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 Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen

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✥ ELECTRIC DREAM.Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen _
MessageSujet: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptyVen 25 Mar - 21:27

Tegan s’approcha de la fenêtre de son logement. Jamie et ses parents étaient sortis. Il y avait cependant d’autres membres des Tuatha qui étaient là. Elle n’était jamais vraiment toute seule. Comme si l’on craignait toujours qu’il ne lui arrive quelque chose. Elle n’avait jamais compris cette crainte qui semblait habiter les siens. Pourquoi la surprotégeraient-ils autant ? Elle se rendait bien compte du mal qui rongeait le monde… mais ils étaient si nombreux à sortir et à battre les pavés sales. Pourquoi pas elle ? Ils lui en avaient donné l’occasion quand ils avaient montré leur hostilité envers le gouvernement et leur engeance morte… mais aujourd’hui, elle était de nouveau dans sa tour, à l’abri de… la vie. Elle poussa un soupir et s’assit sur le rebord de la fenêtre crasseuse. Un filet d’air froid s’insinuait entre le verre et son cadre en bois. Elle y passa les doigts, lentement, dans une caresse délicate. Elle sentait l’air s’enrouler autour de ses phalanges. Son front se posa sur le mur à côté de la vitre. Ses yeux se perdirent dans la masse grouillante en contrebas. Les gens marchaient vite, pressés d’arriver là où ils se rendaient. Ils ne voulaient pas s’attarder sous la pluie qui s’écrasait sur leur tête. Sur leurs vêtements d’une couleur qui lui semblait tellement uniforme qu’elle peinait parfois à isoler les silhouettes. Beaucoup portaient des capuches les protégeant de la météo ou d’un danger bien plus menaçant. Qui étaient-ils ? Les avait-elle déjà croisés dans la Matrice ? Serait-elle apte à les reconnaître ? Certains étaient tellement différents. Leurs avatars une image souhaitée, enviée, jalousée. Celui de Tegan était ainsi… mais sur un plan plus psychologique que physique.

Elle se perdait à nouveau dans ses pensées, s’éloignant du monde réel pour s’égarer dans la Matrice, quand l’un des passants en contrebas leva les yeux. Jamais personne ne levait les yeux. Tegan se disait qu’ils n’avaient pas envie de se rappeler la présence de la Citadelle au-dessus de leur tête, son écrasante puissance. Mais celui-ci releva le menton et leurs regards se croisèrent. C’était presque comme s’il la voyait vraiment. Le pouvait-il ? Peut-être avait-il une amélioration au niveau des yeux. Ou peut-être ne laissait-il que ses yeux se promener sur les hauteurs. Il ne la voyait pas vraiment. Pourtant, son attention resta focalisée sur sa fenêtre. Se détachait-elle sur la pénombre qui régnait dans l’appartement ? Avec sa peau et ses cheveux pâles. La prenait-il pour un spectre ? Puis, finalement, il rabaissa la tête. Il semblait à Tegan que des heures étaient passées et en même temps si peu de minutes. Elle se leva brusquement et les autres Tuatha présents la regardèrent. Elle se dirigea d’une démarche en apparence assurée vers la porte qui menait au couloir, et aux escaliers pour rejoindre la rue. En vérité, ses jambes tremblaient. Elle s’empara d’un des blousons alignés sur une paterne à côté du battant et l’enfila. Où vas-tu Tegan ? Tu sais bien que tes parents ne veulent pas que tu sortes toute seule. La jeune femme mâchouilla sa lèvre inférieure. Elle allait bientôt avoir 30 ans. Et elle n’avait pas le droit de sortir toute seule. S’ils savaient seulement tout ce qu’elle faisait dans la Matrice. Elle apaisait leurs esprits en leur disant qu’elle profitait de la liberté qu’elle avait dans cet univers numérique pour repérer les personnes qui seraient susceptibles de les rejoindre et, si elle le faisait effectivement, elle s’en servait aussi pour échapper à leurs règles strictes. Il y a quelqu’un… dehors... je suis sûre qu’il nous rejoindra mais… il faut que ce soit moi qui y aille. Voyant l’autre ouvrir la bouche pour poser ses conditions de l’accompagner, Tegan la prit de court. Il veut me voir seule. Ne t’inquiète pas, Tantine… Je ne crains rien. Tu sais bien que je ne prendrais aucun risque si je n’étais pas sûre de cela.

Tegan ne savait pas comment elle avait ainsi appris à mentir. Peut-être au sein de la Matrice. Peut-être à force d’habitude quand on lui demandait ce qu’elle avait fait. Toujours était-il qu’elle avait réussi à s’éclipser. L’air de l’extérieur n’était pas plus sain que celui de l’intérieur, mais elle était heureuse de le sentir dans ses poumons alors qu’elle arrivait sur le palier de l’immeuble où se trouvait l’appartement. Si elle avait été assurée de sa décision quand elle était dans les étages supérieurs, Tegan ne l’était plus vraiment maintenant. Elle voyait les gens passer devant elle, certains la regardaient de l’autre côté de la rue. De quoi avait-elle l’air ? Où était passé le jeune homme qu’elle avait vu depuis là-haut ? Elle fit un pas en avant, tentant de le trouver par-dessus les épaules et les têtes des autres. Elle ne l’avait pas rêvé, n’est-ce pas ? Il n’était pas un vestige des drogues qui circulaient dans son organisme, un résidu de la Matrice se mêlant à la réalité… n’est-ce pas ? Elle s’avança un peu plus dans le boyau et, d’un coup, elle fut bringuebalée par la foule. Des corps se pressant contre les siens, un mélange d’odeurs atroce, ses pieds quittant parfois le sol. Quand elle fut menée de l’autre côté de la voie, elle réussit à s’extirper du flot mouvant et tituba en arrière. Une main se posa sur son bras et elle sursauta violemment, se dégageant. Elle manqua, dans le même mouvement, de se retrouver dans la masse compacte des inconnus. Elle regretta soudain ces années fastes où elle pouvait aller à l’école en marchant librement dans les rues, sans rien craindre. Plus rien n’était pareil. Elle regrettait le jeu de la pluie sur son visage et dans ses mèches. Aujourd’hui, elle semblait aussi haineuse et dure que les habitants du ghetto. Puis elle reconnut les traits du jeune homme. Est-ce que tout va bien ? Elle hocha la tête avec un peu trop de ferveur avant de se reprendre et de la secouer négativement. Je… je me sens mal.Viens, je connais un endroit plus calme où tu pourras te remettre de tes émotions. Il posa sa main dans le creux de ses reins cette fois et la poussa dans une direction. Elle ne vit pas le sourire satisfait qui étira ses lèvres.

Il la guida dans une ruelle perpendiculaire à l’artère où se pressaient les gens. Elle voulait s’y arrêter, la trouvant suffisamment peu occupée pour qu’elle puisse reprendre son souffle et se remettre de cette mini-crise d’angoisse, crise d’agoraphobie. Mais il la poussa encore, la forçant à avancer. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, mais elle ne vit rien d’autre que sa silhouette qui lui sembla bien massive tout d’un coup. Personne pour lui venir en aide. Tegan ouvrit la bouche prête à crier, mais le son s’étouffa dans sa gorge alors qu’il la jetait dans une ouverture béante. Aurait-elle seulement pu crier ? Elle tellement si discrète et repliée sur elle-même ? Savait-elle crier ? Elle n’en était pas sûre. La faible lumière grisâtre du jour fut condamnée quand la porte se referma sur elle. Le son qu’elle produisit lui indiqua qu’elle devait être dans un métal épais et bien lourd. L’autre était-il entré avec elle ? Elle ne se souvenait plus si elle l’avait vu ou pas. Elle recula de quelques pas, pivota sur elle-même, mais elle ne voyait rien d’autre que du noir. Comme si elle était tombée dans un abysse. Le néant. Elle se retourna alors pour se précipiter vers la direction où devait se trouver la porte, mais elle heurta quelque chose. Une masse imposante, dure mais pas autant que du métal. Cette fois-ci, elle poussa un cri. Un cri d’autant plus strident quand des mains puissantes se refermèrent sur ses bras, juste au-dessus des coudes. Ainsi, elle pouvait crier. Alors elle cria, encore. Elle gesticula, cherchant à se libérer de la prise d’acier de son assaillant, mais rien n’y faisait. Elle n’était pas dans la Matrice. Elle n’avait aucun pouvoir dans ce bas-monde. Si seulement ça n’avait pas risqué de mettre sa vie en danger, elle s’y serait réfugiée, comme elle le faisait toujours… mais aujourd’hui, elle ne le pouvait pas. L’autre la poussa et elle manqua de trébucher et de s’étaler en arrière. Une lumière l’éblouit soudain et elle le sentit la pousser. Son corps chuta… pour atterrir rudement sur une chaise. Des arceaux de métal se refermèrent autour de ses poignets et de ses chevilles et ils mordirent durement dans sa chair quand Tegan tenta de les forcer. Ses cris s’étaient taris sur ses lèvres, laissant sa gorge douloureuse. Que me voulez-vous…? demanda-t-elle faiblement, dans un murmure. Elle battit des paupières et leva les yeux pour croiser les prunelles de son assaillant. C’était un autre homme que celui qui l’avait menée jusqu’à ce bâtiment. Mais le premier ne tarda pas à émerger de l’ombre qui entourait le cercle de lumière. Son regard alla de l’un à l’autre et un long frisson descendit le long de son échine. L’expression de leurs visages était à la fois cruelle et lubrique. Si elle l’avait parfois savourée sur les traits de ses amants dans la Matrice, dans la réalité, c’était tout autre chose… d’autant que, dans son autre-monde virtuel, elle était consentante. Pas ici.
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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptySam 26 Mar - 6:36



Bon, écoute, t’sais quoi, on l’a pas ton foutu fusil.  
Arrête de m’enfumer. J’ai vu Cleland se balader avec.
Ouais, bah maintenant il est pas là Cleland.
Posant lourdement ses avants-bras sur le comptoir graisseux, le responsable de la fallacieuse échoppe se penche vers l’importun. Il en voit passer, des cas, dans cette pièce où l’essentielle part du business se passe dans l’arrière boutique, mais lui, c’est vraiment une plaie. Le sourire mauvais et l’oeil condescendant, il ironise :
Si tu veux savoir, y va pas te le rendre, mon gars.
T’as cru que j’lui en faisais cadeau ? Mais t’as craqué, mec.
À son tour avancé au-dessus du bar, les sourcils froncés par la hargne, Allen Lockhart perd patience. Avec défiance, il soutient le regard du tenancier.
Le type se lasse, et cille. Il se tourne et s’éloigne vers ses étagères comme si le débat était clos. Derrière son dos résonne le cliquetis métallique d’une arme. Le Militech Naja pointé entre ses omoplates rouvre les négociations.
Wow, on se calme. Ok, on va te filer une contrepartie.
J’emmerde les contreparties du Syndicat, crache Allen, s’avançant de deux pas.
Gamin, tente de l’apaiser le type. Tu devrais déjà t’estimer heureux qu’on te file quelque chose.
Il est où Cleland ? Il se planque ou quoi, ce crevard ?
La voix laisse éclater sa rage dans l’espace exigüe, comme si l’objet de sa fureur se terrait quelque part entre les tables souillées et les chaises aux pieds lestés de crasse.
Malgré les arguments convaincant de l’arme, le barman s’obstine :
L’est occupé.
On va voir ça.
Sans plus de sommation, Allen saute par-dessus le comptoir et assène sur la tempe de l’homme un violent coup de crosse. Le corps s’effondre.
Le sang bouillonnant de colère, l’intrus passe la porte de l’arrière-boutique et s’enfonce dans les coulisses viciées du Syndicat.

