Quelques grammes de plomb

Ash & Liv

Livraison hors Ghetto. Ca nécessite une petite préparation et une accélération plus importante qu’à l’accoutumée. C’est que s’il y a potentiellement moins de danger à l’extérieur, ils demeurent plus importants et plus difficiles à semer. Dans le labyrinthe de rues, impasses et multiples croisements, semer un poursuivant demeure relativement facile. Chose autrement plus complexe dans les grandes étendues désertiques qu’on retrouve en-dehors d’Edimbourg. Mais ça ne la dérange pas, Liv. Elle a le goût du risque et surtout du défi. Ce n’est pas la première fois qu’elle se rend aux mines faire sa livraison à Iona. L’une d’elle a d’ailleurs manqué de peu de mal tourner, et sans l’aide de la Vrijbuiter, il en aurait pas fallu beaucoup plus pour que sa jolie tête blonde s'envole prendre son indépendance. Ca en aurait ravi plus d’un cela dit. Enfin, la coursière arrive en vue des mines à ciel ouvert. La poussière la recouvre des pieds à la tête, et ce malgré son arsenal. Arrivée à destination, Liv se fait accueillir par l’archandroïd de la dame des lieux. Ca ne la réjouit pas particulièrement : faut bien dire qu’elle ne l’apprécie pas trop. Enfin. Professionnalisme avant tout, hein.

Toujours emmitouflée dans ses diverses écharpes, masques et lunettes en tout genre, l’accélérée pénètre à l’intérieur du bureau bétonné des mines. Rapidement, elle se débarrasse de tout son équipement. Elle est rarement aussi heureuse de retrouver l’air libre que pendant ces moments. Tout ce matériel a beau être une nécessité, faut bien reconnaitre qu’elle s’en passerait volontiers. Toujours à pleine vitesse, la blonde observe ce qui l’entoure. La pièce est vide, si ce n’est le bureau. Ce n’est pas la première fois qu’elle y met les pieds, il n’y a donc pas de surprise. Pareil pour le robot. Mais habituellement, Iona Forsyth est présente sur les lieux pour la livraison. C’est donc tout naturellement que Liv répond à la question du tas de ferraille : « Toi ? Riendutout. ElleestoùForsyth ? » Elle balance ça à toute vitesse. La blonde n’a pas encore lancé le processus de décélération et à dire vrai, elle préfère rester comme tel. Ca lui épargnera de repartir en accélération une fois la paperasse réglée.

Quant aux habilitations de Robocop, personne ne lui a dit qu’il pourrait signer à la place de la patronne. Non pas que ça l’arrange, y compris si emmerder son monde est un de ses passe-temps bien connus. Sauf qu'elle-même aimerait prendre le large au plus tôt et rentrer au Ghetto. Plus son accélération dure, plus sa décélération prend du temps. Elle a beau avoir abandonné toute cadence ou tout rythme de vie, elle n’est pas non plus surhumaine. La fatigue engendrée par ces missions n’est pas négligeable : pour elle, le temps s’écoule parfaitement normalement. Alors elle est un chouilla impatiente, Liv. Elle voudrait souvent que les choses aillent plus vite quand il lui faudrait "simplement" décélérer. Sauf qu'elle ne peut pas le faire n'importe quand. Enfin, elle se rend compte que Terminator la détaille depuis un peu trop longtemps, même pour quelqu'un calé sur une vitesse normale. La coursière lève un sourcil. « Yaunproblème ? J'aiuntrucsurlagueule ? » Voilà ce qu'elle répond à l'insistance de Ash l'archandroïde. C'est que c'est pas la première fois qu'il la détaille comme ça, et Liv, elle n'aime pas. Sans oublier qu'elle ne porte pas franchement la technologie dans son coeur. Robots et compagnie compris. .

