Âge au moment du décès: 20 ans Origines: Irlandaises Occupation: Ecouter Date de la réanimation: 23 février 2045 État actuel: Plutôt libre Clan: Aucun Traits de caractère: Apathique, il regarde le monde comme une absurdité : un ensemble superficiel et candide, dénigrant les Dieux et le savoir qu'ils apportent aux hommes. Il garde tout de même une curiosité presque ingénue, prêtant l'oreille à chaque parole prononcée, mémorisant mots et intonations. Il se permet de juger toute personne, s'autorisant même parfois un sourire glacial accompagné d'une remarque cynique ou sarcastique. Sa placidité ne tient qu'à sa situation nouvelle, l'incitant à se sentir détaché des événements réels pour n'être qu'un observateur silencieux. Bien que ce mort sache également émettre certains sons, comme ces mélodies angoissantes rappelant les chants anciens. Insensible au destin des hommes, il ressent durant quelques instants une tristesse profonde si le malheur touche un des siens. Enfin, ce qu'il fait ou vit lui importe peu, seul le savoir compte. Groupe: Zombie

Quels sont ses points forts?
Eisteacht William est capable d’identifier chaque son, de reconnaître une personne au bruit de sa démarche. Une oreille absolue complétée par une mémoire auditive parfaite. Straitéis Par habitude surement, il sait tirer profit de la plupart des situations. Malgré sa force plutôt faible et sa lenteur nouvelle, son sens de l'observation lui permet de tourner à son avantage certains combats. Le temps est un outil pour lui permettre d'atteindre son but. Discréideach Marbh Willy sait ne pas respirer, ne pas bouger, se dissimuler dans un silence et une immobilité durable. Mais également se fondre dans la masse, imitant les allures d'un homme tranquille. [A la limite du possible pour un mort bien entendu, drôle d'odeur par ici non?] Ses pas légers sont quasiment imperceptibles, seul le frottement de ses vêtements permet de l'entendre venir.
Et ses faiblesses ?
Riosca A quoi sert de protéger sa vie lorsque celle-ci a déjà prit fin? Il n'y a donc pas à hésiter, même si les chances d'en ressortir indemne sont nulles. De plus, ce n'est qu'en traversant les épreuves offertes par les Dieux qu'un homme, mort ou vivant, gagne sa place. Neamhshuim Jamais il ne lèvera le petit doigt de lui-même, tant que personne ne le lui aura demandé. Il se contentera d'observer avec une curiosité insensible le déroulement de la scène. Cuimhnigh Parfois, le passé rattrape son présent. Dans ces moments, des souvenirs lui reviennent si clairement que Willy croit réellement y être. L’inconvénient, c'est que pendant ce temps son corps reste totalement immobile.

A-t-il été amélioré ? Non
Êtes vous sensibles aux descentes ? Oui, durant cette période ce personnage effacé devient alors acide. Il se souvient précisément de ce qu'il était, du sang chaud qui coulait dans ses veines, du bouillonnement de sentiments qui l'ont aujourd'hui déserté... Une multitude de désirs sadiques le saisissent alors, l'envie d'agir sans réfléchir, de céder à l'absurdité du comportement humain. Le besoin, surtout, de laisser ressortir sa colère, ou plutôt sa peur de ne plus se considérer comme en vie.
Suivrait-il des rumeurs ? Non
Votre personnage est-il libre? et si oui, comment cela s'est-il produit ? La réelle liberté est de ne pas dépendre d'autrui pour survivre, donc non.

