Grises mines

Iona & Ash

Un trou noir plein de poussière où s’engouffrent chaque jour des hommes et des femmes, quelques uns ne sont plus en vie, des revenants ramenés à la vie par de la drogue, doté de casques, de lunettes de protections, un simple bout de chiffon sur la bouche et le nez, et ils s’enfoncent chaque jour dans les entrailles de la terre à la recherche de minéraux qui serviront à la construction de créature pareil à lui. Ce truc, c’est une machine, une technologie unique, qui fait de lui une créature plus forte et plus véloce qu’un humain. Il pourrait massacrer ces pauvres ères s’il le voulait. Autrefois, on aurait attendu de lui qu’il le fasse, s’ils avaient manifesté un gêne mutant, une menace pour Pinxit, mais aujourd’hui, il les protégeait dans les entrailles sombres de cette terre devenue inhospitalière. C’était sa massive carrure de métal qui pouvait les protéger en cas d’attaque des pillards, tous n’avaient pas passer un accord, tous n’étaient pas dépendant du syndicat, et les mineurs en sortant de leur trou restaient des cibles faciles. Il était aussi capable de dégager en cas d’effondrement les blocs de pierre à condition bien sûr qu’il soit à l’extérieur. Ce qui n’était pas toujours le cas. Pas quand ce qu’on extrayait résistait.
Ce matin là, deux mineurs étaient ressortis, minuscules, ayant la taille d’enfant, et guère plus âgés, ils venaient prévenir la chef, autrement dit Iona, propriétaire, sauve, et centre du monde de la machine qui opérait ici même, qu’un morceau de minéral trouvé était d’une taille massive et l’extraire pouvait être à la fois dangereux et surtout menacer l’équilibre précaire souterrain. Ils voulaient l’aide de leur chef, ainsi que de la machine qui la suivait partout. Bien entendu, Iona ne réfléchi guère longtemps, ces hommes usés par un travail dangereux avaient besoin qu’elle leur répondre positivement, ils avaient besoin d’elle, et de ses ordres, car c’était son boulot, de prendre les décisions compliqués, et Ash suivit car il n’avait guère envie de la laisser courir le moindre risque à l’intérieur. Pendant qu’ils s’acheminaient vers la galerie où se trouvait le minéral, Ash écoutait les deux adolescents s’extasier sur la taille du caillou qu’ils avaient trouvés. Déjà ils songeaient à la somme confortable qu’ils allaient en tirer. Car Pinxit récompensait les efforts et payait ces mineurs au poids de ce qu’ils extraient, et non en terme d’heures ou de jours. Les salaires variaient ainsi selon leur capacité à trouver du minéral. Aussi un tel caillou avait de quoi les pousser au zèle.
Quand ils arrivèrent, une pioche dépassait de par son manche du sol, et se trouvait coincée sous la pierre. L’homme qui tenait la pioche s’en empara afin de soulever le caillou pour montrer sa taille monstrueuse. Mais aussitôt fit-il le moindre geste qu’un sinistre craquement retenti. La seconde d’après le souffle les plaqua au sol tandis que la terre grinçait et se secouait. La machine rattrapa Iona avant qu’elle ne tombe et la protégea des projections de son corps de métal. Il leva une main pour soutenir le ciel de la mine qui pouvait s’effondrer à chaque instant mais celui-ci, au-dessus de leur tête, sembla résister. Ash en fut rassurer. Il n’avait pas la moindre idée de combien de temps pourrait tenir Iona si le ciel s’effondrait juste au-dessus d’eux. Quand l’effondrement s’arrêta et que la terre cessa de gronder, il se redressa et regarda autour d’eux. Il faisait noir comme dans un four car les lumières s’étaient toutes éteintes. Il attrapa une lampe de mineur tombée à terre mais celle-ci fonctionnait par un gaz, il fallait donc l’allumer avec une allumette, ou un briquet. Lui-même voyait dans le noir, avec sa vision nocturne mais ce n’était pas tellement viable pour les humains. Aussi activa-t-il deux petites veilleuses juchées sur ses épaules. Ce n’était pas grand chose mais au moins Iona pouvait voir elle aussi.
« L’entrée s’est effondrée, fit-il, puis il détailla l’air autour de lui, enregistrant les données perçu par ses capteurs. Il y a assez d’oxygène pour une dizaine de personnes mais cela pourrait diminuer rapidement. » Restait à savoir si tous étaient bien en vie. Il n’avait après tout protégé que Iona. C’était sa mission première.