Quelques grammes de plomb

Ash & Liv

Les réponses de Robocop la laissent un chouillas perplexe. Liv hausse un sourcil, puis le deuxième. Si elle a bien enregistré l'absence de Forsyth, c'est plutôt la suite qui l'étonne. Enfin, ses yeux translucides se plissent. Sa main passe dans ses cheveux, en profitant pour en dégager une partie de la poussière qui s'y trouve. Non, en effet, elle n'est pas un animal. Merci du constat. Et si jusqu'ici, elle n'a jamais laissé trop trainer son attention sur l'archandroid, il faut bien dire que :
1. Elle n'a pas le choix, puisqu'il se trouve être son seul interlocuteur ;
2. Le tas de ferraille lui parait... spécial. Mais on peut aisément mettre cet argument sur son habitude à éviter toute technologie un peu trop poussée, robots et matrice compris.
Toujours est-il que le problème demeure le même. On ne lui a pas dit que Terminator a une habilitation pour recevoir les livraisons en l'absence de Forsyth. Et si Iona n'y voit certainement aucune difficulté, pas sûr que l'expéditeur en fasse autant. Entre faire quelques difficultés ici ou devoir se taper un nouvel aller-retour à cause d'un fournisseur insatisfait, le choix est vite fait. Désolée Robocop, mais c'est toi qui prends. Ca la met quand même un peu mal à l'aise, de se retrouver seule avec lui dans le bureau. Quand Iona est là, elle ne s'y attarde pas, même si elle remarque bien la curiosité de l'archandroïd. Mais la patronne des lieux a eu la bonne idée de s'absenter pendant la livraison. Liv soupire. Son accélération peut devenir un problème puisqu'elle ne s'arrête qu'une fois la décélération lancée. Mais la fatigue, elle, s'accumule. Lorsque la blonde s'occupe de telles livraisons, il faut faire en sorte que les choses aillent vite. Elle arrive, on signe et elle repart aussitôt. Sauf que Iona Forsyth a le bon goût de briller par son absence, et personne ne lui a précisé si le tas de ferraille ici présent est bien habilité à recevoir les livraisons de madame. Pour la considération du coursier, on repassera.

Mais plus encore, ce sont les deux yeux - capteurs sensoriels ? - de l'archandroïd braqués sur elle, tous pleins de curiosité. Enfin, curiosité, c'est le seul mot qu'elle trouve qui pourrait coller à la situation. Un robot peut-il être véritablement curieux ? Et pourquoi le serait-il vis-à-vis d'elle ? C'est quoi, la norme, pour lui ? Et qu'est-ce qu'elle en a à foutre, en fait ? Pas besoin de se poser tout un tas de question. Dans son métier, on préfère éviter de trop attirer l'attention. Alors certes, quand elle est en pleine accélération, c'est un peu compliqué - encore qu'elle peut toujours passer par les toits du ghetto, nettement moins fréquentés. Mais surtout : Liv apprécie attirer l'attention uniquement quand elle la désire. Ce qui n'est pas le cas en l'occurrence. Si elle se méfie des hommes, elle garde bien ses distances avec les machines. C'est simple : il suffit qu'on les reprogramme pour qu'on ne sache pas ce qui va nous tomber dessus. La confiance est donc exclue. Que Iona Forsyth ait décidé de faire de son robot son second - ou quoi ou qu'est-ce -, grand bien lui fasse, c'est son problème. Elle la patronne, elle qui décide. Mais ça n'entrainera pas Liv à se reposer sur lui. Qu'il soit déjà heureux qu'elle ne pousse pas la parano plus loin.

« OK, » qu'elle commence. Faut dire que l'archandroïd lui a un peu coupé l'herbe sous le pied. Passons : c'est sûrement parce qu'elle n'a pas l'habitude de parler avec des pièces rassemblées. Mais s'il faut être clair, elle sera claire. « J'aimepastamanièredemefixer. » Elle essaie de choisir soigneusement ses mots. A tous les coups, elle s'attend à ce qu'il lui demande - encore - des précisions. « Euh... » Ca va venir. « Docnc:qu'est-cequ'ilya? Pourquoitumeregardescommeça? Yauntrucquitedérange? » Pas que ce soit vraiment son problème : juste que là, sur le moment, elle trouve ça chiant. D'autant plus qu'elle a l'impression de devoir lui parler comme à un abruti. « EtlalivraisonestpourIona. Amoinsquet'aiesl'habilitationdesigneràsaplace,j'peuxpaspartir. » Ce qui risque d'être problématique. Le ton de sa voix trahit d'ailleurs son inquiétude. Ca fait déjà un moment qu'elle est en accélération. La fatigue va aller grandissante - nous sommes pourtant en milieu de journée - et loin de Liv l'envie de s'effondrer. Ni ici, ni au milieu de nulle part.