynisme en prime. C'est vrai que bon, j'ai plus grand-chose à perdre ici. Ni même à gagner. Je suis plutôt défaitiste il est vrai. J'aime me dire que c'est parce que je suis intelligent ou tout du moins instruit. Etant plutôt créatif, j'arrive à m'en sortir avec peu de ressources. Mais j'avoue que la vie dans le ghetto est plutôt dure pour moi, surtout en tant que maniaque. Paraît que je suis aussi plutôt têtu, voir obsessionnel ; quand j'ai quelque chose en tête, je lâche très difficilement. Et dernière chose, j'ai quelques tocs plutôt énervant du genre taper des doigts sur toute surface rencontrée. Mais hum... j'essaye de me soigner ? Groupe : Doppelgänger.

Quels sont les points forts de votre personnage: J'ai l'air de rien, du coup personne ne se méfie de moi. Vous savez combien de personnes ne me croient pas quand je leur dis que j'ai la trentaine ? Hein ? Les gens pensent que je suis un petit con incapable de quoique ce soit. Et ça, ça c'est un putain d'avantage. L'effet de surprise c'est une bonne chose. Mais avec quoi puis-je les surprendre ? Eh bien, mine de rien, je ne suis pas débile. Je dirais même que j'ai un sacré esprit logique et possède pas mal de connaissances. Oh, et un autre talent plutôt méconnu de ma personne : je suis bon comédien. J'ai l'art de déblatérer des trucs et vu mon air indifférent et un peu paumé, tout le monde me croit. Oui j'aurais plutôt dû dire bon menteur, mais comédien, c'est beaucoup plus classe. Et depuis peu, je peux vous électrocuter la gueule si vous m'emmerdez. C'est plutôt cool, avouez-le.
Et ses faiblesses ? Je suis une crevette. Parce que c'est un fait, même si j'arrive à surprendre le monde, il n'en reste pas moins que physiquement parlant, je suis minable. J'ai pas d'endurance - mais je commence à en attraper vu comme je cours depuis que je suis dans le ghetto -, je sais pas soulever de charge lourde, quand je tape sur quelque chose, je me pète un os. Vous voyez le genre. Manuellement parlant, c'est la même chanson : je sais créer des schémas, bidouiller sur la plus part des engins scientifiques, trouver tout ce que je veux sur la matrice mais le travail manuel... c'est un vrai cauchemar. Et en parlant de cauchemar... hum... j'ai un peu de mal à parler de ça mais je crois que... j'ai un peu perdu la boule ces derniers temps. Vous savez, sinon, je n'aurais sûrement pas rejoins les Halloweeners. Mais je n'arrive pas à savoir si c'est eux qui ont eu cette influence nauséabonde sur moi ou si c'est juste... ma vraie nature ? Je suis en train de me déshumaniser sévère et ça, ça me fout les jetons.
Comment vit-il avec sa déchirure ? Je la hais de tout mon être, vraiment. Mais j'essaye de la comprendre. C'est l'histoire de ma vie ça : comprendre les mutations génétiques. J'ai toujours bossé dans ce domaine et j'essaye péniblement de continuer sur ce chemin. Est-ce un mutant qui m'a contaminé ? Est-ce que cela a toujours été en moi ? Trop de questions, pas assez de réponses. L'apparition de ma déchirure a été une véritable descente aux enfers pour moi. Je suis passé de l'autre côté, celui des cobayes. Et je ne l'accepte pas. Je veux trouver un antidote. Mais... depuis quelques temps j'avoue être en conflit avec moi-même. Cette saloperie de déchirure fait partie de moi. Si elle m'a causé beaucoup de tort, il n'empêche qu'elle m'a rendu plus fort. Je n'ai jamais été, je ne me suis jamais senti aussi puissant. Je nage dans le doute. Néanmoins, je continue à me battre pour réussir à comprendre les déchirures.
A-t-il été amélioré ? On peut appeler ça une amélioration oui. J'ai ce que le protochirurgien qui me l'a installé appelle un relanceur. Explications : mon petit cœur a parfois du mal à encaisser l'électricité présente dans mon propre corps. Du coup, j'ai un espèce de mini réacteur qui absorbe une partie de l'énergie et si par malheur mon cœur lâche, il le relance. C'est plutôt... désagréable, oui. Surtout qu'il lui arrive de déconner et vu les moyens des chirurgiens du coin, j'ai pas beaucoup d'autres choix que de rester comme ça.
Est-il familier avec la Matrice ? La matrice, c'est le grand kiffe. Non mais sérieusement. Vous vous rendez compte de la banque de données que c'est ? J'y traîne pas mal et j'ai développé quelques facultés en codage. Je m'y débrouille donc plutôt bien. Avant - dans ma vie d'avant - mon avatar me ressemblait beaucoup et je n'utilisais pas vraiment de pseudonyme... Aujourd'hui on me connaît sous le nom de TESLA et j'apparais rarement sous la même forme.
Suivrait-il des rumeurs ? Ca dépend de leur sujet. J'veux dire, qu'est-ce que j'en ai à foutre que Marie-Christine ait couché avec Franck qui était le meilleur co-équipier d'usine de Robert ? Mais étant donné que je suis toujours à l'affût d'une bonne affaire pour avancer dans ma grande quête du savoir, je garde toujours l'oreille tendue. On ne sait jamais, il vaut mieux rester prudent. Vous en savez quelque chose, je suppose.
Quel est le rapport de votre personnage à la résistance ? Mon Dieu ce qu'ils m'énervent. Ils se prennent pour des héros. A quand la cape rouge ? Je ne crois plus aux héros depuis longtemps. Et puis, je suis persuadé que Pinxit surveille leurs moindres faits et gestes. Si la Résistance représentait une menace, Pinxit Industrie les aurait déjà massacré, jusqu'au dernier. Les résistants ne servent à rien... si ce n'est que rassurer un peu la populace. Pinxit ne les laisserait pas exister s'ils représentaient une quelconque menace.

