TÉMOIGNAGES DE PROCHES DE CHIMRIA.
vision de feu M. Nassi : « j'avais déjà choisis le nom de mon premier enfant avant même qu'elle ne naisse. Ma femme et moi misions sur une fille et nous étions tellement certain de notre coup que nous nous sommes mis d'accord sur son prénom. Hannah, choisi par Ava. Et le mien remplis d'un sens caché, le mien. Je suis un exorciste et malgré la rencontre avec ma femme, je n'ai jamais cessé mon activité. De toutes façons, quand on est exorciste, on ne se met pas à la retraite. Chimria. Cela veut dire littéralement Garde de Dieu. La religion était en quelque sorte ce qui sauvait ma vie. J'ai toujours sut me remettre sur ma croyance et je savais que je saurais transmettre ce savoir à ma petite fille. Elle était une enfant parfaite. Silencieuse, curieuse, son intelligence se démontrait par ses yeux d'une pâleur exagérée, cherchant toujours à tout comprendre. Je ne regretterai jamais Chimria, responsable, fière et surtout suivant la bonne voie, je lui remis mon Tefilin sur mon lit de mort. Je me rappelle ses larmes qui coulaient de ses prunelles, alors que ma petite fille ne pleurait jamais. Même lors de la mort de sa mère alors qu'elle n'avait que 9 ans. Je suis simplement reconnaissant d'une dernière chose avant ma mort, d'avoir pu observer Chimria prendre les rennes en prenant soin de sa soeur, Niva. »

vision de Niva, soeur de Chimria: « on la disait sorcière. Du moins, c'était tout ce que les gens autour de nous lui hurlait quand on passait dans la rue. Il fallait faire attention et mon père s'en chargea jusqu'à sa mort. Mais moi, je savais que Chimria était spéciale, douée de dons qui lui avait été transmis par notre père. Je ne suis qu'une simple humaine sauf que je suis au courant de ce qui se passe dans notre ville malfamée. Je ne serai jamais assez reconnaissante envers ces gens, les exorcistes qui passent leur vie à essayer de rendre le monde meilleur qu'il l'est. Je la protégeais, ou du moins je répondais fermement à ses médiseurs. Ils ne la connaissaient pas. Chimria est forte et c'est elle qui prit la place de maman quand elle est morte. Elle m'a montré la voie, comme papa l'avait fait. Je ne pourrai pas lui rendre ce qu'elle a fait. Elle m'a sauvé la vie, alors que je n'avais que treize ans et elle seize. »

IL PARAÎT QUE L'HISTOIRE FAIT UNE VIE.

Mon coeur battait à mille à l'heure et je croyais bien ne jamais avoir été aussi apeurée que ça dans toute mon existence. Les objets virevoltaient derrière moi lors de mon passage, mes pieds percutant durement l'asphalte au rythme de ma course. L'air qui sortait de ma bouche sortait par effluves irrégulières et formaient une brève brume. J'arrivai enfin devant l'immense bâtisse noire surmontée de divers signes religieux distincts, une croix, une Torah, un bouddha, etc. De mes deux poings, je cognais fermement sur la grande porte en faisant un grand bruit métallique. Une voix grésilla jusqu'à moi, pour demander ce qu'une jeune fille de seize ans pouvait faire dans un tel état. « Vite! Je vosu en prie, c'est ma petite soeur, Niva. Elle est possédée! Vous devez m'envoyer quelqu'un! Mon père Hashim Nassi est sur son lit de mort, il n'a rien pu faire! » Et puis plus rien, mes genoux flanchèrent et les larmes se déversèrent de mes yeux. Je ne pleurais jamais d'habitude, mais depuis la maladie de papa et maintenant la possession de Niva me tuait, de toutes les manières possible. Quelques minutes passèrent et la porte s'ouvrit enfin, laissant passer un assez jeune homme à l'allure froide et incroyablement majestueuse. Mes prunelles rencontrèrent les siennes et je crois qu'il eut pitié de moi. Il se pencha pour me prendre dans ses bras et me demander où aller. C'est la première fois que je rencontrai Karadaan, le deuxième homme le plus important dans ma vie après mon père.