Une quelconque affaire doit tenir les hommes occupés, car aucun garde ne croise son chemin, et les portes qu’il pousse de l’épaule ne donnent que sur des pièces désertes.
Au bout d’un couloir, cependant, des éclats de voix se cognent contre les murs. Sans hésiter, il porte son arme à hauteur d’épaule et enfonce l’entrée de la pièce.
CLELAND !

Dane Cleland, c’est la belle gueule qui mériterait cinq claques (deux sur chaque joue, et une dernière pour la route). Un sourire de squale comme on en trouve tant dans les rangs du Syndicat. Mais Dane Cleland, c’est aussi le saboteur désigné contre Pinxit Industrie, le marionnettiste d’une troupe de malfrats plus infâmes les uns que les autres, mais bien appliqués, entre autres trafics, à taillader la main-mise de l’entreprise au nom honni. Et c’est bien là la seule raison pour laquelle la Résistance s’acoquine à Dane Cleland. Et l’unique motif, effectivement, qui pousserait Allen à prêter à cette ordure sa précieuse carabine.

Lorsque le prêteur lésé débarque comme une furie dans la pièce, trois regards stupéfaits se tournent vers lui. Les pupilles acérées de Cleland, la gueule balafrée de son affidé, et… le visage terrifié d’une jeune femme, enchaînée à une chaise.
Qu’est-ce que…
Mais qu’est-ce qu’il fout là, lui ? lance le défiguré d’une voix caverneuse.
Sans lui laisser le temps de conjecturer sur la situation, la balafre s’élance au-devant du nouveau venu, revolver dégainé.
Les deux canons se jaugent de leur oeil vide, l’acier luisant sous la lumière vacillante de la pièce. Cleland s’avance, les mains levées en signe de paix.
Laisse, Hammerlock, Monsieur Lockhart est un ami.
Le ton est calme et parfaitement affable, mais ce Monsieur incongru trahit l’ironie du propos. Les revolvers, cependant, fléchissent lentement.
Mains croisées derrière le dos, Cleland semble s’adresser à son comparse en faisant mine de supposer :
Monsieur Lockhart est probablement venu récupérer son dû.
Et il hausse les épaules, comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle du monde.
Allen les fixe tour à tour, évitant du regard la fille reléguée à l’arrière-plan. Sa présence, dans la périphérie de sa vision, le trouble, mais il tente pour le moment d’en faire abstraction pour jeter d’un ton ferme :
On avait dit deux semaines, Cleland. Si t’as pas fait ton affaire c’est pas mon problème.
Cleland fait l’innocent.
Ah, on avait dit ça ? Vraiment ?
Un air vaguement ennuyé flotte sur son visage. Fouillant ses poches, il tire en soupirant une liasse de papiers imprimés - des tickets restaurants, la monnaie conventionnelle du ghetto.
Bon écoute, j’ai quelques tickets pour toi, en compensation.
Essaie pas de me rouler.
Sérieusement ? fait-il en haussant les sourcils. Le joujou s’est enrayé au moins trois fois. Inutile qu’il est devenu. C’est plutôt toi qu’a essayé de me plumer. Et dans le Syndicat, on aime pas trop les types qui essaient de nous plumer.
Le ton, soudain plus sec, pique Allen au vif. Réagissant au quart de tour, il redresse la gueule de son flingue. Immédiatement, Hammerlock le met en joue ; et dans les ténèbres de la pièce se découpe une quatrième silhouette qui s’avance à son tour, armée comme son compère. Il ne l’avait pas remarquée en entrant dans la pièce. Engager le combat, à présent, serait pur suicide.
Allons, on peut régler ça tranquillement, dit Cleland avec condescendance. Admettons, nous te donnons ça… (il compte les tickets dans sa main) Et en prime, on te laisse t’amuser un moment avec la fille. Deal ?
L’attention se déporte sur la prisonnière. Le nuage clair de ses cheveux diffuse autour de son visage un halo surréel ; mais sur ses poignets et ses chevilles les crocs d’acier ont déjà imposé leur morsure. Elle semble bien trop paniquée et vulnérable pour être une ennemie du Syndicat dont ils auraient voulu se venger. Non. C’est probablement une fille trouvée au coin d’une rue, ayant trébuché sur une des marches de l’enfer pour y tomber toute entière.
Le coeur au bord des lèvres, Allen détache son regard de la concernée et crache :
Va te faire foutre, Cleland.
Presque sincèrement désolé, l’intéressé hausse de nouveau les épaules.
C’est dommage, je t’aimais bien, Lockhart.
Reculant vers la porte, Allen tient toujours dans son viseur l’arrogant faciès du bellâtre. Signe qu’il sonne la retraite, mais que la partie n’est pas terminée, que cet enfoiré ne perd rien pour attendre. Dans les pupilles noires danse une promesse de vindicte, puis il tourne enfin le dos à la scène et passe le pas de la porte.
Comprenant la menace, Cleland le prévient :
Ne commence pas une guerre que tu ne pourras pas gagner.
Mais l’avertissement ne l’atteint pas. Sur sa rétine persiste l’image de la femme, au centre de la pièce, entourée par les requins, et cette vision, plus que l’affront de Cleland, embrase ses veines. Il se promet de trouver un moyen de l’aider, de la sortir de là.
Et puis il comprend.
Il comprend qu’il pourra toujours revenir, mais il sera trop tard.
Bon, ok, soupire-t-il en se retournant. J’accepte le deal.
Ah, enfin on se comprend !
Mais je veux être seul avec elle.
La requête contrarie les hommes, mais sonne à leurs oreilles comme tout à fait compréhensible. L’accord sur le point d’être atteint, Cleland fait signe à ses hommes de sortir, et, leur emboitant le pas, s’approche d’Allen et lui pose la main sur l’épaule.
Amuse-toi bien, dit-il en lui donnant une paire de clés - probablement celles des menottes. Puis, se penchant à son oreille pour lui chuchoter : Elle brise un peu les nerfs, quand elle gueule, mais elle devrait se calmer rapidement.
L’empreinte de la patte laisse sur la peau un désagréable frisson, distillant sa perversion. La porte claque et enferme dans le silence les deux seuls occupants de la pièce. Quelques secondes passent pendant lesquelles les pas s’éloignent, et pendant ses mêmes secondes Allen ne cesse de fixer l’inconnue, mâchoire encore crispée par les événements. Puis, assuré que les types se sont éloignés, il finit par dire, à voix basse :
Ne crie pas. J’ai pas l’intention de te faire du mal.
Intuitivement, il sent que la peur dans les pupilles sombres et la détresse sont authentiques. Attentif à ses réactions, il s’approche lentement, mais il n’a pas fait deux pas qu’il se sent tout d’un coup incapable de la regarder dans les yeux. Comme si le vice de Cleland et ses collègues avait infiltré son corps, par un simple toucher, comme s’ils l’avaient convertis, par leur simple influence, en un monstre abject qui serait leur reflet. Gêné, il tourne son regard vers la porte.
On va pas pouvoir passer par l’entrée principale, il constate, toujours en gardant sa voix basse.  
Le risque de tomber sur quelqu’un est beaucoup trop élevé.
Y a un accès au sous-sol dans le couloir. Mais ce salaud a dû poster un de ses chiens juste devant la porte.
Clébard qui devait tenter de les écouter en ce moment même - d’où la nécessité de garder discrète leur conversation. Continuant d’élaborer un semblant de plan à voix haute, Allen poursuit :
Je peux m’occuper de celui-là sans rameuter tout le monde.
Mais dans sa tête tout cela reste très théorique. N’importe quoi pourrait se passer qui ferait voler les hypothèses en éclats.
Son approche progressive l’a conduit à un pas d’elle à peine ; il s’abaisse à sa hauteur, étudie un instant les entraves qui la maintiennent prisonnière. La peau pâle s’est striée de leur empreinte sanglante. Évitant toujours son regard, Allen lui coince les tibias avec son avant-bras et entreprend de libérer les chevilles. Après tout, il ne sait rien d’elle ; alors autant prévenir tout risque de coup de pied. Il engage la clé dans la serrure de la seconde paire de menotte, et, sur le point de l’actionner, lève enfin ses yeux sur l’inconnue :  
Est-ce que je peux te faire confiance ?



Dernière édition par Allen Lockhart le Mar 5 Avr - 23:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptySam 2 Avr - 21:45

Elle ne voulait pas savoir ce qui allait lui arriver ensuite. Elle pouvait le deviner parfaitement rien qu’en plongeant dans les abîmes sans fond des prunelles de ses agresseurs. Ils n’étaient pas là pour lui offrir des fleurs. Mais pour prendre leurs droits — ou du moins ce qu’ils pensaient leur revenir — sur son corps sans un battement de cils qui pourrait traduire un quelconque état d’âme. Ou peut-être ne voulaient-ils que « tester la marchandise » avant de la mettre sur le marché ? Tegan frissonna sur la chaise rigide, faisant teinter ses menottes. Elle vit un regain dans cette lueur perverse qui luisait dans leurs yeux alors qu’elle devait puer la peur. Ses yeux s’embuèrent de larmes. Elle ne voulait pas. Pourquoi était-elle si puissante dans la Matrice et si faible dans la réalité cruelle ? Jamais aucun ne l’avait touchée sans son autorisation… ou tout court dans ce vrai monde. Si elle s’adonnait à toutes sortes d’aventures dans le monde virtuel, c’était autre chose que de passer à l’acte lorsqu’on était accrochée aux affres de la réalité. Elle songea un instant à s’enfuir psychiquement dans la Matrice, s’épargner la douleur sur son âme à défaut de ne pouvoir gommer la meurtrissure de sa chair qui ne manquerait pas de surgir bientôt. Ce mouvement amorcé, les muscles de l’armoire à glace se contractant étant des fidèles témoins d’un acte à venir. Elle recula dans le fond de la chaise. Celle-ci bougea à peine, boulonnée au sol. Ce n’était pas son poids plume qui allait pouvoir la renverser. Elle allait se remettre à hurler, cherchant à alerter n’importe qui, n’importe quelle pauvre âme passant par là, quand une porte s’ouvrit.

Un jeune homme se profila dans la lumière blafarde. Elle essayait de le supplier du regard. Une prière silencieuse pour qu’il vienne la délivrer. Oh, Dana, s’il vous plait, faites qu’il me sorte de là. Qu’est-ce que…Mais qu’est-ce qu’il fout là, lui ? L’homme de main s’élança vers le nouveau venu, son revolver à la main, prêt à lui mettre une balle dans la tête. Tegan ne put s’empêcher de pousser un petit cri désespéré. Elle n’avait pas voulu lui demander de l’aide, craignant pour son sort si elle osait parler, si elle osait supplier. Et peut-être craignait-elle que le nouveau venu ne soit pas là pour l’aider, bien au contraire : aider les autres à accomplir leur besogne. Mais la contemplation des deux canons dans un silence de mort gonfla son cœur d’espoir pour son triste sort. Ce jeune homme n’était pas ami avait ces hommes. Il n’était pas là pour les accompagner dans leurs objectifs. Laisse, Hammerlock, Monsieur Lockhart est un ami. Son cœur se brisa comme un verre en cristal, répendant des morceaux d’espoir partout autour de son âme. Un ami. Tegan pédala en arrière sur sa chaise, tentant vainement de s’échapper encore. C’était vain. Ses poignets se zébraient de rouge alors que l’acier des menottes mordait sa chair. Elle se mordit les lèvres pour éviter qu’un gémissement désespéré lui échappe. Elle ne voulait pas savoir comment elle allait être traitée si cet homme traitait ses amis ainsi. Monsieur Lockhart est probablement venu récupérer son dû. Parlait-il d’elle ? Etait-elle le dû qu’on venait récupérer ? Comme un moyen de paiement pour une quelconque tâche accomplie ? Un paiement qui devait être tardif, si l’autre était arrivé tout canon dehors pour menacer son « hôte ». Elle n’était pas un objet. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas que sa vie prenne cette voie. Elle avait voulu tenter encore sa chance à l’extérieur, échappant aux siens pour une aventure. Ah, et quelle aventure ! La belle ironie, drapée dans son manteau de honte et d’hémoglobine.