Nom de la déchirure: Électrokinésie
Description : Le doppelgänger maîtrise l'électricité. Il est ainsi capable de contrôler les flux présents autour de lui mais aussi d'en créer par lui-même. Il peut se défendre à l'aide d'arc électrique ou encore transférer l'énergie.
Inhumain : Niveau 3.
Tare: Si le contrôle de l'électricité demande déjà pas mal d'effort, en créer est une tâche éreintante. De plus, le doppelgänger n'est pas immunisé contre les chocs électriques : s'il n'y prend pas garde, il peut facilement se prendre une décharge ou encore se brûler. Il est aussi difficile de toucher le mutant sans s'électrocuter (surtout s'il est pris par surprise). Si cela est un bon moyen de défense, il n'en reste pas moins que la vie sociale du mutant en pâtisse. Enfin, le corps du mutant produit en permanence de l'électricité ce qui peut amener à quelques accidents, que ce soit avec le décor ou les autres êtres vivants. Cette tare se retourne même contre le mutant lui-même puisqu'il est obligé de se délester du trop plein d'énergie s'il ne veut pas s'auto-griller.
Durée : Le corps du doppelgänger génère en permanence un flux d'électricité. Ceci dit, pour qu'il puisse l'utiliser, il doit se concentrer quelques secondes et l'énergie est rapidement évacuée.
Portée et volume : Tout dépend du moment auquel vous rencontrez le doppelgänger : si celui-ci ne s'est récemment pas déchargé, les chocs électriques risquent d'être dévastateurs. Cependant, après cela, s'il se trouve éloigné de toute source d'énergie, le mutant est presque inoffensif.  