2025, Galway. Naissance du petit William sans complication, malgré sa petite semaine de retard , à la grande joie de ses parents. Quelques jours plus tard, des affrontements ont lieu un peu partout en ville, Julia et Ailean O'Connor s'inquiètent de la situation. Voyant que les tensions et la violence ne faisaient qu'augmenter, la petite famille préfère quitter la ville pour rejoindre l'arrière pays. Ils s'installent dans un petit village d'une centaine d'habitants où ils dégotent un lopin de terre.
2030, Rosscahill. Ailean se rend avec son fils dans les alentours de Galway, afin de vendre une partie de sa dernière récolte sur un marché « sécurisé ». Surveillé du coin de l’œil par son père inquiet, le petit garçon de 5 ans s'en va en riant jouer avec quelques enfants. Une minute d’inattention suffit, le gamin se fait entraîner en dehors de la zone. C'est un piège, les autres enfants veulent l'échanger contre de la nourriture : première bagarre seul contre trois. A la surprise de tous, y compris de lui-même, William réussit à s'en tirer et revient couvert de blessures.
2031, Teach. Julia refuse une fois de plus de laisser son fils accompagner son mari au marché. Willy disparaît alors durant une semaine, avant d'être retrouvé chez le vieux Jo', hurlant de rire. Il aurait mené une petite guerre contre des enfants plus âgés qui volaient les légumes du grand-père. Ce dernier le récompensa par ses vieilles histoires de marin. Malgré sa bêtise, le jeune garçon n'a pas été puni : Ailean est revenu en sang, totalement nu, les mains vides. Leurs maigres récoltes ont été volées par des affamés. Voyant le danger se rapprocher encore, les O'Connor reprirent la route.
2032, sur la route. Après avoir errés des mois durant à la recherche d'un endroit calme, après avoir dû se défendre contre des brigands, après avoir tout perdu, après s'être retrouvés entre deux feux... Après maintes épreuves, les parents de William se résignèrent à se rendre chez le père d'Ailean, malgré leur réticence.
Baile an seanathair C'est par un jour de pluie qu'ils arrivèrent dans cet étrange village. Il était fortifié et très bien organisé. Tours de gardes, cultures intérieures, écoles et religions semblaient être le rythme quotidien des habitants. Le père d'Ailean, Adnae, faisant partie des anciens, ils purent sans encombre les rejoindre. Immédiatement, un rôle leur fur donné. Julia dû s'occuper des cuisines, tandis que son mari prit la route des champs. Willy fut envoyé prendre des cours. Il ne tarda pas à se faire remarquer, sa mémoire le faisant évoluer bien plus vite que les autres enfants. Le petit fut alors naturellement désigné pour faire partie des aspirants druides : ceux qui protègent le savoir. A partir de cette année, baigné dans la religion ancienne et tenace des celtes, William évolua. D'élève à apprenti, d'enfant à homme, de protégé à protecteur.  
2041 Lors d'une attaque soudaine du village, William participa activement à la défense, allant au corps à corps avec un ennemi désorganiser, tentant le tout pour le tout de s'emparer des biens conservés en ce lieu. Cependant, son père était alors à l’extérieur dans les champs. Il fut abattu comme un lapin, avant que son corps ne soit emmener par les attaquants. Le cannibalisme semblait revenir au goût du jour. Julia mourut elle aussi ce jour-là, victime de son courage. Elle tentait de protéger les enfants face aux envahisseurs ayant pénétré à l'aide d'explosifs artisanaux. Ce n'est qu'à la fin de la bataille que Willy comprit ce qu'il avait perdu. Lui qui était de nature joyeuse devint sujet à la colère et à la violence. Seuls ses moments d'apprentissage calmait ses nerfs.
2043, sur la route Après avoir perdu le village une année plus tôt et dû, entourés par des protecteurs, suivre le cortège des gardiens du savoir vers la côte est, ce fut au tour d'Adnae de quitter William. La fatigue d'un tel voyage était bien trop épuisante pour un vieillard. Avant son dernier soupire, il fit promettre à son petit-fils de protéger ce qu'il avait appris et de trouver ceux qui font de même. Il se rappela d'un nom, d'un ami qu'il avait bien avant que tous liens soient couper avec l'Angleterre : Stuart. Il devait rejoindre les Stuarts pour apprendre encore. Les Dieux ont donné aux O'Connor la mémoire, à eux d'être digne de ce présent.
Fin 2044 Sur la route, le groupe a été attaqué par une meute de chiens affamés. Durant la bataille à laquelle Willy participa, il se fit mordre. Peu de temps après, notre ami peinait à déglutir. Son affaiblissement commençait. Il mourut quelques semaines plus tard de la rage, après avoir été plongé dans le coma. Désespérés face à la perte d'une si grande quantité de connaissance, ses compagnons utilisèrent leur dernier atout : un cocktail de drogue qu'ils avaient en leur possession. Ils en connaissaient les effets, mais en ignoraient les conséquences.
2045 Après s'être réveillé, William se leva et partit sans un mot. Plongé dans un délire, persuadé d'être porté par Dagba, William entreprit de traverser la mer.