On avait dit deux semaines, Cleland. Si t’as pas fait ton affaire c’est pas mon problème. Il évitait de la regarder. Alors qu’elle cherchait désespérément à croiser ses prunelles. Quelque part au fond d’elle, l’espoir n’était pas tout à fait éteint. Elle voulait toujours croire qu’il pourrait être sa porte de sortie. D’une façon ou d’une autre. Même si elle devait être son « prix », peut-être pourrait-elle s’enfuir une fois qu’elle serait en sa « possession ». Ah, on avait dit ça ? Vraiment ? Ils discutaient comme si elle n’était pas là. Elle avait envie de hurler sa présence, sa frustration. Elle était la petite fille protégée et couvée de Bryluen Kushiel. Elle n’était pas habituée à être ignorée, elle toujours surveillée, toujours épiée. Mais, d’un autre côté, s’ils pouvaient l’oublier, peut-être échapperait-elle à sa tourmente programmée. Bon écoute, j’ai quelques tickets pour toi, en compensation.Essaie pas de me rouler.Sérieusement ? Le joujou s’est enrayé au moins trois fois. Inutile qu’il est devenu. C’est plutôt toi qu’a essayé de me plumer. Et dans le Syndicat, on aime pas trop les types qui essaient de nous plumer. Elle ne comprenait pas tout. Pas grand chose. Rien du tout. Son cœur battait trop fort, propulsant trop de sang vers son cerveau, embrouillant le chemin de ses pensées. Tout ce qu’elle savait, c’était que le dénommé Cleland semblait soudain agacé et avoir perdu sa patience. Les yeux noirs des armes à feu s’observèrent à nouveau dans une immobilité tendue. Tegan mordilla sa lèvre inférieure. Elle ne voulait pas que la tension se reporte sur elle. Elle essaya de se faire toute petite sur sa chaise mais elle ne parvint qu’à faire tinter encore ses menottes, à entamer un peu plus sa peau. Elle voulait fuir dans la Matrice. Oublier tout cela. Les laisser disposer de son corps sans que ça ne laisse des traces sur son âme. Pourtant, elle savait que ça ne serait pas le cas. Elle sentirait les meurtrissures dans sa chair peu importait ce qu’elle décidait de faire. Les larmes menacèrent de s’échapper de ses yeux pour rouler sur ses joues. Qu’allait dire sa mère ?

Allons, on peut régler ça tranquillement… Admettons, nous te donnons ça… Et en prime, on te laisse t’amuser un moment avec la fille. Deal ? Quoi ?! Une boule se forma dans sa gorge. Tous les regards se centrèrent sur elle. Dans les ombres, elle repéra une nouvelle silhouette. Non non non non non non. La panique enflait en elle et elle était prête à perdre toute consistance et à se remettre à hurler aussi fort qu’elle le pouvait. Peut-être pouvait-elle s’échapper dans la Matrice, envoyer un message ? Mais à qui ? Personne chez elle n’était vraiment connecté aussi souvent qu’elle. Ils pourraient avoir son SOS bien trop tard pour la secourir. Va te faire foutre, Cleland. L’espoir gonfla à nouveau son cœur. Ça l’épuisait. Ces montagnes russes émotionnelles. Une larme s’échappa finalement, au coin de son œil droit, pour rouler sur sa joue jusqu’à l’arc de sa mâchoire et se détacher pour sombrer sur ses vêtements. C’est dommage, je t’aimais bien, Lockhart. Son sauveur recula vers la porte qu’il avait empruntée. Il l’abandonnait. Non… souffla-t-elle, à peine audible, désemparée. Il allait la laisser là. Il l’abandonnait. Ne commence pas une guerre que tu ne pourras pas gagner. Personne ne faisait plus vraiment attention à elle. Elle n’était qu’un objet. Un butin. Pas même une personne. Rien du tout. Bon, ok, j’accepte le deal.Ah, enfin on se comprend !Mais je veux être seul avec elle. Qu’allait-il lui faire ? Pourquoi ce revirement de situation ?

Elle observa les hommes disparaître dans l’ombre, les laissant seuls, un à un. Elle frissonna. Elle avait l’impression que son corps n’était qu’une boule de nerfs. Elle prit une inspiration tremblante et ses lèvres s’entrouvrirent. Elle était prête à se remettre à hurler. Il n’y avait plus qu’un seul homme. Il serait facile à assommer si quelqu’un parvenait à l’entendre. Mais alors qu’elle allait crier à nouveau, le son s’étouffa dans sa gorge quand le jeune homme s’adressa finalement à elle. Ne crie pas. J’ai pas l’intention de te faire du mal. Une autre larme lui échappa. Il s’avança vers elle et Tegan ne put s’empêcher de se recroqueviller quand même sur son siège inconfortable. Ledit Cleland lui avait assuré qu’il la menait dans un endroit où elle serait en sécurité. Il avait menti. Pourquoi ce Lockhart serait différent ? Surtout s’il côtoyait ce genre de personnes. Elle ne cria pas pourtant, quand il arriva à sa hauteur. Pourquoi ne la regardait-il plus ? Elle voulait pouvoir lire ses intentions dans ses iris. Mais était-elle capable d’une telle prouesse ? Elle ne connaissait pas les Hommes et leurs subtilités. On va pas pouvoir passer par l’entrée principale. Y a un accès au sous-sol dans le couloir. Mais ce salaud a dû poster un de ses chiens juste devant la porte. Je peux m’occuper de celui-là sans rameuter tout le monde. Il semblait plus se parler à lui-même qu’à elle. Pourtant, quelque chose dans sa voix, à l’écouter, apaisait un peu Tegan, au-delà de la signification des mots. Quelques larmes roulaient toujours en silence sur ses joues.

Elle sursauta quand il s’abaissa à son niveau, ses avant-bras contre ses tibias. Elle sentit pourtant ses chevilles libérées. Mais elle n’avait pas l’habitude du contact avec les autres. Pas dans le monde réel en tout cas. Dans la Matrice, c’était autre chose… mais ici… Son corps était presque sacré. C’était l’impression qu’elle avait toujours eue, accentuée par l’enseignement de sa mère lorsqu’elle avait pris le chemin pour devenir vate. La proximité de ce Lockhart la gênait quelque peu. Il lui avait dit qu’il ne lui ferait aucun mal. Il la détachait même. Mais… Ses lèvres se pincèrent. Le cri qu’elle avait refoulé était toujours là, n’ayant besoin que d’une excuse pour éclater comme une bulle de savon bruyante. Est-ce que je peux te faire confiance ? Il avait glissé la clé dans l’autre paire de menottes et levé les yeux vers elle. Elle se perdit dans ses iris sombres pendant plusieurs secondes qui semblèrent s’étirer en heures. Elle finit par hocher la tête, incertaine qu’elle était de maitriser sa voix si elle devait parler. Il détacha alors ses poignets. L’empreinte du métal était douloureuse. Elle retint l’envie de masser sa peau meurtrie. Elle allait devoir expliquer cela à sa mère. Elle ne manquerait pas de lui faire une remarque. Elle la soignerait, après tout, c’était ce qu’elle faisait de mieux… mais elle aurait droit à une belle leçon de moral. Pourtant, Tegan n’aspirait qu’à cela, si ça voulait dire qu’elle se sortirait de ce piège saine et sauve pour pouvoir aller se réfugier dans le giron de sa mère.

Une fois libérée de ses entraves, Lockhart qui ne la maintenait plus avec ses avant-bras, Tegan ne se leva pas pour autant. Elle n’était pas sûre que ses jambes réussiraient à la porter. Elle frémit encore une fois. Comment allaient-ils pouvoir fuir si elle était incapable de marcher, encore moins de courir ? Elle ne serait qu’un poids mort qu’il se trimballerait. Pourtant, elle lutta contre une crise d’angoisse et une crise de larme, serrant les dents et s’appliquant à avaler la boule qu’elle avait dans la gorge. Elle tremblait toutefois comme une feuille prise dans la tempête. Elle tendit sa main au jeune homme, cherchant son aide pour se lever. Je… Je ne suis pas sûre de… réussir à marcher. parvint-elle à articuler d’une toute petite voix enrouée, ses hurlements précédents ayant laissé des marques sur ses cordes vocales.
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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptyMar 5 Avr - 14:49



Leurs pupilles restent verrouillées les unes dans les autres, et la clé attend une réponse, immobile dans la serrure. Mais ce regard semble perforer le temps pour se créer son propre espace, un espace sans secondes. À l’intérieur des prunelles abaissées dans les siennes, il perçoit la stupeur et l’effroi cristallisés. La quintessence d’un désespoir qui, ne pouvant franchir le seuil des lèvres, emplit les iris noisettes pour tenter de se faire entendre. Cet éclat a quelque chose de pur, comme l’innocence d’un enfant jeté soudainement dans le monde, violentée sans raison, perdue dans l’incompréhension. Cet éclat a quelque chose de profondément tragique.

Hôchant la tête pour signifier un vague consentement - que pourrait-elle faire d’autre ? -, elle s’extraie du contact. Allen perd quelques secondes de plus, déstabilisé par la mûrissement d’une étrange tristesse en sa poitrine. Il détourne la tête et actionne le mécanisme, s’éloignant aussitôt d’elle, explorant la pièce du regard. Quelques bricoles (ciseaux, scotch large, bouteilles) sur une table près du mur. Rien de vraiment utile, à priori, si ce ne sont les menottes. Lorsque son regard revient sur l’inconnue, elle est toujours prostrée sur la chaise, réalisant un effort visible pour prendre sur elle et taire les tremblements de son corps. Une main se déploie vers lui, frémissante dans l’air, hésitante aussi, prête à s’enfuir si le danger se montrait de nouveau. La peau est lisse et claire ; les ongles, sains. D’où vient-elle ? Ce ne sont pas les mains des personnes qui vivent dans le ghetto. Même les femmes qui prennent soin d’elles ne peuvent empêcher la causticité de l’eau viciée, la brûlure du froid d’imprégner leurs phalanges.