2014 Helen a commencé son existence dans la quiétude et la chaleur d'un foyer (plutôt) sain. Le genre de foyer dont la perfection cache quelques défauts sans pour autant divulguer l'horreur. 2014 à 2032 Les deux emplois confortables de ses parents permettent à Helen de vivre selon un niveau de vie plus que satisfaisant. Il ne manque jamais de rien et, s'il entend les cris de la misère au-dehors, il ne peut guère la voir. 2032 à 2037 L'enfant unique est plein d'avenir : on lui prédit une belle carrière ; c'est qu'il se montre doué et obéissant. Il part pour de grandes études dans le secteur de la biologie. Durant sa dernière année, Pinxit Industrie le repère. 2038 Pinxit l'engage. Helen a un peu hésité, d'abord il est vrai : après tout, avec le grade obtenu à la remise de son diplôme, il peut se permettre de regarder ce qu'il s'offre à lui. Mais ses parents et Lucille - ô douce Lucille - l'ont convaincu. Pinxit Industrie, c'est l'avenir. L'avenir de tout un monde, son avenir. 2039 La vie sourit à Helen ; un travail passionnant, une compagne devenue épouse aimante. Il ne manque de rien, vit à la citadelle et n'aperçoit que le désastre qui se passe sous ses pieds. Dans ses grandes idéologies il pense pouvoir changer le monde. Début 2040 La grande nouvelle lubie de Helen : les doppelgängers. Les mutations le passionnent - d'une passion qui dévore, d'une passion qui dérange. Cependant, un autre événement vient perturber son existence : il devient père d'une fillette qu'ils nommeront Clémentine. Helen s'écarte un peu ses recherches parallèles sur les doppels, faisant retomber les craintes que nourrissaient ses supérieurs à son égard. Fin 2040 Depuis quelques mois, Helen a ressorti ses essais de théorie sur les doppels. Ses supérieurs s'inquiètent un peu et décident de gentiment l'évincer de leurs principaux laboratoires de recherches. Pour ne pas créer de scandale et surtout ne pas frustrer un élément qui pourrait s'avérer encore utile, ils décident de lui accorder une promotion qui consiste à l'envoyer dans un camp de régression. C'est la douche froide pour Helen : il se rend compte qu'il a fauté tout en étant incapable de dire où. Mais ce qui le dérange le plus c'est que, même s'il ne doit pas vivre dans le ghetto, il devra y passer un certain temps de sa vie désormais. Il a entendu tellement d'horreurs au sujet de cet endroit. Il ne fait qu'y passer, au sein d'une navette hautement sécurisée par des gardes mais l'homme se rend bien compte du désastre humain qui se déroule derrière les vitres à moitié teintées de son transport. Mais ce qui le préoccupe le plus, ce sont bien sûr les camps de régression. Il est chargé de surveiller l'état de santé des dét... des patients. C'est un désastre. Il se rend compte de l'ampleur des dégâts. Il reprend ses recherches sur les gênes mutants, ses supérieurs lui laissant carte blanche maintenant qu'il est éloigné du noyau de l'entreprise. Helen refuse un premier temps les expériences sur les mutants avant de plier : on lui fait comprendre qu'une autre promotion serait beaucoup plus douloureuse. Mars 2042 Helen déraille complètement le jour où il comprend qu'il est un mutant. Depuis à peine une semaine, les appareils électriques déconnent en sa présence et le nombre de chocs électriques dont il a été sujet ces derniers temps est incroyablement élevé. Les témoignages récoltés des mutants le mènent tout de suite sur la bonne piste : il est des leurs. Il tente désespéramment de noyer le poisson mais 15 jours à peine après sa propre découverte, il est dénoncé par un collègue ayant lui-aussi détecté le problème. Estimé directement au stade de régression 3, Helen est imméditament mené dans un camp. 2042 à 2044 La nouvelle a tué Helen. Il désespère totalement et est vite déclaré aliéné. Les premières expériences sur sa personne n'aident en rien et les suivantes n'améliorent pas plus son état. Bien au contraire : Pinxit a compris l'incroyable utilité de son don - une source d'énergie potentiellement intarissable. Un temps, l'on essaye d'isoler ses gênes mutants pour mieux les saisir, durant l'autre on l'utilise pour alimenter une partie du labo. Helen devient définitivement dingue durant cette période : on le vide quasiment H24 de son énergie et ce d'une façon qu'il lui est insupportablement douloureuse. Chaque prélèvement est pour lui une véritable séance de torture et il y est parfois soumis plusieurs fois par jour. Helen dépérit à vue d’œil mais Pinxit Industrie le maintient en vie par tous les moyens. Helen se transforme en une coquille vide que l'on vient évider un peu plus à heures fixes. 2044 Helen rencontre Borris - de son vrai nom Yvan. C'est la première fois depuis longtemps qu'il aperçoit un autre être humain en-dehors du personnel - c'est qu'il a rapidement et étrangement commencé à massacrer ses co-détenus, les électrocutant dès qu'il avait récupérer un peu d'énergie. Il vous hurlera volontiers qu'il les a sauvés de ce calvaire mais, bien sûr, en abordant cette question, vous vous avancerez sur un terrain bien trop glissant que pour être maîtrisé. Mais l'homme est devenu si faible qu'on tente à nouveau la cohabitation - la version officieuse vous fera remarquer le manque de place affligeant. Borris secoue les puces de Helen, il triture ses nerfs à vifs. Le mutant réveille l'homme caché tout au fond de la carcasse de son co-détenu, alors qu'il avait pour seul but de passer un peu le temps. Cela permettra à Helen d'avoir assez de conscience pour déguerpir le jour où la Résistance explose son camp de régression. Du moins il tente. Exténué et faible, il s'effondre avant même d'avoir pu quitter l'établissement. Mais Helen a un peu de chance ; ramassé par les résistants, il se réveille dans une de leur cachette, ayant été soigné. On lui offre quelques vivres et de quoi sommairement se vêtir, on lui propose de rester mais Helen panique : la Résistance, il en est persuadé, est surveillée par Pinxit Industrie. Il se tire sans demander son reste. Cependant, le ghetto le bouffe rapidement ; ce sont les Halloweeners qui lui sont tombés dessus. Ce qui le sauve ? Borris. Il est des leurs. Reconnaît l'affreux et raconte aux autres les récits sanglants que l'on conte sur Tesla au sein des camps - un mutant devenu si fou qu'il tue même les siens. Cela les convint de le laisser en vie. Helen fait ses preuves de lui-même par la suite. De nos jours Les lubies d'Helen sont tenaces : il a gardé en tête ses projets de recherche sur les mutants. Sauf qu'aujourd'hui, il veut les aider. Ou au moins les comprendre. Il a quelques sujets sous la main - les Halloweeners avec qui il est toujours - et commence à avoir amassé un peu de matériel. Mais il lui faudrait un labo, il le sait et en recherche désespéramment un.