Cette sensation de froid agrippait ses os tandis que la sueur s'écoulait sur son front. Comme si la glace et le feu s'entremêlait, plongeant son esprit dans une brume inconsciente. Un mal-être dont il ne trouvait l'origine. Ses muscles se crispaient sous cette pression, subissant les effets d'un moment infernal. Du haut de la palissade protégeant le village, il vit les champs à travers la fine bruine matinale. Figé dans le début d'une lutte qu'il savait sans fin, il sentit l'angoisse monter en lui comme un fléau. Enfin, il aperçu le groupe d'homme sortir des bois. Il entendit leurs hurlements de guerre, un peu trop tard, ne parvenant même plus à percevoir son propre cri d'alerte. Il regarda le corps sans vie de son père tomber au sol, s'affaissant sur la terre humide qu'il labourait peu avant.
Son cœur s'emballa. La colère montait maintenant en lui, ajoutant à cette fièvre nouvelle une violence qu'il ne connaissait pas. Ses mains discernèrent le contact froid du pistolet et de l'épée, resserrant leur étreinte sous l'influence d'un tourbillon de pensées. Ses pieds palpèrent le sol à la recherche d'appuis, tentant de se mouvoir avec rapidité. Son regard saisit le premier adversaire, puis sa propre arme pointée sur lui à bout portant. Alors que ses oreilles percevaient la détonation, sa peau ressentit la chaleur poisseuse du sang l'aspergeant. Son menton frémit sous la douleur soudaine d'un coup de poing, sa langue perçut un goût de fer. Son bras se tendit alors, jetant sur son nouvel opposant sa lame.
L'obscurité de la rage prit possession de son esprit. Puis l'odeur âcre d'un combat fini remontât à ses narines. Le corps de sa mère gisait sur le pas de la porte, protégeant encore les enfants en pleurs. Ses yeux restèrent fixés sur cette gorge tranchée, tandis que son âme se perdait de nouveau dans les méandres de la tristesse. Sa gorge sentit remonter la bile acide de son estomac.

D'un geste brusque, William se redressa sur son lit, déversant sur ses genoux une vomissure infecte. Apeuré, il jeta en tout sens un regard empli d'incompréhension. Il ignorait ce qu'il faisait là, au milieu de ces quelques vieillards et de son ami. Frissonnant, la malade perçu derrière un voile les mots que ces hommes lui portaient.
La voix de son compagnon d'arme. Un frisson glacial saisit chacun de ses membres.
Le timbre tremblant du druide. Il lui sembla que tout tournait autours de lui.
La prononciation mélodieuse de l'ami de sa mère. Une goutte s'écoula parmi d'autres sur un front brûlant.
Le son de reproche venant du complice d'Adnae. Soudain vidé de ses maigres forces, le corps inerte de Willy s'affaissa de nouveau sur son lit de fortune.

