Cette nuit là était sensée être leur apothéose. Ils avaient enfin lancé la première pierre à leur attaque, celle qui allait ouvrir la voix. Ils pensaient trouver un écho dans la population, réveiller celle-ci par leur attaque, leur vidéo projetée sur tous les écrans. Ephrem y avait cru, à cette révolution, à cette nuit. Il devait les rejoindre, supposément, dans un bar, un de ceux illégaux qui n’était ouvert que la nuit, et où l’on ne pouvait s’y rendre qu’en empruntant un passage dangereux. Mais il était resté figé à l’extérieur incapable d’y entrer. Il se souvenait parfaitement de n’avoir eu besoin de se connecté, de n’avoir eu besoin de holoband ni de puce. Il avait fait son boulot simplement en y pensant. C’était absurde. Et quand il avait vu les types armées entourer le bar, il avait prit les jambes à son cou !

C’était eux qu’ils venaient cherchés, pas cherché, exterminés. Il en était certain. Ephrem n’avait jamais senti une telle décharge d’adrénaline. Cette nuit, il s’était senti poussé des ailes le poussant à se réfugier dans cet ancien immeuble délabré. Il pensait y être à l’abri. Le son des bottes l’en dissuada. Il était peut-être en train de vriller totalement parano ou peut-être pas. Il senti la décharge électrique dans tout son corps. Il y avait des gens connectés ici. Des gens le cherchant. Il se déconnecta aussitôt, d’une simple pensée, et il descendit l’escalier menant à la cave. Il devait se tirer de là. Il espérait que cette cave communiquerait avec celle de l’immeuble voisin comme cela était dans les très vieux immeubles…

[Tir de dé pour savoir s'il réussit à descendre sans se faire repérer]

Le biper avait résonné dans le crâne de Skylar avec une telle force qu’il crut réveiller tout le quartier. Ses camarades de jeu virent son tressaillement de surprise comme un bluff foiré. Jimmy le goinfre abattit un carré d’as sur la table que déjà, Blake filait, non sans perdre ses cartes truquées au passage. C’est net, qu’il les abandonna-là, et en finissant sa bouteille de scotch, évidemment. Éméché, il travaillait mieux, ou du moins en avait l'illusion.
Il trouva ses semblables devant l’immeuble. Sourire aux lèvres, euphorique à la seule idée de tuer des gens – et peut être à cause de son fond de scotch – Blake leur fit signe.
— Alors les filles, on y va ? Ou on se fait une beauté avant ?
Comme il fixait le gosse Oulianov, il finit par s’étirer et faire un semblant de demi-tour vers Blayne.
— Excuse-moi, je sais que pour toi c’est mal barré.
Se fendant la gueule, il entra dans le bâtiment. Les autorités faisaient déjà le ménage. Familles terrifiées et squatteurs défoncés partageaient la cage d’escaliers. L’Aberration les laissa foutre leur bordel sans s’en formaliser, jetant des regards attentifs autour de lui. Pour une fois, il bossait sans ses écouteurs. Sans doute les mettrait-il une fois le combat engagé, pour se mettre dans l’ambiance.
Comme il se dirigeait vers la cave, il entendit soudain un boucan du diable. Il siffla ses semblables et fonça droit vers la source du bruit.

Il n’est pas connecté. La matrice lui est étrangère, mais l’adrénaline que lui procure la traque, l’idée même de mettre la main sur le corps du hacker le tient, donne à son regard quelque chose d’enragé. Son implant oculaire rougeoie dans l’obscurité alors qu’il sonde les reliefs de l’immeuble devant lequel ils se sont rejoints. Il jette un coup d’œil critique aux forces déjà en place, puis à ses deux compagnons imposés. Il ne travaille pas en équipe, n’en a jamais été capable, mais reste tout de même à portée de leur voix, prêt à leur faire part de ses constatations.  Skylar. Blayne. Il a déjà entendu leur nom, mais ne s’est jamais forcé à les fréquenter. Il fuit le QG des aberrations, n’y a mis les pieds que lorsqu’il y était obligé. Et se maudit maintenant de devoir leur faire confiance, il les connait si peu. Pas le choix, pourtant. Et lorsque retentit l’appel de Blake, il se rue à sa suite, repoussant de coups de crosse agacés les habitants gênant son avancée. Les couloirs sont sombres, et seul l’AceView lui permet de discerner les contours des pièces qu’il traverse, le pas léger, mais sûr, comme un fauve en maraude, l’arme levée et prête à tirer. Mort, ou vif, leur a-t-on précisé. Il préfère de loin les morts aux captifs, et n’a pas la moindre intention de faire de quartiers. Le bruit venait d’en bas, il en est sûr, certain, et, s’approchant de Skylar qu’il a finit par rejoindre, glisse à ce dernier, le regard rivé vers les escaliers dont il capte les formes fragmentées

