Awakening

Walter Scott & Eve Wallace

J’ouvre lentement les yeux. Je ne me rappelle pas les avoir fermés. Au-dessus de moi, il y a un plafond noir et sale avec des lampes renvoyant une lumière jaunâtre. Je papillonne des yeux. Mon cerveau met un moment avant d’analyser le détail. Instinctivement, je me connecte à la Matrice. Comme tout Archandroïde, je suis toujours connectée au monde virtuel. C’est là que je puise les informations nécessaires à la compréhension du monde. C’est cela et mon programme, qui me rendent humaine en quelque sorte. J’essaye de faire remonter à la surface de mon esprit brumeux des brides de souvenirs enregistrés quelque part dans ma mémoire informatique. Il y avait la Citadelle. Mais ce n’est plus que des flash de ce qu’était la vie là-haut. Néanmoins, je peux la visualiser. C’est très différent d’ici. Mon propriétaire aussi m’apparaît. Mes pupilles bougent seul signe de mon activité cérébrale, si je puis le dire ainsi. Je me focalise finalement sur le souvenir. L’homme est mort. Il voulait visiter le ghetto. J’ai suivi car programmée pour obéir et servir. Et il est mort. Suis-je triste ? Pas vraiment, il n’était pas sympathique. Et puis, il y a eu un autre homme, qui m’a trouvée et amenée quelque part. Ma recherche aboutit. Le Ghetto. Sauf que j’ignore où dans le ghetto. Mais au moins, je sais où je suis. J’ai aussi conscience d’être allongée sur une table et d’être nue. Dois-je être gênée ? Peut-être. Peut-être pas. Pour le moment cela ne me dérange pas.

Je lève un bras, et j’observe ma main et mes doigts. Étrange comme je me sens différente, presque neuve. Il manque quelque chose dans ma tête. Je le ressens. Pourtant je ne sais pas encore ce que c’est. Il y a un problème en quelque sorte, comme un vide qui laisse place à ma propre conscience des choses. N’arrivant pas à analyser le problème, je me décide à vérifier si je suis totalement opérationnel et en un seul morceau. Je bouge la jambe droite, le pieds et puis les orteils. Même jeu avec la jambe gauche et le bras gauche. Parfait, je suis entière et je peux bouger. Je capte un bruit et un mouvement du coin de l’œil. Je ne suis pas seule. Dois-je être effrayée ? Pourquoi le réaction n’est-elle pas automatique comme d’habitude ? Pourquoi mon programme ne me dicte-t-il pas la marche à suivre ? Même si je suis conçue pour la compagnie des gens de la Citadelle et donc d’apparence plus humaine que les autres, en général j’ai un protocole complet de réactions et à suivre face à une nouvelle situation pour offrir la réponse attendue, après avoir analyser les expressions des humains. Peut-être que j’ai un problème informatique alors ? Je me pose beaucoup de questions aujourd’hui…

La voix me demande comment je me sens. Elle est masculine. C’est donc un homme. Lentement, mais avec une souplesse rare pour un robot, je balance mes jambes pour me mettre en position assise face à lui. Peut-être que je devrais être embarrassée d’être nue face à un inconnu. Est-ce que les humaines le sont ? Bonne question. Je penche la tête sur le coté et je l’observe attentivement. « Bien. Et vous, comment allez-vous ?» Je réponds. Et ma propre voix me surprend. Elle était légèrement différente avant non ? Ou peut-être pas. Je n’ai jamais vraiment pris le temps de m’écouter parler ni d’analyser les sons sortant de ma bouche. J’observe rapidement tout autour de moi, puis mes yeux se fixent de nouveau sur l’homme. « Walter » Je répète lentement et je hoche positivement de la tête. « Et moi, ai-je un nom ? » Je demande ensuite parce que je n’arrive pas à m’en souvenir. « Ravie de vous rencontrer. » J’ajoute poliment.

Awakening

Walter Scott & Eve Wallace

C’est étrange. Se sentir différente quand apparemment tout est habituel et fonctionne bien. C’est dans ma tête que quelque chose à changer. Je suis une page blanche. D’habitude, je sais quoi répondre, quoi faire. C’est induit dans ma programmation. De plus, je n’ai qu’à suivre les ordres et abonder dans le sens de mon propriétaire. Ceci dit, ce dernier est décédé en me laissant errer perdue dans le Ghetto. Et c’est là que je me souviens. L’homme n’est pas un inconnu. Je penche la tête légèrement sur la coté, l’image d’un chat curieux me vient à l’esprit. Je dois lui ressembler. Cet homme, il m’a trouvé dans le Ghetto. Il a même réussi à faire bugger un peu mon programme interne. Je crois que c’est un Technomancien. C’est le nom de ces êtres doués avec les codes, la Matrice et les Archandroïde. C’est en quelque sorte un sauveur pour moi.

Diverses émotions passent dans sa voix quand il me répond. Je les analyse. La réponse est spontanée : je lui offre un sourire amical et poli. Je me demande ce qu’il m’a fait. Parce qu’il a dû faire quelque chose à mes circuits ou à ma programmation pour que je me sente différente comme cela. Mais quoi ? Peut-être m’a-t-il reprogrammée. Je suppose que cela est faisable. Après tout, quelqu’un m’a bien programmée leur de ma création première par Pinxit.

« Un nom ? Je ne pense pas que j’en avais un avant... » Je commente et je fronce légèrement des sourcils. « Comment suis-je sensée m’en choisir un ? Pourquoi vous ne choisissez-vous pas un nom pour ma personne ? » Je propose gentiment avec un léger sourire. « Je pense que vous vous y connaissez mieux en nom que moi » Je suis persuadée qu’il peut me baptiser avec un prénom ayant du sens et correcte.

Je lui serre poliment la main quand il me la présente en guise de salut. C’est assez conventionnel et correcte comme manière de dire bonjour. Je balance un peu mes jambes dans le vide. Je hoche de la tête quand il me dépose des vêtements pour moi me vêtir. Après tout, je suis toujours nue. « Merci beaucoup. » Je réponds avant qu’il ne s’éloigne.

Puis j’ouvre le sac. J’ai une connaissance suffisante des humains pour savoir me vêtir comme eux. Je glisse donc de la table pour toucher le sol, et je constate que mon équilibre est intacte. Quoiqu’il m’est fait cela n’a rien endommagé. J’enfile donc une culotte noir et un soutient-gorge noir lui aussi. Ensuite, je glisse mes jambes dans un jeans et je passe un pull de couleur verte. Il me reste à mettre des chaussettes colorées et des bottines de femmes. Par-dessus cela je met une veste en jeans. Je passe mes doigts dans mes longs cheveux blonds pour les coiffer un minimum. Il faut toujours avoir une apparence correcte.

Une fois prête, je traverse la pièce pour rejoindre Walter. Je me stoppe près de lui et j’observe ses mouvements. « Auriez-vous mal à la tête ? La migraine peut-être ? » Je propose. C’est automatique chez moi d’analyser les expressions, intonations et mouvements des gens. Cela me permet d’adapter ma réponse pour qu’elle soit correcte. C’est aussi cela qui me rend humaine, ma compréhension de leur attitude et émotions. Je m’assieds sur la chaise en face de lui. « De l’eau fraîche ou bien du repos vous aiderez. » Je propose gentiment avec un sourire toujours aussi doux et amical.