Un silence profond entourait le moribond, tous l'observait avec tristesse. Un grand homme était sur le point de mourir, et l'ambiance froide et brumeuse ne faisait que le confirmer. Son cœur se serra à la vue de son bien-aimé grand-père, guide dans sa découverte du monde et des Dieux, dont le visage se creusait de douleur. Il lui semblait voir ses os à travers sa peau balafre. Pourtant, un vague sourire demeurait sur ses lèvres. Sa respiration sifflante ponctuait l'attente désarmée des voyageurs, comme une mélodie triste et saccadée.
Soudain, le vieil homme leva la main, invitant avec peine son petit-fils à s'approcher. Il susurra : « Tu dois promettre... Willi...am, de conserver tout ce que... »  Il déglutit difficilement. « je t'ai appris et que tu apprendra encore... Tu dois promettre de retrouver... Stuart, mon vieil ami de l'autre coté... des mers... Tu dois promettre de savoir... » Sa voix mourut en même temps que lui. Willy sentit les larmes envahir ses joues. Il se revit s'agenouiller et promettre, promettre encore, jusqu'à ce que quelqu'un le force à se relever puis partir. Ses yeux se fermèrent sous l'attraction, et l'obscurité se fit.

Le froid ne le gênait plus, il se laissait porter par un repos nouveau, un oubli de lui-même. Une chanson douce s'éleva, berçant et guidant son esprit. Il lui sembla tendre le bras, puis plus rien. L'apaisant néant.
Pourquoi sentait-il de nouveau le froid ? Non, pas vraiment le froid. Plutôt une fraîcheur enivrante tirant ses muscles, conduisant son sang. Quel étrange sentiment. Il se savait mort, ses délires l'avaient suivit dans son agonie. Pourtant, une chose le poussait à ressentir encore le monde. Deux mots tournaient dans son esprit, William cherchait en vain une signification à leur présence. Ses lèvres sèches remuèrent, tentant d'articuler. Il sentit un spasme maladif prendre possession de son corps, suivi d'une toux éreintant sa gorge. Consciemment, le cadavre se leva sur ses pieds, prit quelque instant pour reprendre équilibre sur ses muscles affaiblis, puis ouvrit enfin ses yeux.
Son regard vert couvrit la salle et les visages surpris des hommes qui l'entouraient. Aucune énergie ne parcourait son corps, comme si son âme y était restée accrochée par la force de cette glace poussant ses nerfs à réagir malgré leur fatigue. Un instant, le mort demeura fixé sur ses mains bleuâtres, dont les veines ressortaient étrangement. Non pas pour constater son état, il l'avait deviné, mais pour chercher dans son esprit une cohérence quelconque. Pour la première fois de sa vie, non, elle était finie cela n'a plus de sens. Pour la première fois de son existence, ses oreilles étaient closes aux paroles prononcées par autrui mais ouvertes aux siennes.

Dagba, pourquoi ne m'as-tu pas laissé rejoindre le monde des morts ? J'aurais pu te conter sans fin les prouesses de mes pairs. J'aurais pu te montrer la grâce de leur courage, te faire vivre la puissance de leur résistance, comme un homme. J'aurais pu boire en compagnie de mes ancêtres, apprendre de leur vie et de leurs peines, comme un homme. Comprendre les défunts n'a aucune importance, mais n'est-il pas un choix acceptable pour mon repos ?
Des gestes brusques ponctuaient ses propos, qu'il n'avait d'ailleurs pas conscience de former à l'oral. Il vit sans voir les larmes couler sur les joues de son ami, ayant participé malgré lui à sa situation. La violence, la colère, la peine et la perdition occupaient bien trop son esprit pour se soucier des quelques personnes présentes. Il ne les ressentait même plus, ils n'appartenaient plus au même monde.

Ô Dagba, quel dessin te pousse à me faire vivre malgré ma mort ? Ce savoir dont on ne cesse de me parler, cette capacité que les Dieux m'ont donné est une malédiction. Tu as décidé de faire de moi un fantôme pour ne plus choisir ma destiné, tu as choisis de faire de moi un monstre inhumain. Je ne peux vivre auprès des vivants, ni reposer auprès des morts. Dois-je abandonner l'oubli de tous ces mots pour céder à l'errance ?
Soudainement, William se tut. Comme si l'évidence avait ôté toute envie de résistance. Un nouveau but était construit, si tel était celui que les Dieux avait choisi. Il se mit en marche, repoussant avec force toute personne s'opposant à lui. Abrutis par cette réaction imprévisible, ses anciens compagnons ne purent que l'observer s'enfoncer lentement dans les vagues agitées. William ne tarda pas à disparaître sous les eaux salées de la mer d'Irlande.    