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Grises mines

Iona & Ash

Elle avait eu tout juste le temps de jeter un coup d’œil au gros caillou avant que le toit de la mine ne s'effondre sur leurs têtes. Le corps d'Ash la protégea de la pluie de terre et de pierres. Elle étouffa un cri, ferma les yeux et se contenta de s'accrocher au corps de l'androide. L'éboulement lui sembla durer beaucoup trop longtemps, le temps de rater plusieurs battements de cœur. Et lorsque le silence se fit et que la terre cessa de trembler, elle retrouva lentement son équilibre. Son souffle aussi. Expulsant l'air dans ses poumons, elle souffla, et cela lui fit mal.

Ash avait déjà pris la situation en main, et cela rassura l'humaine, qui sans doute n'aurait pas été tellement à l'aise sans la présence de son garde du corps. C'était pourtant son rôle, celui de ne pas céder à la panique, et de prendre la situation en main. Alors elle se gonfla de détermination et d'audace, et prit les choses en main après avoir remercié Ash. Ses yeux peinaient à s'habituer à l'obscurité mais elle faisait totalement confiance aux paroles de l'androide.

- Tout le monde va bien ?

Elle plissait les yeux pour distinguer la silhouette des deux mineurs, sans trop y arriver, jusqu'à ce que la voix de l'un d'entre eux s'élève. Un peu esquintée par une toux violente, et éraillée par la poussière qui remplissait l'air autour d'eux.

- Ca va mais j'crois que Larry est blessé.
- C'est grave?

Entrainant Ash à sa suite, elle s'approcha des voix.

- Il est blessé à l'épaule.

En s'approchant un peu plus, elle observa d'elle même la blessure. Ca n'avait pas l'air grave, mais le gars n'allait pas pouvoir marcher. Ils avaient besoin d'aide, et pas juste pour lui. Sortir de là n'allait pas être une mince affaire.

- Applique ça sur la blessure, répondit-elle en lui lançant un bandage équipé d'une bulle désinfectante.

D'après la hauteur de l'entrée, et la quantité de grave qui avait du s'écrouler, les machines allait en avoir pour un petit moment avant de les retrouver. Ca en admettant que quelqu'un sache qu'ils étaient attrapés sous la terre. Et ça c'était le souci. Personne ne savait qu'ils étaient venus. Très vite elle tenta d'allumer son transmetteur, mais ce fut un grésillement de parasites qui résonna dans son oreille. Laissant échapper un soupir, elle sortit de sa poche une tablette électronique et se mit à pianoter dessus. L'écran affichait les galeries déjà tracées par les engins excavateurs, et Iona les détaillait déjà sous l'oeil attentif et mécanique d'Ash.

- On est ici, et ces sorties là, là, là et puis là, ce sont les plus proches. Cette galerie a été fermée il y a 7 mois, ces deux-là sont un peu trop longues, et celle-ci....D'un geste peu enthousiaste, elle agrandit l'image en glissant son doigt dessus. Plus courte mais y'a eu un affaissement il a peu de temps et les tunnels n'ont jamais été sécurisés....En y réfléchissant bien ce n'était pas une bonne idée, mais le temps allait leur manquer. Allons-y maintenant, perdons pas de temps. Ash et moi y allons, lança-t-elle au mineur, reste avec ton ami et occupe-toi de lui. Avant de se tourner vers Ash. Reste alerte à la composition de l'air et aux éventuels gaz.