Alors, la voix se frayant enfin un passage à travers toute cette angoisse, elle s’adresse à lui. Une voix éraillée, indice de la seule lutte que peut porter quelqu’un enchaîné à une chaise, une voix toute petite, venant de loin, mais une voix quand même. Celle qui essaie de se faire entendre, que quelqu’un, quelqu’un s’il vous plait entende et vienne.
Allen la considère un instant, incertain. Les stries rouges sont autant de marques scandaleuses sur les poignets et chevilles pâles. Mais plutôt, le temps passé figée dans cette position, et la peur qui exsude encore d’elle rendra ses premiers pas évidemment difficiles. Il laisse cette main en suspens un moment cependant, pour réfléchir l’esprit clair à son embryon de plan. Ce ne serait pas la peine de l’aider à se relever pour faire trois mètres et la laisser ensuite contre le mur en attendant qu’il sécurise le passage.
On va trouver un moyen, la rassure-t-il avec un indice de sourire encourageant. Mais il faut que je m’occupe du gars devant la porte avant. Je reviens tout de suite.
Le flingue de nouveau sorti, il rejoint la porte d’entrée, écoute un instant sur le seuil. Silence de l’autre côté. Il actionne la poignée et pénètre franchement dans le couloir.
J’en ai fini, il annonce.
Le garde se retourne.
C’est le moment pour toi d’aller te faire plaisir avant que Cleland revienne, continue Allen alors qu’il se rapproche du type, lui apposant la main sur l’épaule dans un simulacre de camaraderie.
Rangeant son revolver, le type lui adresse un sourire salace, et s’engage vers la pièce, Allen sur ses talons. Alors qu’il en passe le seuil, la froideur d’une lame glisse contre sa gorge.
Bouge pas, lui souffle Allen, et ferme-là.
Derrière son dos, il maintient le poignard contre la jugulaire. Les yeux effarés du type roulent, incapables de voir leur agresseur, avant de se poser sur la prisonnière… libre. Forcé par son attaquant d’avancer, le garde traverse à pas mesurés la pièce, les yeux fixés sur la fille.
Si tu l’ouvres, je t’égorge.
Mais il aimerait autant ne pas avoir à en arriver là. Tuer en dehors de ses heures de service ne l’enchante pas. Parvenu à proximité de la table, Allen, le couteau toujours en place, se tord pour atteindre le ruban de scotch large. Déséquilibre dont profite son prisonnier pour lui envoyer un coup de coude dans le sternum, le pliant en deux.
CLELAND ! il hurle, le dérapage du couteau ayant à peine entaillé la peau.
Et il tente de dégager son adversaire. Le souffle coupé mais poussé par l’urgence, Allen lui saisit d’une main le col et de l’autre le côté de la tête, et écrase violemment son crâne contre le mur. Le type s’effondre. Un filet de sang traverse sa tempe et s’écoule sur la paupière fermée.
Salaud, laisse échapper Allen, entre deux laborieuses goulées d’air.
L’impact vibre encore dans ses paumes, mais il n’a pas ressenti de craquement. Le type n’est probablement qu’assommé. Difficile de prédire les dommages réels, mais au minimum, cela devrait le mettre hors jeu pour un petit moment.
Instinctivement, il dirige son regard vers la jeune inconnue, pour s’assurer qu’elle va bien, mais se heurte à son expression. La confrontation le fige un moment. On paie tous à la fin. La distance de quelques pas lui semble un gouffre. Gêné, il détourne les yeux, reste pragmatique - pensant ainsi bien faire mais aggravant probablement son cas :
Il va falloir qu’on se magne. Ils l’ont peut-être entendu.
La voix est un brin plus fébrile, fissurée par le coup dans la poitrine, ébranlée par le sentiment étrange qui descend dans les veines comme un parasite.
Allen s’accroupit aux côtés de l’homme inconscient, écarte les pans de sa veste pour découvrir le holster, et récupère un revolver dont il vérifie le nombre de balles. L’arme supplémentaire trouve une place contre sa ceinture. Rejoignant la jeune femme en surveillant la porte, il lance :
Comment ça se passe, alors ? Tu peux marcher ?
Puis, ses yeux se posant à nouveau sur elle, il se rend compte de la rudesse de la scène, et un brin de culpabilité tord ses lèvres. S’il la connaissait, il se serait rapproché, accroupi à son niveau pour la rassurer, mais il ne la connait pas. Doucement, presque timidement, comme de peur de faire fuir un oiseau sur une branche, c’est sa main qui cette fois s’élève vers elle, franchissant la distance entre eux. Tendue contre le ciel, barrée de la course orangée d'une goutte de sang, la paume invite l'étrangère d'ivoire à enfin se sortir de ce cauchemar. Fut-ce par le biais d’un des démons.

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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptySam 9 Avr - 15:40

Le cliquetis des menottes qui s’ouvraient et il s’était déjà éloigné. Elle avait entendu le bruit de ses pas sur le sol, comme s’il était amplifié dans le calme étrange, le silence de ses battements de cœur affolés. Elle ne savait guère ce qu’elle aurait préféré : cet éloignement qui avait eu lieu, ou une proximité conservée qu’il aurait pu choisir. Elle avait peur de s’écrouler si seulement elle tentait de se lever. Elle sentait ses jambes si faibles, comme engourdies. Comme si elle s’était assise dessus pendant des heures avant de les déplier. Non, pas vraiment en fait. Plus comme si elle s’était plongée toute entière dans une baignoire d’eau glacée. Elle était frigorifiée. Pas au sens propre du terme, mais un froid la maintenait transie. Un froid, un abîme, là, sous son crâne. Comme une tempête de neige, une tempête de glace. Elle avait tour à tour l’impression d’être piégée dans un carcan de neige douceâtre et d’être transpercée de part en part par des pics de l’eau gelée. Elle ouvrit la bouche, comme si elle voulait parler. Mais pas même un hoquet ne s’échappa d’entre ses lèvres. Elle aurait voulu fondre en larmes, se recroqueviller, s’enfuir dans la Matrice. Mais elle n’y serait pas en sécurité. Pas tant qu’ils seraient toujours dans cet entrepôt. Si elle venait à mourir alors qu’elle était connectée… Un frisson descendit le long de son échine, amplifié plus encore quand une petite voix lui chuchotait que ça serait peut-être le moyen pour que les Dieux renaissent en elle. Dans cette enveloppe alors laissée vide d’une âme. Elle-même errant pour toujours dans les méandres virtuels, une Déesse marchant dans son corps… mais pour cela, Tegan pensa, il lui aurait fallu trouver les dieux dans cet autre univers. Et ce n’était pas le cas. La peur, la panique et l’angoisse faisaient naître des idées absurdes et incohérentes. Et pourquoi pas, finalement ? Il suffisait juste de trouver les Dieux dans ce monde où elle-même était toute puissante… L’idée germait doucement dans son esprit, sinueuse et perfide. Etait-ce pour cela qu’elle avait toujours été surprotégée par les siens ? Elle était l’équivalent d’un Dieu dans la Matrice. Et si… Et si… Le fil de ses pensées se déchira alors qu’elle croisait à nouveau les iris sombres du prénommé Lockhart.

Une supplique s’échappa finalement d’entre ses lèvres. Le jeune homme l’observait plus attentivement qu’il ne l’avait fait depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Quels détails notait-il de son étude ? Quelles conclusions en tirait-il ? Pensait-il qu’elle n’était qu’une petite poupée dont, finalement, il ne devait pas s’occuper ? Pensait-il qu’elle avait chuté de la Citadelle pour se retrouver dans la fange du ghetto ? Elle tentait de le supplier du regard, incertaine de pouvoir parler à nouveau. La terreur secouait son corps. Il allait la laisser là. Si elle ne pouvait pas marcher, ils n’avaient aucune chance d’y arriver. Son égoïsme, son instinct de survie, étaient-ils plus forts que son altruisme ? Il avait déjà fait le premier pas pour la libérer. Dans l’impatience de fuir, jugerait-il que ce serait suffisant, qu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir ? Ou irait-il jusqu’au bout ? La guiderait-il en dehors de ce dédale cauchemardesque ? Sa réflexion lui sembla durer des heures. Sa main commençait à trembler comme le reste de son corps, douloureuse à maintenir ainsi en l’air. Avait-il peur qu’elle réagisse comme une bête sauvage acculée et terrifiée ? Elle aurait été bien incapable de faire quoi que ce soit. Sa force était dans le virtuel. Sur cette Terre infâme, elle n’était rien. On va trouver un moyen, Tegan laissa retomber sa main. Ses poignets la lançaient. Elle n’osait poser les yeux sur les zébrures cramoisies qui les maculaient. Elle ne voulait pas détacher ses prunelles de celles du jeune homme. Le doute, le désespoir, l’enchaînaient tout aussi bien que l’acier un peu plus tôt. Elle ne parvenait pas à croire en ce sourire qu’il lui offrait. Et s’il était simplement comme ce Cleland ? Lui promettant un endroit sûr pour finalement se révéler être une ordure ? Mais il faut que je m’occupe du gars devant la porte avant. Je reviens tout de suite.

Son cœur se serra et ses fesses glissèrent vers le bord de la chaise, comme si elle avait voulu le retenir, l’empêcher de la quitter. Un gémissement plaintif mourut sur ses lèvres alors qu’elle les mordit pour les fermer vigoureusement. Parfois, elle se demandait comment elle pouvait être si différente d’un monde à l’autre. Elle qui était si fière, si glorieuse, si… divine au sein de la Matrice… elle était pathétique alors que la gravité la clouait à ce monde. J’en ai fini, c’est le moment pour toi d’aller te faire plaisir avant que Cleland revienne. C’était à peine si elle entendait les mots prononcés plus loin. Les battements de son cœur assourdissaient tous les sons qui pouvaient lui parvenir. Sa respiration était saccadée. Ses yeux finalement tombés sur ses poignets, elle avait envie de pleurer. Sa peau était déchirée à plusieurs endroits et ceux épargnés ne tarderaient certainement pas à se maculer d’ignobles ecchymoses. Comment allait-elle pouvoir expliquer cela aux siens ? Comment allait-elle pouvoir expliquer cela à sa mère ? Un éclair lumineux attira son attention et elle releva la tête. Battant des cils pour éclaircir sa vision obstruée par les larmes qu’elle refusait de laisser couler, Tegan constata que Lockhart avait posé sa lame contre le cou du garde. Bouge pas, et ferme-là. Aucune émotion ne traversa le visage de la technomancienne. Si tu l’ouvres, je t’égorge. Les mots et l’attitude de son sauveur étaient rudes mais c’était à peine si ça l’atteignait. Elle avait l’impression d’avoir découvert un troisième univers où son esprit partait ce réfugié, désertant son corps conscient. Elle avait l’impression de n’être ni ici, ni dans la Matrice mais… ailleurs. La peur pouvait-elle faire cela ?

CLELAND ! Tegan sursauta, surprise par l’éclat de voix, et la chaise racla sur le sol dans le mouvement brusque. Elle crut un instant qu’elle allait perdre l’équilibre et tomber au sol, mais non. Les yeux écarquillés, elle observa la scène qui se déroulait devant elle. A peine le garde avait-il hurlé et s’était défait de la prise de Lockhart que ce dernier lui écrasa la tête contre le mur, sans façon, sans pitié. Pourquoi en aurait-il ressenti après tout ? Pourquoi en aurait-elle ressenti ? Il avait été prêt à lui faire connaître les pires horreurs, elle en était certaine. Mais alors quoi ? Quelle était cette boule qui ne se délogeait pas de son sternum, écrasant chaque inspiration ? Le jeune homme se rapprocha d’elle et elle eut un mouvement de recul involontaire. Il était là pour la secourir, n’est-ce pas ? Elle n’avait pas à avoir peur de lui. Mais il avait éclaté la tête d’un homme contre le mur. Que pourrait-il bien lui faire ? Mais l’autre était un méchant. Lui était un gentil. Tegan ne savait plus. Pourquoi tout était si compliqué ? Il va falloir qu’on se magne. Ils l’ont peut-être entendu. S’enfuir. C’était tout ce qui importait. Mais ne la pressait-il pas pour que la panique l’envahisse et qu’elle oublie toute prudence, le suivant aveuglément comme elle l’avait fait avec Cleland ? La boule était remontée dans sa gorge alors qu’il était incapable de soutenir son regard. Qu’avait-il à cacher qu’il croyait qu’elle pourrait lire dans ses prunelles ? Elle se mordit les lèvres, rigides, s’empêchant de secouer négativement la tête. Elle voulait sortir de ce cauchemar. Il était la seule façon qu’elle avait de se réveiller.