J'avais réussi. Un sourire d'ange s'évertuait sur mon visage depuis des heures maintenant. Je devais terminer mes cinq ans passés près de Karadaan dans trois semaines et j'avais réussi à percer ses barrières au dernier moment. Depuis mes seize ans, je le voyais comme un vrai mentor, mais plus que ça. Il était fort, brave et n'avait pas peur de mettre sa foi de Dieu avant tout. Il était impassible et pourtant il avait décidé de me prendre sous son aile. Il était là lorsque j'avais le plus besoin d'une présence masculine; lors de la mort de mon Père. Les gens du Consortium savaient que j'avais énormément de potentiel et l'exorciste de ma soeur m'a décidé à rejoindre leur rangs. Seulement s'il voulait bien me prendre lui, comme apprentie. C'était un soir comme les autres, froid et maussade, mais nous avions passé une bonne journée. Nous avions démolis deux succubes et un démon. Épuisée et vu l'heure tardive, il m'a proposé de dormir chez lui. Ça aurait put être déplacé si Karadaan n'était pas l'homme le plus prude qu'il soit. J'avais essayé plusieurs fois auparavant de briser sa carapace puisqu'il était le seul homme à ne m'avoir jamais fait cet effet. Ça faisait plus de quatre ans que j'attendais, à moitié dénudée à dormir dans son lit alors qu'il dormait sur son canapé. Cette fois-ci, je décidai que je devais agir et c'est moi qui me suis levée. Je lui avais caressé doucement son visage et il c'était réveillé, en sursaut me retenant fermement le poignet. S'asseyant brusquement, nous étions à quelques millimètre l'un de l'autre. Il était furieux, je le voyais bien, mais il ne me repoussa pas. Mes lèvres percutèrent les siennes en une violence nouvelle, terrifiée à l'idée qu'il ne se réveille avant que j'en ai le temps. Le plus étrange dans tout ça je crois, c'est lorsqu'il répondit à mon étreinte, me démontrant une fois pour toutes qu'il était bien comme je l'imaginais. Ou pas. J'étais loin de m'imaginer que tout ça se retournerait contre moi. J'arrivais au Consortium le lendemain matin et on me convoqua. « Cohen a décidé que votre enseignement était terminée. Vous devenez indépendante à partir de cet instant. » Mon coeur brisé en mille morceau, je ne montrai pas la douleur que ces mots me causaient. Il n'avait pas le droit, il nous restait encore trois semaines ensemble. Je me rendis furieusement à son appartement, buttant contre un endroit vide et désolant. Sérieusement, jamais un homme ne put se percer un chemin dans mon esprit que lui.


J'avais laissée mon apprentie au Consortium parce que j'avais besoin de cette sortie nocturne, seule. Le monde s'effondrait partout autour de moi, heureusement je savais toujours me contenter des choses de la vie. J'étais heureuse exerçant un métier que j'adorais et qui m'inspirais. Je partageais mes enseignements pour la première fois avec quelqu'un, une jeune femme. J'aurais cru ne jamais arriver à ce stade, refusant obstinément les demandes du Consortium qui savait à quel point je pourrais être une bonne mentor. Il m'avais fallu 17 ans pour me décider. J'avais trop souvent comptée pour les autres, j'avais été tout pour Niva, comme elle était tout pour moi. Je n'avais pas besoin que quelqu'un d'autre s'accroche à moi. Mais maintenant, c'était fait et comme toujours, j'avais envie de la protéger. Elle devait dormir, à cette heure tardive. D'autant plus que je l'avais poussée toute la journée à essayer de me battre. Ça m'avait amusé, sauf que pour l'heure, aucun sourire n'affectait sur mon visage comme à toutes les fois que je revêtais en quelque sorte mon costume d'exorciste. Impassible, je parcourrais les rues à la recherche d'un démon qui s'en prendrait galamment aux plus faibles. Je serrai mon manteau contre moi et replaçai amoureusement mon Tefilin correctement sur mon bras. Un ricanement attira mon attention. J'étais dans une ruelle sombre, transversale à une rue plus passante. Quelqu'un était tombé dans le panneau. Je souris avant de me retourner, l'air effrayée sur le visage. C'était si facile. Il se sentait supérieur et je jouais le jeu, c'était le moment que je préférais. J'étais la seule à savoir que c'était uniquement moi qui avait l'avantage. « Hey poupée, tu devrais savoir que c'est dangereux de te promener seule à cette heure... » Sale petit pervers. Je laisse échapper un sifflement et le laisse s'approcher. Il me plaque contre le mur et durcit le ton de sa voix. « Quelqu'un t'as coupé la langue salope ?! » Il a sa main contre ma gorge et je sens une chaleur s'en échapper. Il joue avec le feu, littéralement. Cette fois-ci je ne peux pas me retenir et un sourire en coin s'évertue tranquillement. Il est surpris et j'en profite pour lui murmurer: « Je suis heureuse de t'apprendre que ce sera la dernière voix que tu entendras. » Je n'entendis pas quelqu'un s'approcher. Il était trop tard, une lumière vive s'échappa de la boite à mon bras et c'est moi qui leva la main contre la gorge du démon, lorsque celui-ci essaya de se débattre. Geste futile, puisque l'effet de mon arme était plus puissante que la plus sombre de ses pensées. Au lieu de me réjouir du moment, c'est quelque chose d'autre qui pointe le nez. Un pistolet, braqué sur moi. Un homme avec les yeux probablement aussi clairs que les miens me regarde. Apparemment, il n'a pas l'air d'aimer ce que j'ai fait avec ce démon. Peut-être était-il son ami? Je n'en sait rien. Il allait appuyé sur la gachette, alors bien entendu son arme virevolte dans les airs en un éclair. Je penche la tête sur mon épaule et lui souris franchement. « Désolée mon beau, mais c'est pas ce soir que Dieu a prévu ma mort. » Et avant qu'il ne puisse esquisser un autre geste, j'utilise l'arme qu'il pointait sur mon contre lui, en lui abattant sur la tempe pour me laisser le temps de déguerpir.