Après avoir vérifié qu'ils avaient suffisamment d'eau, ils se mirent en marche. Elle restait près de l'androide, appréciant sa compagnie rassurante. Les couloirs sombres étaient suffocants, angoissants. Les mines n'étaient pas une promenade de santé. Elles lui laissaient une pensée non négligeable : les connaître n'était pas suffisant.

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Grises mines

Iona & Ash

L’inquiétude que portait Iona aux autres êtres humains bloqués avec eux étonnait Ash. Cette chose tout à fait humaine qu’était l’inquiétude, la sollicitude pour les autres, l’étonnait toujours. Il avait beau avoir des milliards d’exemple sous les yeux quand il naviguait sur la Matrice, la notion restait toujours un pur concept dans l’esprit de l’être mécanique qu’il était. Et dans ce monde froid et austère où ils vivaient, les exemples n’étaient pas si nombreux. Mais les mineurs faisaient preuve de ce genre de choses. Compassion, amitié, loyauté, des sentiments qui faisait la fierté des humains. Du moins était-ce ainsi qu’il interprétait les choses. A dire vrai, il observait l’épicentre de son monde s’occuper des blessés avec un œil curieux et admiratif. Néanmoins, quand il s’agit d’examiner les blessures de Larry, il détailla de ses yeux mécaniques et ne perçu rien de grave. Il n’avait pas de yeux laser ni de scanner incorporé ce qui des fois s’avérait bien dommage. Ceux qui l’avaient conçu avaient plus pensé à le rendre fort, froid et calculateur que pratique en vérité. Ash aurait cependant aimé dire deux mots à son créateur quel qu’il fut. Iona lui avait explicité qu’il avait été créer dans les usines et conçu par quelques ingénieurs de Pinxit, là-haut, dans la Citadelle. Cela voulait dire qu’il y avait quelqu’un à qui parler, à qui demander des comptes. Il imaginait parfois la scène. Cela l’étonnait lui-même. D’imaginer une scène. Plus le temps s’écoulait plus il avait l’impression de s’humanisé. Peut-être était-ce le contact de Iona. Après tout, il s’inquiétait pour elle, comme elle le faisait pour ces humains. Etait-ce ce que les humains appelle l’amour ? Il en doutait. L’amour était un signal électrique. Mais c’était aussi une construction, une élaboration complexe de sentiments et de souvenirs entrelacés.
Une fois le sort des deux hommes réglés, Iona sonda son écran pour visualiser les galeries d’extraction. Il y avait plusieurs tunnels devant eux. Ni l’un ni l’autre ne creusait directement, mais Iona supervisait les zones où l’ont creusait en se basant sur les relevés des machines. Celles-ci étaient supposés prévoir les zone dangereuses où tout risquait de s’écrouler du fait de trop de pression. Mais en réalité, à terme, tout s’écroulerait, même s’ils sécurisaient au fur et à mesure. Si l’on voulait que ça tienne, il fallait mettre de la pierre. Les mines n’en avaient pas les moyens. Donc c’était des bouts de bois au mieux, au pire des bouts de plastique, de métal, trouvé, taillés, coupé, bricolés. Ash n’aimait pas l’idée que Iona aille se balader là dessous mais il était à ses côtés ce qui était mieux que de l’y laisser seule. « J’y veillerais. » répondit Ash.
Alors qu’ils s’avançaient dans la galerie, il sonda celle-ci, prenant de nouvelles mesures, et en tira des conclusions alarmantes. « Iona, les risques que cette galerie s’écroule sont de 30% en temps normal, mais avec cet effondrement le ciel a été fragilisé et la pression a augmenté. Mes mesures me disent que le risque est désormais à 70%. » indiqua la machine. Il s’agissait d’indications évidemment mais le simple fait que la machine les énoncés sans qu’on lui ai demandé montrait sa volonté de prévenir la jeune femme.

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