"[...] l'ouragan a frappé vers minuit, faisant céder la plupart des digues construites depuis Katrina, ravageant ainsi une Nouvelle-Orléans déjà meurtrie. Les autorités s'emploient à venir en aide à la population locale dont les habitations ont été gravement touchées et à lister les individus portés disparus. Aucun chiffre n'a été communiqué pour l'instant mais l'on estime qu'ils seront beaucoup plus importants que ceux de Katrina qui avait déjà coûté la vie à 1836 personnes et le foyer de 141 500. Nous retrouvons notre correspondante [...]"

Il n'écoute déjà plus la télévision — il voit déjà le drame par sa fenêtre. Sa nuit fut blanche, son portable ne cesse de sonner. Il sort dans la rue et n'entend que cris, ne voit que larmes, ne conçoit que chaos. Les âmes sont brisées tout comme les vitrines des magasins, les pare-brises des bagnoles, les rêves des gamins. Il assiste impuissant durant les semaines suivantes à : la criminalité en hausse (vandalisme, pillage, règlements de comptes), l'hémorragie de la population (déménagements, meurtres, suicides), la corruption des services de police (laxisme vis-à-vis de la prostitution, rackets des dealeurs, gardes à vues arbitraires). La Nouvelle-Orléans expérimente l'Apocalypse. Quelques quartiers, souvent les plus épargnés de l'ouragan, offrent encore l'image d'une ville saine — qu'importe en réalité tant les désirs inavoués de l'être humain ont désormais pris pour refuge la Louisiane.