« On descend ? »

Ici, ce n'était pas pareil que là-bas, lui avait dit Iana un jour - la seule et unique fois où elles s'étaient rencontrées. Là-bas, c'étaient les tours de verre et les lumières de la ville. Ici, c'était ce studio minuscule aux murs délabrés, meublé d'un simple matelas sale, d'une cuvette de toilette et d'un évier, la pénombre moite et puante et ce type à poil, la main sur son sein, l'autre sous ses fesses. Le séduire. Le faire parler. D'expérience, Sofia savait que cela fonctionnait toujours dans cet ordre avec les hommes : coucher, écouter, confronter. S'il se terrait ici, c'était qu'il s'était rendu coupable de quelque chose. Un indice, se disait-elle pendant qu'il lui léchouillait le cou.

ATTENTION EV-01-03 ORDRE PRIORITAIRE...
ÉVACUER IMMÉDIATEMENT LA ZONE...
ORDRE PRIORITAIRE...

Sofia se redressa un coup, repoussant le type qui brailla aussitôt. Elle le saisit par le bas du visage, lui écrasant la bouche, lui arrachant des cris étouffés au passage - était-ce de douleur et de peur ? Cela n'avait pas d'importance. L’ordre prioritaire primait sur tout le reste. Elle lança le type contre le mur puis se releva, se rhabilla avec des gestes lents et précis, et sortit sur le palier. Des coups aux portes, des cris, des ordres. Cela ressemblait à une descente de police. Le fait que cela se passe exactement dans l’immeuble où elle menait sa mission l’aurait fait hésiter s’il n’y avait pas eu l’ordre de Pinxit.

Partir, évacuer la zone. Elle commença à descendre l’escalier. Du bruit à l’étage du dessous. Il y avait des chances que les forces armées la prennent pour une habitante. Des chances qu’ils l’endommagent. Elle se figea, se pencha au-dessus de la rambarde pour observer la situation un étage plus bas. Un, deux, trois personnes entre elle et la sortie.

La traque … la traque avait indéniablement un petit quelque chose d'excitant, et la jolie poupée ne pouvait pas nier qu'elle était effectivement excitée. Heureuse. Fébrile. Mélange malsain lorsqu'il s'agissait d'un suicide largement assisté qu'elle comptait provoquer chez ce cher Nikolaï Iermakov. Petite enflure vicieuse qui s'était amusée avec elle au camp de régression. Chien galeux qui bientôt crèverait la gueule ouverte, son sang se vidant inexorablement dans sa baignoire à la faïence sale. À croire que Pinxit payait bien mal ses affidés pour que ceux-ci résidassent dans pareil taudis. Mais heureusement pour ce bon Iermakov, la propreté ne serait bientôt plus un soucis pour lui. Dieu, que la belle pouvait quelque fois aimer et aider l'Homme …

Mais bien installer dans son corps chaud qu'elle sentait vivre et pulser tout autour de sa conscience, Iana ne tarda pas à entendre l'immeuble tout entier s'agiter, et quelques coups frappés à la porte la poussèrent à ouvrir doucement le battant de bois. Le regard hautain du trentenaire blond – le visage rude et taillé à la serpe – se posant aussitôt sur une petite vieille décharnée et alarmée.