Dehors, le rien. C’est comme ça que j’ai décidé d’appeler le ghetto. Tout semble vide. Vide de tout espoir. Tout est si différent ici que j’ai l’impression d’avoir été envoyé dans une autre dimension. Je n’ai même plus l’impression de vivre. Je ne dors plus. Je ne mange plus. Je bois un peu d’eau sale avec l’espérance qu’elle ne m’empoisonne pas trop vite. Tout est mort par ici. Comment est-ce qu’ils survivent ? Je me demande surtout comme je survis. C’est égoïste, je sais. Mais tout le monde l’est ici. Des chiens enragés. C’est ce qu’il faut être si on veut résister dans le coin. Je suis mieux que ça. C’est ce que je me dis pour réussir à tenir.

J’ai un peu froid. Non. Je crève de froid. Je tremble au milieu du squat que j’occupe en tentant de raviver le feu s’éteignant tristement. Je jure un peu, regarde autour de moi après un peu d’aide. Mais il n’y a rien ici. Que la crasse et les ténèbres. Je ferme un peu les yeux. Sursaute à cause des images qui me reviennent. Je ne tremble pas que de froid. Les derniers mois me hantent encore farouchement. Un autre soubresaut, manquant de me faire tomber cette fois-ci, m’agresse quand une grande silhouette déboule devant moi. Mais j’ai vite fait de ne plus m’inquiéter : il s’agit de Boris.

- Hen, c’est toi…

Il se fiche un peu de moi. Boris rit beaucoup – il rit beaucoup de moi. C’est une espèce de gros barbare gigantesque à l’accent russe et à la gueule du gars qu’on voudrait pas avoir comme ennemi. Heureusement pour moi, on est dans le même camp. Il n’est pas très bavard. Mais régulièrement, je tente une approche.

-  Boris c’est ton vrai nom ?
- Bien sûr que non. Qu’est-ce que tu crois, que tous les russes s’appellent Boris ?

Je hausse doucement les épaules. Probablement que oui. Les stéréotypes s’enracinent vite.

- Mon nom à moi c’est Yvan.
-  Oh. C’est tout de suite moins russe ça.