Comment ça se passe, alors ? Tu peux marcher ? Elle était perdue dans le flot d’interrogations qui noyait son esprit. Elle contempla cette main qui se tendit vers elle, dans une scène miroir de la précédente. Il était fort, brave, téméraire. De son côté. N’est-ce pas ? Avait-elle seulement le choix ? C’était cela ou rester là à attendre que l’autre se réveille ou que les hommes n’arrivent en fanfare. S’ils la surprenaient détachée, Lockhart parti, se vengeraient-ils sur elle ? Certainement. Elle se perdit dans ses iris sombres, à la dérive dans ces profondeurs obscures. Tout comme l’instant où il avait pris sa décision de se débarrasser du garde, il sembla à Tegan que sa propre réflexion prit des heures, mais, finalement, elle glissa doucement ses doigts contre sa paume. Elle lui donna l’impression d’être brûlante contre sa peau trop froide, rugueuse comme du papier de verre contre sa chair trop douce. Mais elle ne l’aurait lâché pour rien au monde. Prenant appui sur cette main offerte, la jeune femme se hissa sur ses jambes. Incertaine, elle resta ainsi immobile avant d’essayer de faire quelques pas, qui s’avérèrent être concluants. Je… Je crois que ça ira. fit-elle avec un faible sourire. Merci. tint-elle à ajouter, elle qui avait été élevée par sa mère dans une politesse désuète dans ce monde atroce. Puis elle détourna les yeux de lui pour les poser sur la porte, gouffre à cauchemars.

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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptyMer 13 Avr - 0:02



Le flot de doute et de questions rugit dans les yeux de l’inconnue. Ses possibilités sont à l’image de sa situation physique : acculées dans un espace exiguë à la sortie unique. Rester ou partir. Un mouvement de recul l’a saisie lorsqu’il s’est avancé vers elle. Cela ne l’a pas surpris. Les gens s’écartent de lui, lui jettent un regard de biais, acceptent son aide presque à regret ou disparaissent dans les ombres sans demander leur reste. C’est ce qu’il est devenu. La sentinelle aux mains souillées, celui qui n’a pu que s’allier à la violence pour mieux la combattre.
Après quelques secondes où le gouffre entre eux se creuse, la jeune femme confie à cette paume sanglante la peau immaculée de sa dextre pure. Glaciale, mais vibrante comme le coeur d’un oiseau affolé. Avec précaution elle se redresse, vacille un peu mais prend confiance. Lorsque l’appui se fait plus sûr, il lâche sa main et la suit du regard. Alors elle se retourne, un sourire passe le seuil de ses lèvres, fragile encore, aussi hésitant que ses jambes sur le sol de béton. Un mot bien trop rare l’accompagne, merci, un spécimen qui souvent se coince dans les gorges, se cache de la lumière du jour, se réfugie par peur de faire trop de bruit, de créer une faille où s'infiltrent les intentions malignes. On n’est pas encore dehors, est-il sur le point de lui faire remarquer. Mais, croisant ses pupilles sincères, brillant encore sous l’emprise de la peur, il s’abstient. Avant de passer la porte, cependant, il fait marche arrière et récupère les menottes, tombée au bas de la chaise.  
Au cas où, il fait en les rangeant dans sa poche.
Puis, réalisant que ses propos puissent être mal interprétés :
Pas pour toi, bien sûr.
Dans le ghetto, tout outil est bon à prendre. À condition de ne pas charger ses poches au point de se transformer en concert ambulant, il est toujours possible de trouver une utilité aux choses glanées çà et là. Tout gosse qui a grandi dans ces rues où chaque bout de ficelle est un miracle sait cela.
Prenant la tête de leur escapade, Allen sort son Militech, diminuant le bruit de ses pas pour mieux écouter l’approche éventuelle de leurs ennemis. Rien pour le moment. Se retournant vers la jeune femme, il l’encourage :
L’escalier est à quelques mètres. On sort déjà de cette pièce, c’est le premier endroit qu’ils vont fouiller. On pourra bloquer la porte du souterrain.
À vrai dire, il n’en sait rien. Il n’est même pas sûre que ladite porte mène bien aux fondations du bâtiments. Les quartiers de Cleland ne sont pas exactement un territoire allié. Le couloir s’avère être désert, ils parviennent sans encombre au passage. La porte à la surface grêlée de rouille se déploie dans un grincement effroyable. Pour la discrétion, c’est raté. Allen attend que la jeune femme entre pour refermer derrière eux le battant - qui lui résiste, coincé sur ses gonds, avant de s’abattre avec vacarme, les plongeant dans l’obscurité.
‘Tain, on voit rien.
Bien que murmuré, le juron résonne. L’humidité des lieux les agrippe, colle immédiatement à leur peau son haleine souterraine. A mesure que les yeux s’habituent à la pénombre, un escalier se dessine devant eux. En contrebas, une lueur vacillante s’échappe du couloir, lèche les premières marches. Elle trahit la présence d’une lampe à huile ou d’une torche, certainement plus loin dans le couloir. Mais la lumière est mourante.
Fouillant les environs du regard, à la recherche de quelque chose pour bloquer l’accès, Allen repère des outils divers sur une étagère, en bas de l’escalier.
Attends.
Il descend rapidement les marches, s’empare d’une pelle, et remonte pour caler le manche en travers de la porte.
Ça va aller ? il demande en se retournant vers la jeune femme, désignant l’escalier du menton.
Il ajoute, se tenant à proximité :
Accroche-toi si tu as besoin.
Mais sans imposer d’office un soutien. Il n’a pas envie de la faire se sentir plus vulnérable qu’elle ne l’est. En bas des marches, il lui demande :
Comment tu t’appelles ?
La question parait tardive, presque ingénue.
Soudain, un grincement résonne dans les entrailles du souterrain.
Les sens sont de nouveau sur le qui-vive. Devant eux se déploie un couloir qui s’enfuit dans les ténèbres, flanqué des deux côtés de plusieurs portes métalliques entrouverte. De l’une d’entre eux, à une dizaine de mètres, s’échappe la lueur orangée qui flotte sur les murs. Une voix flegmatique s’extirpe de la pièce :
Hammerlock, c’est toi ?
Sans se donner le temps de réfléchir, Allen saisit son alliée par le bras, lui plaque une main contre la bouche pour étouffer toute exclamation de surprise, et les entraine tous deux dans la pièce la plus proche de l’escalier. La situation lui est vaguement familière ; son réflexe fut rapide et instinctif.
Des pas font crisser le sol de terre, résonnant clairement à présent dans le couloir.
Me dites pas que vous avez commencé sans moi. J’arrive pas à mettre la main sur la gnôle. T’es là ou pas, Hammerlock ? T'es reparti ou quoi ?
La tessiture de la voix est jeune et lisse, presque aigüe. Le type ne doit pas avoir beaucoup plus que la vingtaine. Mais préjuger des compétences d’un inconnu sur son âge serait stupide.  Sa démarche traverse le couloir. Allen, plaqué contre le mur de la petite cellule, libère doucement la jeune femme, les yeux rivés sur la porte et le flingue dans la direction de son regard. L’autre, dans le couloir, semble hésiter, réfléchir.
Il prend finalement le parti de traverser entièrement le couloir, et entame l’ascension de l’escalier. Les pas s’éloignent… puis se figent.
Un éclair traverse les pensées d’Allen.
La pelle en travers de la porte.
Le cliquetis d’un revolver qu’on arme se cogne contre les murs, tandis que le jeune redescend les marches à pas feutrés, à présent certain qu’il n’est plus seul en ces lieux, et que cette intrusion n’a rien d’habituel.

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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptySam 16 Avr - 21:31

Elle était bien incapable de déterminer quelle était cette lueur dans son regard sombre. Etait-il étonné qu’elle le remercie ? Ça se pourrait. C’était un mot qu’on ne devait plus entendre beaucoup à Edimbourg. Parce que les gestes altruistes n’étaient plus monnaie courante. Parce que les gens ne pensaient plus que remercier les autres était important. Ça l’était pourtant. A ses yeux en tout cas. Tegan resta immobile, à cet endroit où elle s’était arrêtée après avoir fait quelques pas. Elle doutait de sa capacité à rester longtemps debout sans bouger, mais elle était bien incapable de trouver la sortie dans le dédale du bâtiment, pas sans Lockhart. Alors elle attendit, priant la Déesse que ses jambes ne la lâchent pas avant qu’il ne la rejoigne. Elle retint un gémissement plaintif alors qu’il repartait vers la chaise. Elle entendit le bruit des menottes, le cliquetis alors qu’il les glissait dans sa poche. Au cas où L’échine de la technomancienne frémit, sa tête se pencha sur le côté, ses prunelles écarquillées un peu plus. Pas pour toi, bien sûr. L’inquiétude fut chassée de son visage par un sourire hésitant et timide. Son cœur affolé avait du mal à suivre les changements d’humeur de sa propriétaire, mais elle n’y pouvait rien. Sa première sortie dans le vrai monde et elle ne parvenait plus à savoir si elle devait faire confiance aux gens ou non… et si elle devait changer son opinion en court de route. Tout était trop compliqué. Elle comprenait mieux pourquoi les siens avaient toujours tenu à lui épargner tout cela… mais d’un autre côté… Pourquoi ? Ils devaient bien se douter qu’un jour, elle sortirait, qu’elle y serait obligée… elle était plus démunie encore qu’un nouveau né. Ils auraient dû la préparer et non pas la surprotéger.

L’escalier est à quelques mètres. On sort déjà de cette pièce, c’est le premier endroit qu’ils vont fouiller. On pourra bloquer la porte du souterrain. Il était revenu près d’elle et prenait la tête de leur évasion. C’était mieux ainsi. Elle n’y connaissait rien. Et elle était habituée à faire ce qu’on lui disait de faire. Elle pinça ses lèvres. N’était-ce pas pour cela qu’elle était sortie ? Pour ne plus être cette petite fille modèle et sage ? Grand bien ça lui avait fait, n’est-ce pas ? Son avatar en aurait ri, l’ironie et le sarcasme dans la gorge. Mais Tegan n’était pas ainsi. Pas vraiment. Ou peut-être que si ? Elle secoua la tête, cherchant à chasser ses pensées. Ce n’était pas le moment d’introspecter. Elle emboîta le pas à son sauveur et ils longèrent le couloir vide. Il lui semblait qu’un son n’était audible. Comme s’il n’y avait plus personne. Tegan avait l’impression que son cœur tambourinait contre ses tempes, assourdissant tout le reste. Elle avait peur que, si elle devait se mettre à parler, elle ne hurlât, pensant qu’il ne l’entendrait pas. Alors elle gardait les lèvres serrées l’une contre l’autre. Lockhart s’arrêta devant une porte à l’allure miteuse et le battant émit un son effroyable — qui prouva à Tegan que son cœur ne l’avait pas rendue sourdre à tout le reste — quand il pivota sur ses gonds. Pour une sortie discrète, c’était raté. La panique menaçait d’envahir tout son être encore une fois. Le bruit allait forcément attirer les hommes de Cleland qui étaient toujours dans le coin. Il devait forcément en avoir, n’est-ce pas ? Tegan se faufila pourtant à la suite du jeune homme et il s’échina à refermer l’acier derrière eux, coupant la faible source de lumière qui leur était procurée dans le couloir. ‘Tain, on voit rien. Elle aurait pu en rire. Dans un autre monde. Le virtuel.