« Ooooh monsieur Iermakov, encore une descente … mais où va le monde ?! De mon temps, la jeunesse se tenait tout de même mieux que ça. Vous savez, je vous le dis moi, c'était pas comme ça de mon temps et … »

Mais l'auguste ancêtre arpentait déjà le couloir tout en continuant sa diatribe enflammée, et la jolie poupée n'écoutait déjà plus. Le corps robuste du gardien se glissant à son tour dans le corridor tout en attrapant sa veste qu'il enfilait déjà, fermant la porte à clé derrière elle avant de se diriger directement vers l'escalier de secours. Nikolaï était un homme pragmatique et méticuleux, et Iana n'avait aucune envie de croiser qui que ce fût. Mieux valait donc filer. Rapidement mais sans se presser pour autant. Nikolaï fumait. Beaucoup. Beaucoup trop. Et même si la belle n'était pas friande de ce vice-là, elle respecta tout de même les habitudes de sa proie afin de ne pas paraître louche. Clope entre ses lèvres minces, s’apprêtant à l'allumer lorsqu'un véritable concert de casserole se fit entendre à l'étage en-dessous.

Les Gumns n'auraient jamais trébuché. Les Bade Runner non plus.
Alors quoi ? Squatteurs défoncés ou souries effrayées ? Drogués inintéressants ou rats fuyant le navire afin de n'être pris dans aucun filet ? L'un comme l'autre, la cave sombre était ô combien plus intéressante que le hall de l'immeuble qui était en train de se remplir, mais la vue d'une silhouette la poussa toutefois à se stopper au milieu de cette foule hétéroclite.

Bogdan …

Pinxit était donc bel et bien ici – le doute n'était de toutes façons guère permis – et la belle préféra donc se stopper près de la vieille râleuse tout en jouant avec son briquet. Habitude de Iermakov qui – très souvent – s'amuser à en ouvrir et fermer le clapet. Écoutant d'une oreille distraite le soliloque tout en faisant toutefois mine de s'y intéresser. Elle n'allait pas pouvoir passer devant tous ces chiens sans alerter l'attention. Mais elle ne pouvait pas rester là non plus. Et pourtant. Pourtant adossée contre un mur et noyée au milieu des voisins grincheux, la belle décida tout de même d'attendre et d'observer. Tant pis pour la sourie effrayée et maladroite, si sa traque signifiait sa liberté à elle, alors elle consentait à ce sacrifice sans que cela ne constituât un problème pour sa conscience.

Blayne était appuyé contre le poteau devant l'immeuble, bras croisés et le pied tapant impatiemment le sol. Il attendait… Il attendait que Skylar veuille bien se montrer pour commencer leur mission : à savoir fouiller un immeuble civil afin de retrouver un hacker. Et cet imbécile d'amerloque se laissait désirer… Et ça l'agaçait… copieusement.

Qu'est-ce qu'il fout, cet enfoiré ?, songea Blayne, exaspéré.

Il jeta un regard en direction de Bogdan qui, lui au moins, était à l'heure. Son collègue ne semblait vraiment tranquille, voire un peu tendu. Mais il n'aurait pu jurer si c'était le cas, Blayne le connaissant à peine. Voire pas du tout.

Ce fut le moment que Skylar choisit pour apparaître, le plus normalement du monde, comme si c'était eux qui trainaient. Blayne voulut lui balancer un truc mais ce bâtard parla avant même que le DvoÏnik ouvre la bouche. Blayne haussa un sourcil : il se croyait drôle avec sa remarque ?  Il préféra l'ignorer. D'ailleurs, Skylar avait déjà pénétré le bâtiment, suivi de Bogdan. Dans un soupire, Blayne les rejoint.

Il entendit d'abord la chute d'un corps avant le boucan infernal. L'Aberration se précipita immédiatement vers les escaliers qui menaient au sous-sol. Sans même attendre que les deux autres l'accompagnent, il commença à franchir les premières marches.

- Evidemment qu'on descend, fit Blayne à l'adresse de Bogdan tout en poussant légèrement Skylar pour passer avant lui.

Sauf que soudain, il sentit les poils de sa nuque se hérisser. Ce phénomène, il le ressentait uniquement quand quelqu'un l'observait ou quand une menace le guettait.  Il se retourna  et jeta un coup d'œil dans la foule un peu plus que les forces de l'ordre cherchaient à évacuer.

- Attendez… , lança-t-il aux deux autres.