Il a ce rire quasi démoniaque qui résonne comme une caverne lugubre. Ce genre de sonorité qui noie soudainement la pièce et s’y imprègne avec force. Si à l’instant je ne suis pas mécontent d’entendre l’hilarité de Boris, il n’en reste pas moins que je m’en méfie. C’est qu’il est un peu dingue. Enfin, non il est complètement dégénéré. Comme nous tous ici. Mais, si on oublie tout cela, il est plutôt sympa. Sans lui, je serai déjà mort. Et dans le ghetto, ça, c’est une sacrée preuve de sympathie.

- Y a quelqu’un pour toi.

Un sourcil s’arquant témoigne de mon intérêt soudain. Je sais que ce n’est pas quelqu’un de ma famille qui a gentiment pris la peine de retourner ciel et terre pour moi – je n’ai plus trop d’espoir à ce niveau. Mon intérêt est tout autre : le visiteur est forcément venu pour affaire. Et ça, a m’intéresse. Parce que c’est la seule chose sur laquelle je peux encore baser mon avenir. Me levant soudain, j’ai presque oublié le froid et la faim. J’attrape mon arme de fortune – une planche à clous, le top du top niveau défense – avant de me diriger vers la pièce d’à côté – celle qui fait office de… réception. Bien sûr, si ça dégénère, je peux compter sur ma déchirure. Mais je vous avouerais que je suis devenu un peu parano ces derniers temps : et si, soudainement, ma déchirure décidait de me lâcher, hein ? On ne peut pas faire confiance en ces choses-là. Il n’y a rien en quoi on peut faire confiance. Rien.

Arrivé dans notre superbe hall de réception, je tombe devant un archandroïd. Comment je le sais ? Parce qu’il est presque complètement déchargé. Ses mouvements sont lents et manquent de coordination. Et puis il y a sa joue qui déconne : elle frémit bizarrement, du genre bien flippant.

- Pourquoi t’es là ? Ne lâchant pas mon arme de fortune, je fixe notre invité. Il s’approche péniblement de mon être et me salue d’une façon beaucoup trop protocolaire.

- Eeeee… nergiiiiieuuuh…

Sa voix déformée et robotique me fait frissonner. Bon sang, tous ces films sur les robots tueurs me reviennent en tête à chaque fois que je croise un de ces archandroïds. Passant au-dessus de cela, j’acquiesce. C’est sans doute pas le moment de lui demander le payement ; la machine est sur les rotules et risque de s’écrouler d’un moment à l’autre.

- Bon. Si tu tentes quoique ce soit, je te grille les circuits. En dealer, j’ai pas l’air très crédible. Pourtant j’y mets du cœur. Je reviens. Bouge-pas.

Dans mon échine, je perçois le regard de Boris qui surveille la machine. De quoi me rassurer le temps d’aller farfouiller après mon matériel : c’est-à-dire un espèce d’adaptateur que j’ai bidouillé pour pouvoir recharger les robots. Eh ouais. Rien que ça. Les premières tentatives n’ont pas été très… concluantes mais c’est un autre sujet. Sans plus attendre, je rejoins mon client du jour et entame sa recharge. Ca prend un peu de temps, faut dire le bonhomme était vraiment en rade. Mais une fois à bloc, l’homme-machine semble plutôt content de moi. Il me remercie avant de farfouiller dans ses poches et me tend plusieurs tickets restaurant. La super monnaie du coin.

- Hey, essaye pas de m’arnaquer. Je suis devenu un super commerçant, c’est époustouflant. En fait, j’avoue, je profite de cette machine qui a l’air d’avoir été programmé plutôt naïve.

- Je peux vous offrir ceci. Sa voix reste tout de même un peu étrange, comme... mécanique. Le bonhomme me tend un briquet et un tournevis.

- Un briquet et un tournevis… Je hausse doucement les épaules. Okay, c’est l’affaire du siècle. Merci. Me saisissant des précieux objets (parce que dans le coin, oui, ils sont plutôt précieux), je suggère ensuite au client de se barrer fissa.

- Vous avez ma reconnaissance éternelle.

Haussant les sourcils face à cette réplique, je me contente de lui sourire, l’air un peu con. Boris se fout un peu de ma gueule avant de retourner à ses affaires. J’ai toujours faim. J’ai toujours froid. Et maintenant je suis fatigué en plus de ça. Mais j’ai de quoi survivre disons… au moins un jour de plus dans le ghetto ?