Une humidité s’accrocha à ses vêtements, à sa peau. Ce n’était plus si étonnant que l’acier soit rongé par la rouille. Tegan eut la subite impression de se sentir sale, poisseuse. Un peu plus encore qu’après s’être retrouvée sur cette chaise, livrée aux regards lubriques et pervers de ceux qui l’avaient séquestrée. Peu à peu, les prunelles de la jeune femme s’habituèrent à la pénombre, pour remarquer, en contrebas — au pied des marches dudit escalier sûrement — une lueur vacillante. Elle avait envie, tel le papillon d’autrefois, d’y venir brûler ses ailes, mais elle se retint, s’appuyant contre le mur pour soulager ses jambes cotonneuses. Attends. Elle le suivit des yeux, descendre et remonter, bloquer la porte avec la pelle. Ça va aller ? Elle se demanda un instant s’il lui demandait si son verrou de fortune ferait l’affaire et elle cligna des yeux sans comprendre. Elle n’était pas vraiment la mieux placée pour avoir une telle réponse. Puis elle avisa son mouvement du menton vers les marches. Accroche-toi si tu as besoin. Oh. Cette fois-ci, elle refusa pourtant son aide, restant collée contre le mur pour s’y appuyer le temps qu’elle descende l’escalier. Arrivée en bas, elle poussa cependant un soupir de soulagement. Ses articulations étaient un peu moins paralysées par la peur et par la crispation, comme elles l’avaient été sur la chaise, mais l’angoisse étreignait toujours son être et rendait sa démarche incertaine. Elle aurait pu chuter, mais ça n’était pas arrivé. Oh, Morrigane, aidez-moi. Prière silencieuse, mantra incessant sous son crâne, alors qu’elle ferme les yeux, ses lèvres remuant à peine alors qu’elle répétait ses mots.

Comment tu t’appelles ? Tegan rouvrit les yeux et chercha ceux de son compagnon d’infortune. Ils semblaient noirs dans ce couloir à peine éclairé. Elle allait ouvrir la bouche pour répondre quand un grincement se fit entendre. Evidemment, ils n’étaient pas seuls. Ils n’étaient pas tirés d’affaire. Il n’y avait pas qu’un pauvre garde dans ce bâtiment. Ils devaient être… au moins plus de cinq. Cleland, la montagne, le garde devant la porte, celui-ci… D’autres certainement. Hammerlock, c’est toi ? La voix s’était à peine fait entendre qu’une main se referma sur son bras, l’autre sur sa bouche et Lockhart l’entraina dans une pièce qui, elle l’espérait, était vide. Elle sentait le corps de son sauveur contre le sien alors qu’ils se plaquaient contre le mur. Un instant, le temps d’une respiration, puis il s’écartait. Me dites pas que vous avez commencé sans moi. J’arrive pas à mettre la main sur la gnôle. T’es là ou pas, Hammerlock ? T'es reparti ou quoi ? Elle observait la ligne du revolver alors que le bruit des pas passait devant la porte de la pièce où ils étaient. Elle les entendit s’éloigner, monter quelques marches, puis se figer. Elle sait que Lockhart pense la même chose qu’elle a cet instant : la pelle. Un de ses collègues n’aurait jamais bloqué la porte. Ils étaient dévoilés, pas encore surpris, mais le garde ne tarderait pas à mettre en garde ses compères.

Tegan poussa un soupir légèrement résigné. Pourtant, à peine l’avait-elle poussé, à peine sentait-elle son cœur s’emballer encore une fois, qu’elle perçut une connexion à la Matrice. Son palpitant manqua un battement, mais en une fraction de seconde, bien plus rapidement que l’homme de Cleland, elle avait rejoint elle aussi l’univers virtuel. Elle ne mit pas longtemps à retrouver sa trace dans les méandres de son monde. Ils devaient communiquer — en partie du moins — grâce à la Matrice. Elle devait l’arrêter avant qu’il ne prévienne les autres. Heureusement, il était loin d’être aussi rapide et efficace qu’elle. Peut-être était-il capable de coder, de se connecter grâce à un Holoband, mais il était loing d’égaler ses capacités à elle. Elle le retrouva sans mal, remontant sa trace dans le code, et lui envoya une impulsion qui le déconnecterait subitement tout en lui causant une migraine comme il n’en avait jamais connue auparavant. Tegan revint à la réalité et, l’instant d’après, elle pouvait entendre l’homme de l’autre côté de la porte jurer et gémir de douleur avant qu’un bruit de chute ne l’accompagne.

Un petit sourire victorieux, bien loin de ce qu’on lui connaissait dans le monde réel, flotta sur ses lèvres de la jeune femme et elle croisa les prunelles de son sauveur. La voie est libre. Avant que Lockhart ne puisse faire le moindre geste, elle se décolla du mur et passa la porte, constatant avec satisfaction que l’autre était étalé par terre. Elle l’enjamba et se tourna vers le jeune homme. Je m’appelle Tegan. lui avoua-t-elle finalement, après cet intermède non désiré. Sa petite escapade dans la Matrice lui avait redonné un peu de force, un peu de confiance en elle. Même si elle n’était capable de presque rien dans cette réalité-ci, dans le monde virtuel, il était presque impossible de l’arrêter. Elle lança un regard aux alentours avant de reposer ses iris sur Lockhart. Par où allons-nous maintenant ? Autant en profiter qu’elle se sente mieux, avant que la panique ne la terrasse encore une fois. Mais, pour l’instant, elle était galvanisée par sa petite victoire personnelle et elle entendait bien en profiter un peu.
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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptyMer 20 Avr - 0:58



La tension a réduit toute la perception d’Allen à ce qui compte réellement. Les indices sonores éparpillés par l’autre dans le couloir, leurs positions respectives, le poids du revolver dans la main, le filet de lumière s’infiltrant dans l’embrasure de la porte. Si l’autre a le regard dans leur direction, Allen n’aura pas le temps de sortir puis de le mettre en joue. Cette possibilité est trop risquée. Il vaudrait encore mieux attendre que l’ennemi redescende les escaliers, inspecte les cellules l’une après l’autre, pour se faire prendre par surprise… mais seul un idiot procéderait de la sorte. Le mouvement le plus intelligent est d’appeler à l’aide. Dégager cette fichue pelle, sortir de la cave, et rameuter tout l’escadron. Si c’est ce qu’il choisit de faire, alors les deux infiltrés n’auront plus qu’à courir, et espérer que le souterrain ne soit pas une impasse.
Un cri étouffé résonne dans le tunnel, ponctué d’un choc sourd qui se cogne contre les parois de pierre. La stupeur fige Allen pour quelques secondes. Sentant son alliée s’agiter légèrement à ses côtés, il tourne la tête vers elle, comme prenant à nouveau conscience de sa présence. Un sourire triomphant incurve ses lèvres. Elle le devance dans le couloir ; il se retient presque de la saisir par le bras, car tous ses sens vibrent encore du sens de danger. Mais, sortant à sa suite dans le couloir, il constate que le corps du type est bel et bien étendu à terre. Les gémissements ont cessé. Il semble inconscient.
La jeune femme qui l’enjambe et se tourne vers Allen lui apparait totalement étrangère. Sur son visage flotte toujours la victoire, et sa posture à présent confiante domine l’ennemi vaincu, échoué entre elle et lui. Et lorsqu’elle lui dit son nom, la voix n’est plus ce murmure incertain, se taillant difficilement une route dans la gorge estropiée par les cris. Elle est ferme et assurée. Tout, dans son attitude, lui indique clairement qu’elle est la source de ce soudain - et étrange - retournement de situation.
Quelques secondes, Allen reste silencieux et immobile. La résolution presque mystique du problème lui parait irréelle. Elle l’a coupé si brutalement dans ses perspectives de combat qu’il en est pris au dépourvu, incapable de réfléchir correctement. Que s’est-il passé ? C’est elle qui a fait ça ? Comment ? Incapaciter une personne à distance, l’abattre psychiquement ; c’est quelque chose que certains Doppelganger peuvent faire. Vient-elle d’utiliser une déchirure ? La distance entre eux se maintient, gouffre muet, alors qu’il l’observe, silhouette vacillante dans la lumière incertaine. C’est comme s’il lui fait face pour la première fois, à nouveau.
Pour reprendre contenance, Allen répète sa réponse en un murmure qui passe à peine ses lèvres :
… Tegan.
Puis il bouge enfin, s’approche du garçon étendu au sol sans le toucher. A la question de Tegan, il répond, les yeux figés sur le corps inanimé :
Je ne sais pas.
Doucement, il place deux doigts sur la carotide pour en prendre le pouls. Un étrange soulagement l’investit lorsque la veine bat contre sa peau. Quelques instants plus tôt, il n’aurait pas hésité à planter une balle dans le crâne de cet individu. Mais l’idée que cette jeune femme puisse tuer à distance lui glace le sang.
Sortant les menottes, il attache les poignets de l’inconscient à la rambarde de l’escalier. Impossible de savoir combien de temps il resterait hors d’état de nuire, alors autant s’assurer qu’il ne puisse pas se lancer à leurs trousses.
L’intervention inattendue de Tegan, bien que perturbante, aura le mérite de lui avoir redonnée confiance. Allen se relève. Le doute martèle encore son esprit, mais il décide de le mettre de côté pour un moment ; les questions attendront.
Mais allons-y, finit-il par dire, d’un ton à nouveau confiant.
Ou qui se voulait confiant. Tout ce qu’ils peuvent faire, à présent, c’est avancer plus loin dans les ténèbres, sans même avoir la certitude qu’ils déboucheront autre part que sur une réserve d’alcool ou la cellule d’un prisonnier.
Tu peux prendre la lampe à huile si tu veux, mais elle va sûrement nous encombrer plus qu’autre chose, il dit à Tegan en allumant la torche intégrée de son Militech (merci Pinxit).
Le faisceau de lumière se déploie loin dans la cavité, froid et atone comparée à la chatoyante lueur de la flamme. Mais il balaie avec précision les moindres recoins de l’endroit, étalant son glacis blafard et fantomatique sur les portes et les murs.
La gueule du flingue pointée en avant leur découvre le chemin sur plusieurs mètres, leur permettant d’avancer bien plus rapidement. Ils ont dépassé les quelques portes et les murs sont vides à présent. Le tunnel, à partir d’un certain point, est creusé à même la roche, mais est assez grand pour leur permettre de se mouvoir avec aisance. La froide haleine de calcaire affirme sa prise sur eux. Cette fois, Allen ne se retourne plus pour s’assurer que Tegan puisse suivre. Il avance.
Le chemin est relativement simple, jusqu’à ce qu’un embranchement se présente.
Bon. Tu as une intuition, ou on choisit au hasard ?
Aucune indication permettant de favoriser l’une ou l’autre des options.
Allen se permet de réfléchir un instant, essayant de dessiner dans son esprit le plan de la ville et de le surimposer aux mouvements qu’ils ont fait dans la plaque de Cleland. Mais cela devient rapidement trop complexe. Quelle utilité de creuser des tunnels, si ce n’est pour relier un endroit à un autre ? La question est de savoir où cela débouche.
C’est peut-être connecté à la ville souterraine… il avance, avant de se tourner vers Tegan.
Il abaisse la torche au sol. La lueur diffusée dans la cave rend la peau de la jeune femme plus pâle encore, s’accroche dans ses cheveux en filaments argentés. Ce halo la détache de la réalité, comme une apparition, un être éthéré échappé de quelque légende. Est-ce quelque chose qu’elle pourrait faire aussi, prédire quel chemin est celui qu’ils doivent prendre ? De quoi est-elle capable ? La vision du type à terre s’impose à l’esprit d’Allen, le trouble. L’atmosphère rocailleuse, les échos humides autour d’eux, la lueur blême qui les habille au milieu des ténèbres, tout cela les propulse comme hors du temps, hors de l’urgence. Il ose demander :
C’était quoi, tout à l’heure ? Comment t’as fait ça ?