Est-ce qu'une de ces personnes les espionnait ? Ou plutôt : qui, parmi ces gens, les espionnait ? Cette sensation l'obsédait et le rendait vraiment nerveux.

Le technomancien n'a jamais été aussi maladroit de toute sa vie, comme s'il voulait qu'on le trouve. Evidemment, le carton contre lequel il butte est rempli d'objets en métal qui font un tintamarre retentissant. Il se fige, le sang glacé. Aussitôt il entend les hurlements crachés par les chiens de gardes de Pinxit qui ne tarderont guère à l'attraper. Il descend les dernières marches restant aussi silencieusement que possible, terrifié, se sentant comme une bête traquée. Persuadé que sa dernière heure est venue, il a le pas lourd, et revoit presque sa vie défilée lorsqu'il entend du mouvement au-dessus.
Un demi sourire nait sur ses lèvres. Car il lui semble qu'on a arrêté de descendre l'escalier. Mais le sourire ne dure pas quand il entend un hurlement qui paraît être de la terreur. Que se passe-t-il au juste en haut ? Le technomancien n'en sait rien, mais ce hurlement lui glace le sang, plus sûrement encore que la certitude d'être arrêté. Il se souvient d'avoir entendu des hurlements pareils durant le Fog, moment où il était resté terré chez lui, terrorisé. Ephrem devenait de plus en plus terrorisé, par tout et par rien. Il en avait vaguement conscience, de ce qui débloquait chez lui. Mais qu'y pouvait-il ? Il avait le sentiment d'être une bête traqué mais à cet instant, il su qu'il y avait une autre bête, en haut, sans doute plus dangereuse qu'il ne l'était.

Résumé que j'avais oublié au premier tour:

Blake se satisfit de voir Blayne s’avancer. S’il y avait du mouvement en bas, et armé, il serait le premier à encaisser. L’américain le couvrirait, il pouvait lui faire aveuglément confiance, mais... c’était tout. Jamais il ne risquerait sa peau s’il y avait d’autres gars « entraînés » pour le faire. L’armure du louveteau devait servir, non ?
Ce dernier s’arrêta. Blake l’observa un instant, un sourcil levé manifestant son interrogation. Il regarda d’abord à l’étage, revint à Blayne, et sentit sa patience s’envoler.
— Bon, si t’as senti un truc, louveteau, bouge-toi… mais ne reste pas planté là comme un idiot.
Sur ce, il entama la descente de l’escalier. Celui-ci s’enfonçait dans une cave engloutie par l’obscurité, envahie par les émanations caractéristiques des vieilleries alliées à la fameuse odeur de renfermé. Les fragrances de l’oubli. Habitué aux ombres, le dvoïnik y devinait des formes de toutes tailles. Sa vision nocturne s’activa d’elle-même, révélant quantité d’objets entassés issus de toutes les pièces envisageables d’un logis, mais rien d’intéressant. Il distingua un amas de caisses renversées, des ustensiles de cuisine éparpillés. Son esprit travailla illico. Un rat, et il devait y en avoir en ces lieux, n’aurait jamais eu la force de faire tomber tout ce tas de merde. À l’évidence, quelqu’un avait tenté de s’enfuir. Sans doute se cachait-il encore ici.
— Restez sur vos gardes, ordonna Blake à ses semblables. Je gagerais qu’il y a du monde ici.
Flingue à la main, il enchaîna les marches, une par une, sans le moindre bruit. Mais avant même d’en atteindre la moitié, une clameur attira son attention. Il jeta un regard en arrière.
— Mais merde, c’est quoi ce bordel encore ?

La situation nécessitait d'improviser - la spécialité de Sofia, évidemment. Elle tentait régulièrement de contacter son chargé de mission à Pinxit, sans succès : la communication n'allait que dans un sens, et le message était unique, et clair ; elle était censée évacuer les lieux. Mais entre elle et la sortie se tenaient trois personnes lourdement armées. Elle envisagea de passer par le haut, mais les toits, dans ce quartier déglingué, n'offraient pas toujours de sortie. L'autre solution était d'attendre, ce qu'elle fit sans bouger d'un millimètre, sans s'ennuyer à faire semblant de respirer. Elle entendit l'échange entre les trois soldats - c'est à cela qu'elle les assimilait pour l'heure. Bien, quoiqu'ils cherchent, ils n'étaient pas là pour elle et allaient descendre l'escalier. Dès qu'ils se furent engagés dans les étages inférieurs, elle descendit à son tour, avant de se figer de nouveau.