Dans un premier temps, il fut intrigué : l'eau n'était pas froide. A vrai dire, il la sentait à peine humidifier ses vêtements de fortune. Comme si ses sens s'étaient réduits à interpréter chaque signal comme un simple contact. Il était capable de percevoir les flux d'eau s'enroulant autours de son corps, la pression acérée des rochers sur lesquels il marchait, mais pas la douleur. Son esprit n'était donc pas fou, il avait été ramené à la vie pour braver cette mer. Lui qui ne pouvait le faire vivant, il profitait maintenant de sa mort pour le réaliser. Quitter un pays en guerre constante pour découvrir ce qui se déroulait de l'autre coté. Peut-être que son grand-père avait raison, peut-être les celtes demeuraient encore là-bas. Et Dagba lui avait donner la chance de respecter sa promesse.
L'eau s’engouffra alors dans ses poumons. Une gène résultant d'une existence éteinte : son corps continuait à respirer comme par réflexe, alors qu'il n'en avait plus le besoin. Laissant ses pas le guider vers les profondeurs, les yeux de William se fermèrent. Son esprit se tourna vers sa chair, vers ses nouvelles capacités, vers son nouveau contrôle. Il repéra les muscles activant le gonflement régulier de sa poitrine, sentit le flux glacé qui les parcourait. Une simple pensée suffit à stopper leur fonctionnement. Plus de respiration, plus de contrainte, plus de dépense inutile. Ses iris verts se découvrirent juste à temps pour apercevoir un banc de poisson s'enfuir à son approche. Il se situait environ à une dizaine de mètres de profondeur à présent, plongé dans une forêt d'algues brunes dansant telles des arbres au vent. La vie fourmillait autours de lui : les oiseaux s'étaient transformés en poissons, la mousse en épiphytes... Seuls les escargots demeuraient encore. Un vague sourire se dessina sur son visage, alors qu'il s'enfonçait aussi lentement qu'eux vers les abysses.

Peut-être était-ce l'obscurité naissante, la force du courant de plus en plus violente ou encore la distance le séparant de la surface... Mais il paraissait évident que son cap avait largement dévié depuis son départ. Sa progression se faisait de plus en plus difficile, malgré  l'espace dégagé qui se trouvait devant lui. La forêt de laminaires était loin derrière à présent, les flux d'eau qui le pressaient auparavant vers sa gauche le poussait dans le dos. Son cap n'était plus vers l'est, mais vers le nord. Pourtant, malgré la puissance de ce corps ramené à la vie, lutter contre une telle résistance était impossible. Sa colonne vertébrale se courba, ses mains s’agrippèrent au sol puis il changea de direction.
Essaya, du moins. Sa tentative fut réduite à néant par l'apparition soudaine d'un animal, in-identifiable dans un premier temps. Seule une nageoire caudale se distinguait par instant dans la brume d'une mer agitée. Les particules remises en suspension par les mouvements de l'irlandais lui bouchaient la vue, mais ses sens percevait le bruissement léger d'un animal en mouvement. Ce fut à cet instant que William se rendit compte de l'odeur putride que dégageait son corps. Sortant soudainement de l'obscurité, une petite lumière puis des dents acérées apparurent. Bien que surpris, aucun réflexe ne lui permit de réagir : la mâchoire d'une baudroie monumentale s'enfonça dans sa chair. Sous le choc soudain, il lâcha prise avant d'être emporté par le courant en compagnie de son agresseur. Les tourbillons marins les faisaient danser dans la colonne d'eau, un balai brutal dénué de grâce.

