→ 2017/2036 : Une naissance banale dans une famille banale, une enfance heureuse et simple pour cette gamine un peu naïve et rêveuse sur les bords. Iana voulait voir l'océan, Iana voulait aller dans l'espace, Iana voulait se marier avec le prince charmant et avoir beaucoup d'enfants. Petite fille modèle avide de plaire, elle ne mesura d'ailleurs pas ses efforts pour être toujours à la hauteur des attentes placées sur ses épaules, et elle orienta bientôt ses études vers la recherche en biologie. Ce fut d'ailleurs dans le laboratoire où elle effectua son stage de fin d'étude qu'elle le rencontra, lui, son prince de contes de fées, son amour de toujours. L'élu de son cœur s'appelait Kassian, et après quelques mois à se fréquenter, ils s'installèrent rapidement ensemble. La belle avait alors dix-neuf tout juste.

→ 2038 : Elle était belle, Iana. Elle était heureuse, Iana. Au bras de son Kassian, elle avait d'ailleurs fière allure et après deux ans de bonheur, le jeune couple décida de se marier et d'avoir un enfant. Bambin se faisant attendre tandis que les préparatifs de l'heureuse union se mettaient déjà en place. Mais tandis qu'un certain stress montait en elle, la future mariée commença à se languir de son compagnon trop souvent absent à son goût – la faute au travail lui avait-il dit – et elle décida de lui faire une surprise un soir. Débarquant chez le frère de Kassian où ce dernier devait passer une soirée entre hommes … mais au bras d'une autre femme qu'elle ! Autant dire que le choc fut terrible pour la petite princesse mais néanmoins, il n'y eut bientôt plus que le vide. La souffrance mâtinée de froideur. Elle gisant sur le parquet tandis que Kassian hurlait à ses côtés. Première manifestation de sa Déchirure qui l'avait projetée dans le corps de son compagnon sous les yeux horrifiés de tous les présents qui se hâtèrent de prévenir la police. Et si la demoiselle ne resta pas davantage de quelques secondes en Kassian, ce fut largement suffisant pour le plonger dans un état catatonique dû au traumatisme. Iana ne valait d'ailleurs pas mieux non plus. Mais elle, on s'en foutait. Elle, elle n'était qu'un monstre. Le soir-même, elle se retrouva d'ailleurs conduite au camp de régression sans recevoir d'aide d'aucun de ses proches, et l'enfer commença pour elle.

→ 2041/2044 : Les tests, la solitude, la stigmatisation, la violence … la petite poupée brisée venait d'être jetée dans un monde bien glauque, et ce fut trois longues années qu'elle passa dans ce camp. Trois très longues années. À hurler. À gémir. À pleurer. À ronger les barreaux de sa cage tandis que chaque minute passées là la coupaient encore davantage de sa vie. La plongeant dans une existence envahie par la peur et la souffrance tandis que les scientifiques et les gardiens s'acharnaient toujours plus à déshumaniser leurs cobayes. Les transformant en animaux. Les transformant en objet.

Et petit à petit, Iana développa une haine de l'Humain qui enfla au point de faire voler en éclat toutes ses limites – la rendant dangereuse pour quiconque l'approchait – et ce fut d'ailleurs un scientifique un peu trop vicieux qui en fit un jour les frais. Regard lubrique se posant sur elle pour finalement rejoindre sa cage lors d'une nuit calme. Ses paroles salaces, ses mains baladeuses … puis ses yeux exorbités lorsque Iana posséda son corps afin de s'enfuir. Direction les coins sombres et les ombres mouvantes de la ville, où elle ne tarda pas à tomber sur plusieurs de ses congénères qui lui firent intégrer la Vori V Zakone tandis qu'elle arracha sa puce pour sceller définitivement son rejet de la société. Inutile de le nier, elle n'était pas Humaine. Alors inutile de singer ces êtres en poussant le vice jusqu'à porter leur jouet au creux de sa chaire.

→ 2046 : Deux ans plus tard, la petite princesse s'est totalement effacée pour devenir une abomination avide de vengeance et de rage, et c'est donc sans beaucoup de scrupule qu'elle travaille pour la Bratva. Volant et tuant comme pour se purger elle-même de la fange qui menace de plus en plus de l’engloutir dans une bestialité totale.