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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptySam 30 Avr - 21:10

Même si elle ne le connaissait que depuis une poignée de minutes, Tegan se doutait bien que le silence et l’immobilité de Lockhart en face d’elle devaient témoigner de sa surprise et de ses interrogations. De quoi avait-elle l’air ainsi ? Elle qui venait de donner l’équivalent d’une décharge électrique aux neurones de celui qui avait failli les surprendre, failli faire échouer leur échappée. C’était la Tegan qui régnait sur la Matrice qui faisait brièvement son apparition. Certainement n’allait-elle pas rester là bien longtemps. La panique reprendrait le dessus, chevauchant son cœur affolé. Pour l’instant, il était gonflé de sa victoire, mais ça n’allait pas durer. Car elle n’était pas ainsi. Pas dans ce monde en tout cas. Pas alors qu’elle y était aussi frêle et fragile qu’un oiseau à peine sorti du nid. Ce qu’elle était, sans aucun doute. Les secondes s’étiraient telles des heures. Le sourire victorieux de Tegan se flétrissait à mesure que le temps passait. Son échine droite et satisfaite commença à se courber. Elle se mit à se dandiner d’une jambe sur l’autre, incertaine, presqu’inquiète de ce que pourrait penser ce presque inconnu. Quelles pensées étaient en train de circuler dans son esprit ? Quelles déductions faisaient-ils à propos de ce qu’elle venait de réaliser ? Elle qui ne semblait alors ne plus être tout à fait la demoiselle en détresse qu’elle était juste quelques instants plus tôt.

… Tegan. Son prénom sur ses lèvres lui tira un frisson descendant le long de son échine, de sa nuque au creux de ses reins, sans qu’elle ne sache pourquoi. Comme si ce mot avait fait renaitre la vie dans son corps, Lockhart se remit en mouvement pour s’approcher du garçon au sol. Soudain, comme si elle était elle-même ramenée à la réalité, Tegan s’inquiéta de l’état du jeune homme. L’avait-elle tué ? Cette fois-ci, le tremblement qui s’empara d’elle n’avait rien à voir avec les syllabes dans la bouche de son sauveur. Ses mains se dressèrent vers son visage, devant sa bouche, pour étouffer un gémissement, un hoquet d’inquiétude. Je ne sais pas. Elle battit des paupières un instant, comme si elle avait oublié cette question qu’elle avait posée quelques secondes plus tôt, comme si une autre s’était emparée de son identité. Elle mit un moment avant de se rappeler. Il ne savait pas plus qu’elle par où ils devaient aller pour sortir de ce dédale. Les mains toujours devant sa bouche, Tegan suivit des yeux les mouvements de Lockhart. Elle perçut le soulagement détendre ses épaules et le même l’envahit à la suite. En entendant le tintement des menottes, elle craignit un instant qu’il ne veuille l’attacher elle. Parce qu’il ne comprenait pas ce qu’elle avait fait. N’était-ce pas ce que sa mère lui avait appris ? Que l’homme devenait violent et cruel envers ce qu’il ne connaissait pas ? Envers ce qui suscitait sa peur ? Mais non, le jeune homme se contenta d’attacher l’autre à la rambarde de l’escalier. Mais allons-y. Il semblait avoir repris confiance alors que la sienne s’étiolait. Comme s’ils étaient des vases communicants. Ils ne pouvaient être forts en même temps, ils ne pouvaient pas être faibles dans le même mouvement. Eternels opposés. Eternels complémentaires.

Tu peux prendre la lampe à huile si tu veux, mais elle va sûrement nous encombrer plus qu’autre chose. Tegan avisa la lampe, puis l’obscurité du couloir. A cet instant, elle se sentait suffisamment assurée pour s’enfoncer dans les ténèbres… mais une petite voix au fond d’elle lui assurait que ça ne durerait pas, que, bientôt, la crainte reviendrait et qu’elle serait nourrie par les ombres, comme si elles étaient des monstres se nourrissant de sa panique et de son anxiété, la faisant croitre à l’extrême, jusqu’à la rendre folle. Déjà, Tegan pouvait presque dessiner des silhouettes cauchemardesques dans ce couloir sans lumière. Je… je vais la prendre. finit-elle par dire. Elle ne voulait pas s’enfoncer dans le noir, seulement accompagnée de la lumière blafarde et morte de l’arme de son compagnon d’infortune. Dans le couloir, la lumière blanche et droite éclairait leur avancée. Celle, plus ambrée, vacillante au bout de son bras, repoussait les démons. Brigit, aidez votre fidèle, éclairez son chemin alors qu’elle affronte l’obscurité. Mots à peine prononcés, ses lèvres s’effleurant dans un simulacre de paroles, tel que Lockhart ne devait même pas l’entendre malgré leur proximité.

Le froid s’insinua dans le boyau dont les parois se transformèrent pour devenir plus brutes. Ce n’était plus l’œuvre de l’homme, mais la pierre elle-même percée. Le calcaire laissa une saveur pâteuse sur sa langue. Jusqu’où descendaient-ils ainsi ? Un chrétien aurait parlé d’Enfer, mais ça n’existait pas dans la religion celte. Il n’y avait que l’Autre Monde, et Tegan en était persuadée, il n’avait rien à voir avec les flammes souterraines de la chrétienté. Ils marchèrent encore, jusqu’à ce que le tunnel se divise en deux. Par où aller ? Quelle était la meilleure solution ? Bon. Tu as une intuition, ou on choisit au hasard ? Il n’en savait pas plus qu’elle. Peut-être auraient-ils dû prendre un autre chemin, alors qu’ils étaient encore dans les hauteurs de l’entrepôt. Tegan jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Avaient-ils seulement le choix ? S’ils faisaient demi-tour, ils tomberaient sûrement sur les hommes de Cleland. Ils les attendraient, s’ils n’étaient pas déjà en train de les pourchasser. C’est peut-être connecté à la ville souterraine… Elle observa encore les ténèbres en arrière avant de se tourner de nouveau vers Lockhart. La lumière tapissait son visage d’un jeu de clairs et d’obscurs, renforçant ses traits, assombrissant son regard. De nouveau, les secondes, les minutes, s’étirèrent. Ils ne pouvaient pas rester indéfiniment à cet embranchement. Pas alors que leurs agresseurs pouvaient se trouver sur leurs talons. Pourtant, aucune des directions ne semblait meilleure que l’autre. Pas un souffle d’air plus frais, pour plus rance. Pas d’éclat de lumière, rien du tout. Tegan se mordilla la lèvre inférieure.

C’était quoi, tout à l’heure ? Comment t’as fait ça ? Lockhart la tira de ses pensées. Elle plongea son regard dans le sien. Pouvait-elle lui avouer ce dont elle était capable ? Ce n’était pas comme si être technomancienne était si incroyable que cela, n’est-ce pas ? La verrait-il autrement ? Que craignait-il qu’elle soit ? Elle s’abîma dans ses prunelles pendant encore un moment. Elle aurait pu s’y perdre, aussi bien que dans le dédale de couloirs. Puis, finalement, elle se décida à parler. Sa voix était encore ténue, faible, râpeuse. Je… Je l’ai senti se connecter à la Matrice. Il… il allait prévenir les autres alors… je lui ai envoyé une impulsion numérique… Ça a dû causer une migraine fulgurante. Assez forte pour lui faire perdre connaissance. Elle ne savait pas très bien ce qu’elle avait fait, en vérité. Elle lui avait envoyé un choc, une attaque virtuelle. Sans savoir ce que seraient les conséquences sur son enveloppe charnelle. Ça aurait pu simplement l’éjecter de la Matrice… tout autant que le tuer. Certainement n’avait-elle pas à détailler plus, n’est-ce pas ? Il devait avoir compris ce qu’elle était, si elle était capable de se connecter ainsi à la Matrice sans appareil autre qu’elle-même. Elle prit une inspiration tremblante et détacha son regard du sien. Ses yeux passèrent sur le plafond de pierre. La lueur tremblante de sa lampe y dévoilait des rigoles humides. Le couloir de roche était encore suffisamment large sans qu’elle ne se fasse attraper par la claustrophobie. Quelle direction prendre pour continuer ainsi ? Quel embranchement choisir pour rejoindre la lumière ?

Je… Elle laissa sa phrase en suspens et s’enfuit dans la Matrice. Peut-être pouvait-elle trouver des plans. Elle devait avoir l’air absent, comme si son âme avait quitté son corps. Elle espérait ne pas inquiéter son compagnon d’infortune, mais si elle pouvait les sortir de là, elle n’avait pas le choix. Elle voyagea à travers les informations, comme si elle n’était qu’une donnée parmi d’autres. Un numéro fait de zéro et de un, comme tant d’autres et pourtant unique. Elle cherchait, fouillait les recoins. Y avait-il un plan de ce bâtiment qui trainait quelque part dans la Matrice ? Elle ne savait même pas réellement où elle se trouvait. Elle se concentra sur la position de ce logement qu’elle partageait avec les siens. Elle tenta de se rappeler ce que ses yeux avaient capté durant le mouvement de foule, dont elle ne se souvenait peut-être pas consciemment. Dans quelle direction Cleland l’avait guidée vers la « sécurité ». Elle tentait de laisser son subconscient la guider à travers cette ville qu’elle ne connaissait pas pour trouver le quartier approprié, le bâtiment approprié. Elle espérait juste que les plans ne s’arrêtaient pas là où la pierre commençait. Peut-être que seuls les couloirs bétonnés étaient répertoriés. Peut-être que les souterrains ne l’étaient pas. Y avait-il des relevés sismiques, topographiques ? Elle voyait passer des vestiges d’autrefois, des documents si vieux qu’elle ne devait pas être née quand ils avaient été numérisés. Y avait-il un plan des égouts ? Elle devait trouver. Pour qu’ils puissent sortir. Rejoindre la surface. Elle allait finir par étouffer sous tant de matière au-dessus de sa tête.