L'animal affamé maintenait encore son étreinte quand il lui asséna un premier coup. Il observa son ennemi s'éloigner emportant un morceau de sa chair, comme s'il fuyait cette réaction inattendue. Son sang, encore liquide, se propagea formant un brouillard aveuglant. Pas de douleur non, mais une sensation de manque. Ses mouvements n'était que plus difficiles, sûrement dus au trou béant décorant la partie gauche de son abdomen. Déconcerté, ses bras voulurent dissiper le liquide poisseux par des gestes brusques. L'un deux toucha de nouveau l'animal, lui portant involontairement une taloche. Le contact râpeux de cette peau lui fit faire la grimace, avant que ce fichu poisson ne s'enfuisse de nouveau. William attendit avec calme, mais rien ne revint à la charge à son grand étonnement... Le haut, le bas, tout se confondait. Aucune lumière ne parvenait plus à notre ami, il se contentait à présent de dériver. C'était plutôt agréable de se laisser porter par la mer, bercé par les sons sous-marins. Une intuition peut-être, mais il lui semblait que c'était mieux ainsi, lutter ne servait à rien. Après tout, cet homme était mort.
Sans bouger, il songea soudainement à sa situation. Peut-être sortait-il du tournis de la résurrection, mais une sensation d'absence naissait dans son ventre. Depuis combien de temps dérivait-il ? Un raclement sourd parvint à ses oreilles, mais son attention était ailleurs. L'image de sa personne vivante revint à la charge, le souvenirs des camés également. Une colère sourde l'empli quand il comprit que ce n'était pas un simple miracle des Dieux, mais une drogue qui l'avait ramené là. Ses « amis » l'avaient condamnés, et Dagba avait accepté. Lui qui était un homme plein de vie et d'espoir, il était à présent réduit à un cadavre se mouvant sous l'influence de divers produits. La mort aurait été plus douce, qu'avait-il dont put faire pour mériter ce traitement? Son espèce était pitoyable par son imagination destructive. Ce monde futile sentait bien plus mauvais que les corps en putréfaction.

Ses pensées furent écourtées par un emprisonnement soudain. Stoppé dans sa dérive, le corps de William était maintenant au milieu de poissons effrayés, serré dans cette foule inattendue. Le fouet des nageoires s'abattait sur son visage, alors que tout ce beau monde se faisait traîner vers la surface. Un bateau de pêche. Une chance agaçante. Alors que le filet était remonté sur le pont du navire, l'irlandais fit le mort. La surprise bruyante des marins ne tarda pas à se faire entendre.
Les yeux clos, William repérait la position des ouvriers au son de leurs respirations saccadées, et celle de leur capitaine à sa démarche nonchalante. Cette dernière se rapprocha de son corps inerte, qui se fit retourner d'un mouvement de pied. Un regard dégoutté de posa sur lui. Encore un de ces hommes à l'âme si noire qu'on pourrait recouvrir les cieux avec son sang. Lui aurait mérité de mourir.
Les marins murmurèrent quelques paroles de contestation, mais furent vite rappelés à l'ordre. Des êtres pitoyables, n'ayant même pas assez de tripes pour s'opposer à un idiot. Le monde n'était donc plus peuplé que de cette espèce puante d'ignorance ? Deux d'entre eux s'approchèrent, dans l'objectif de le saisir les membres. Les autres matelots retournaient à leur occupation, marmonnant des paroles superstitieuses, comme à leur habitude. Alors qu'une main s'approchait de son bras, William réagit. Saisissant un arme flanquée dans le pantalon d'un de ses porteur, il se releva pour les mettre en joue. Un sourire démoniaque s'installa sur son visage, tandis que ses yeux s'enflammait de haine. Ils vivaient, pas lui. Son doigt appuya sur la détente. Violente, cette première redescente...

Deux jours plus tard, le navire fantôme s'échoua près des côtes de Glasgow. Quelqu'un se risqua à explorer la carcasse, pour découvrir nombre de poissons frais, mais également des corps ensanglantés en décomposition. Sur un des panneau du bateau était écrit en lettre de sang « Les Dieux donne la mort à ceux qui ne la respecte pas. » Ce curieux s'en alla rapidement, affirmant que ce bâtiment était maudit... La bêtise humaine...