Il ne comprend pas pourquoi il a donné rendez-vous à une personne comme elle dans cette rue sombre. Pourquoi est-ce qu’il a choisi de se pencher dessus. Il espère que c’est juste par pure fierté personnelle. Pour détruire le mince filet d’incertitude qui traîne encore dans son esprit quand il voit son frère en transe. Ce mince filet qui lui dit que « peut-être que ce n’est pas si mal finalement… ». Ce mince filet.
Alors il a contacté « son pire ennemi », la Secte avec un grand S. La Secte que son frère n’a pas encore rejoint mais sur laquelle il lorgne depuis trop longtemps au goût du corbeau. Il va trouver tous les arguments possible pour tout détruire, pour que son jumeau ait une vie saine, qu’il reste avec lui. Qu’il arrête d’avoir peur. C’est une décision égoïste dont Lloyd a parfaitement conscience. Mais l’égoïsme fait partie intégrante de lui-même. Seul son frère compte et ce sera toujours comme ça.

Les mains enfoncées dans son pantalon, une cigarette coincé entre les lèvres, il observe sous sa capuche le reste du monde. Comme un corbeau cherchant pitance. Il est Azazel et retient tout ce qu’il peut retenir. Il est en avance sur son rendez-vous et la pluie commence à tomber. Il retient un sourire et souffle une bouffée de sa cigarette.

La religion. Les hommes ont toujours été faible, il l’est lui-même et le sait. Il le sait affreusement mais il ne se l’avouera pas. A quoi bon ? Cependant, il ne considère pas Deryn comme faible, il préféré se dire que c’est de la curiosité mais en est-il sûr ? Non absolument pas. C’est sûrement pour ça qu’il est ici maintenant. A attendre une Druide, si il se souvient bien. Une femme apparemment. Une femme dont il risque de rire au nez, d’envoyer balader, de se défouler pour se rassurer lui-même. Un Punching Ball qui ne le saura pas, qui ne le verra pas, qui ne le sentira pas. Son habituel masque de marbre est en place. Il ne manque plus que le cobaye.

Rapidement il rattache ses cheveux correctement. C’est le seul moyen qu’on les gens pour différencier les deux Corbeau. L’un a les cheveux attaché et l’autre non, normalement. Il sait qu’il agit mal par rapport à sa deuxième aile, aussi, par respect pour lui, il ne veut pas qu’on les confondent tout de suite. Surtout si Deryn continu d’avancer dans cette voix et que lui finit par envoyer son poing dans le visage de son interlocuteur.

D’un regard froid, il balaye une nouvelle fois les alentours. Elle ne devrait plus tarder.