Tegan avait beau chercher, elle sentait qu’elle ne trouverait rien. L’information devait s’être perdue, si seulement elle avait existé un jour. Le découragement mouilla ses yeux alors qu’elle était toujours absente de la réalité, toujours perdue dans le virtuel de la Matrice. Elle tenta d’explorer les plans d’autres bâtiments aux alentours, des directions où elle estimait qu’il y aurait une sortie vers la surface… mais au final, ils pourraient toujours ressortir dans un autre bâtiment, comme ils s’étaient enfoncés dans celui-là. Elle finit par émerger. Un hoquet de désespoir lui échappa. Elle ne put retenir une larme qui roula sur sa joue. Elle se rendit compte qu’elle était au sol, une jambe sous elle, le dos contre le mur humide. Sa lampe était renversée, brûlant les derniers vestiges de son huile. Je suis désolée… Je n’ai rien trouvé. Peu…peut-être que Cleland a un technomancien à son service, un hackeur qui a débarrassé la Matrice des plans de ses QG… Elle laissa son visage s’enfoncer contre ses paumes, le dissimulant au regard de Lockhart. Je suis désolée… Je ne sais pas quelle direction sera la plus sûre. Inutile. Elle avait la sensation d’être inutile. Cette impression de puissance qu’elle ressentait quand elle était dans la Matrice s’était cette fois évaporée si vite qu’elle en restait tremblante. Elle n’avait pas envie d’affronter ses prunelles… Pourtant, elle devait se lever. Ils devaient choisir une direction, au hasard, avant que les hommes de Cleland ne les rattrapent. Elle détacha ses doigts de devant ses yeux pour poser ses mains contre le mur dans son dos, tentant de se relever. Nous… nous devons continuer. Et prier que le choix soit le bon. Tegan resta appuyée contre le mur et, évitant les yeux de Lockhart, scrutant les deux bouches d’ombre qui s’offraient à eux. Brigit, aide-nous, je t’en prie. murmura-t-elle, implorant sa déesse de les guider, de les sauver.
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MessageSujet: Re: Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen   Black Water Lilies ◊ Tegan&Allen EmptyVen 6 Mai - 15:44



Pendant les quelques secondes qui suivent sa question, Allen a l’impression d’avoir posé le pied dans un domaine qui ne tolère pas sa présence, quelque zone défendue par des principes qui le dépassent. À l’entrée de ce royaume, deux prunelles assombries par les faibles lumières l’observent. Sans jugement, sans sévérité, mais mussant derrière leur couleur muette une myriade de pensées qui courent dans l’esprit de la jeune femme. Finalement, elle consent à livrer une partie de ses secrets. La Matrice. Le mot est prononcé avec tant de naturel qu’il en dit long sur la relation qu’elle entretient avec lui. Après ce mot familier et chéri comme le prénom d’un cousin ou d’une connaissance de longue date, l’explication se pare d’un voile opaque. Allen écoute sans réellement comprendre. Le monde virtuel l’a toujours dépassé. Il n’a jamais compris. Jamais il ne s’est senti y appartenir. Mais il hoche vaguement la tête, car chercher à élucider les mécanismes complexes de ce pouvoir dont elle a fait la démonstration ne les avancerait en rien. La seule chose qu’il puisse déduire de ses maigres connaissances est celle-ci : Tegan est une technomancienne. Subitement, elle lui parait plus distante, plus mystérieuse encore, comme si ce don la parait d’une aura brumeuse, la plaçait hors de portée de sa compréhension. Dans le silence qui succède à la révélation, il hoche de nouveau la tête, mais détourne le regard.

Un seul mot échappé de ses lèvres, cependant, ramène le regard d’Allen sur Tegan. Les yeux fixés droit devant, elle laisse la phrase inachevée au bout de sa langue, incomplète, à peine amorcée et déjà oubliée. Plusieurs secondes elle reste ainsi, immobile dans l’air humide, la flammèche de sa lampe soulignant la vapeur de sa respiration. Seul ce détail prouve que la vie ne l’a pas quittée. Car de l’extérieur, elle est telle une poupée de cire, pâle à l’extrême dans la lueur blafarde. Un instant son image se superpose dans l’esprit d’Allen à celle d’une Archandroïde aux circuits coupés : plus vraie que nature, mais figée, cristallisée, les yeux grand ouverts pour ne rien voir. Un frisson galope le long de son échine. Soudain mal à l’aise, il se penche en avant pour rencontrer les pupilles absentes :
… Tegan ?
Mais pas de réaction. Qu’est-ce qui lui arrive ? Ces salauds l’ont-ils droguée ? L’affolement semble  s’infiltrer dans ses yeux comme l’eau exsude d’une fissure. Il s’y immisce et bientôt déborde. La lampe s’échappe de sa main et heurte la pierre dans un tintement, mais Tegan ne réagit pas. Sous elle les jambes se dérobent. Instinctivement, Allen s’élance vers elle, la soutient pour qu’elle ne s’effondre au sol, et cale son dos contre le mur. Lui secouant légèrement l’épaule, il scrute le visage que même l’angoisse a quitté, et tente de la faire rappeler à elle :
Tegan ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Ça va ?
Lorsqu’elle sursaute dans un hoquet de surprise, il est également pris de court et s’écarte vivement.

Enfin elle parle, d’une voix précipitée, paniquée même, les sanglots réprimées luttant dans sa gorge pour remonter à la surface. C’était donc ça. La Matrice. Allen ne se sent pas rassuré pour autant. Chaque référence à ce monde qu’il connait si peu le repousse plus loin dans la case de l’impuissance. Mais Tegan semble revenue à elle. Elle cherchait des informations pour permettre de les guider. L’échec semble la dévaster. Une larme brille sur sa joue avant de disparaitre dans la coupe de ses mains. Elle a honte. Mais pourquoi ? Elle ne devrait pas avoir honte pour avoir essayé. Elle ne devrait pas avoir honte pour avoir donné ce qu’elle pouvait, même si ce n’était que pour mener à la défaite. Tout cela, Allen voudrait le dire, il ne comprend pas cette détresse soudaine comme si l’enjeu avait été bien plus grand qu’il ne l’est en réalité. Quel genre de pression cette fille a-t-elle à supporter ? Quelles attentes place-t-on en elle au point de rendre l’échec si dévastateur à ses yeux ?
Elle esquisse un mouvement pour se relever, le regard toujours planté au sol, la voix tremblante lorsqu’elle suggère de continuer. Allen arrête ce mouvement en posant doucement la main sur son bras.
Hey, il l’interpelle à voix basse.
Cherchant à retrouver ce regard qui s’est enfui, il se penche pour rencontrer les yeux encore humides. Lorsqu’il tient son regard dans le sien, il essaie d’y mettre tout ce qu’il a de plus rassurant, niant le passage à ses propres doutes pour n’y laisser que la confiance.
T’en fais pas, on va se débrouiller.
Il prend son deuxième bras et l’aide à se relever. Le murmure de Tegan lui fait hausser un sourcil.
C’est qui Brigit ? demande-t-il pour la forme, sans vraiment attendre de réponse.
Quelques instants pour lui laisser reprendre ses moyens, et il se retourne, continuant leur chemin.

Encore plusieurs embranchements, qu’ils prennent au hasard, avançant à l’aveugle avec pour seule guide la lumière atone de la torche. La flammèche réconfortante, la seule touche de chaleur, est morte sur le sol de pierre. Il n’y a à présent plus qu’eux et cette trainée fantomatique qui lèche le sol et illumine les rigoles aux murs.
Sans raison apparente, le coeur d’Allen s’affole au milieu d’une galerie, aussi semblable que les autres. Il cogne avec rudesse dans sa cage thoracique, martèle les poumons de son tempo affolé. La respiration se fait plus difficile. Et devant ses yeux, la vision se brouille quelque peu, sculptant dans un début de délire les formes blanches esquissées devant eux. Il connait ces signes. Ils sont le prélude du retour des démons ; déclenché par on ne sait quel détail absurde. L’ambiance oppressante, peut-être. La lueur morbide. Les gouttes d’eau glacées qui parfois tombent dans leur nuque et rampent jusqu’en bas de leur dos comme de minuscules intrus. Ou peut-être un peu de tout ça. Tentant de respirer posément, il ne veut ni s’arrêter ni se retourner vers Tegan. Il se contente de masquer sa baisse de régime par un simple :
… Sortons d’ici, à peine soufflé, trop précipité pour être une affirmation confiante.
La dernière chose qu’il souhaite est de perdre le contrôle, ici et maintenant. Il se concentre sur le chemin pour ne pas laisser les portes de son esprit ouvertes aux visions du passé.
Enfin, tous deux arrivent devant une sorte d’échelle aux barreaux de fer directement encastrés dans le mur.
Bon. On a plus qu’à espérer avoir de la chance, soupire Allen, vaguement soulagé que l’interminable succession de couloirs comporte enfin une alternative.
Il se retourne vers Tegan.
Je passe devant, pour voir si la voie est libre, et je te fais signe.
Les barreaux sont gluants, tapissés d’excroissances de rouille, mais solidement ancrés au mur. La montée, qui ne dure quelques mètres, creuse son propre tunnel vertical dans le plafond de roche. La torche découvre l’esquisse d’une trappe. En grimpant, Allen note le bruissement de l’eau sur les parois, plus prononcé qu’auparavant. Une fois en dessous de la trappe, il observe les interstices. C’est d’eux que l’eau s’écoule. Le sol sur lequel donne l’issue doit être partiellement immergé. Allen prend quelques instants pour réfléchir. Ouvrir peut être risqué. Mais si le volume d’eau était réellement conséquent, la trappe, vu son état, ne serait probablement pas assez hermétique pour ne laisser transparaitre que de maigres rigoles.
Recule un peu, il risque d’y avoir de la flotte, il lance à Tegan, en bas.
L’ouverture lui résiste. Il force encore, mais craint que l’issue ne soit verrouillée de l’autre côté. La poignée du revolver entre les dents pour pouvoir utiliser ses deux bras, il pousse à nouveau, et cette fois le panneau de fer se dérobe dans un crissement effroyable.
L’eau se rue dans le tunnel, balance une claque froide sur le pauvre inconscient qui a osé la déranger dans son sommeil. Par chance, elle ne devait constituer qu’une flaque peu profonde autour de la trappe, car le flot cesse rapidement. Allen étouffe un juron et récupère son arme. Heureusement que Pinxit lui fournit du matériel étanche. Le ghetto est le royaume de l’humidité, l’empire des pluies. Un égout à ciel ouvert.
Ça va ? lance Allen en bas de l’échelle, la voix à présent réduite à un murmure.
Il éteint la torche de son revolver par pure précaution. Le hurlement du fer aurait déjà trahi leur présence, mais autant ne pas donner plus d’indice à un potentiel ennemi. Les ténèbres s’emparent d’eux, mais l’ouverture crée un puit de lumière nocturne. Tegan devra se repérer dans le noir, mais il lui suffira de toujours monter jusqu’à sortir du tunnel.
Avec précautions, Allen glisse un oeil en dehors de leur cachette, arme en avant. Dans les ombres indigos, il distingue progressivement l’armature d’un entrepôt, le haut plafond de tôle barré de poutres en fer, le damier de vitres brisées qui laisse filtrer la pâle lueur de la lune. Allen se hisse sur le sol de béton, encore alerte, épiant les barriques et caisses empilées dans les coins pour y déceler le moindre mouvement. Les gouttes d’eau ruissellent dans ses yeux, en piquent la cornée.
Il se retourne vers l’ouverture pour tendre la main à Tegan, quand elle pourra sortir à son tour, et lui avoue en chuchotant :
C’est… Je sais pas du tout où on est.

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