Hurlements. Bruits de lutte. Odeur métallique du sang frais tout droit sorti d'une artère. Elle déboula sur le palier à temps pour voir une silhouette furtive dévaler les marches vers la sortie, une attitude on ne peut plus raisonnable car face à Sofia, c'était une masse humaine qui se battait, ou du moins qui tentait de se défendre, de s'arracher à un homme devenu fou. Non pas qu'elle sache quoi que ce soit de la folie. Fonçant dans le tas comme un bulldozer, quoiqu'à pas mesurés, la Gumn se fraya un chemin en repoussant ici un homme, là une femme, sans égard pour leur intégrité physique qui ne la concernait pas. Seule comptait la sortie, toute proche, avant que les trois autres décident de revenir sur leurs pas.

résumé:

Résumé:

Blayne ignora totalement Skylar, le laissant râler et descendre dans cette cave où très certainement quelqu'un s'y trouvait. Il s'en fichait à présent, trop concentré sur cette sensation d'être observé. Mais au milieu de cette foule, difficile de savoir qui les espionnait. Ça pouvait être n'importe qui et ça le frustrait de ne pas savoir.

Une étrange sensation de danger le prit à la gorge et le fit se mettre sur ses gardes. Blayne, emporté par une soudain crise de paranoïa, observa frénétiquement chaque tête qu'il voyait parmi les habitants de l'immeuble qui devaient être évacué. Tout ses sens en alertes, il se concentra sur l'odeur de tout ces gens rassemblés et écouta la moindre respiration, même s'il avait du mal à les isoler.

C'est alors que cela arriva. D'abord ce fût une sorte de râle à peine distinct qui s'amplifia. Et soudain, un type cracha toute la bave de son corps avant de se jeter sur un homme à côté de lui, provoquant un monstrueux mouvement de panique avec des gens qui courent partout et écrasent ceux qui n'étaient pas assez rapide.

Blayne réagit au quart de tour. Il dégaina Wolfclaw, l'un de ses épées, et fonça dans la foule à la recherche de ce type qui se prenait pour un zombie. Il fallait qu'il tue ce gars... Il s'agissait d'une menace et les menaces, Blayne les éliminait.

Une équipe formée par Pinxit. Une équipe dont il se désolidarise pourtant à chaque instant. Sans même le vouloir, par simple habitude. Lorsque la clameur résonne, il ne perd pas son temps à chercher, de vérifier où se trouvent ses partenaires, s’ils ont suivi, s’ils sont restés en arrière, non. Il se contente de rebrousser chemin à toute vitesse pour remonter les quelques marches qui le séparent de l’événement. Que se passe-t-il ? Il n’en sait rien, encore, mais ne tarde pas à percuter un jeune qu’il dégage de son passage avec un grognement. Pas le temps pour les civils. Quelque chose se trame. Quelque chose de mauvais, s’il en croit les murmures paniqués qui lui parviennent. Il n’y a rien de pire que la panique. Elle handicape les sens. Transforme les plus inoffensifs en furies. Il déboule dans le hall, s’arrête brutalement pour reprendre son souffle, tout en scannant le périmètre.

Là. Du coin de l’œil, il voit Blayne qui s’avance, sabre au clair. Il se glisse dans son sillage, cherchant sa cible du regard. Il ne tarde pas à la repérer, l’homme s’en donnant à cœur joie sur sa malheureuse victime. Sans prêter la moindre attention à ce qui se passe autour, esquivant les bousculades comme il le peut, Bogdan sort son arme, s’éloigne légèrement de Blayne en cherchant un bon angle de tir. Il ne s’agit pas de toucher le civil, d’autant plus que ses munitions ne pardonnent pas. Et encore moins son coéquipier puisque ce dernier semble décidé à s’en mêler. L’aberration s’arrête, laisse sa déchirure replacer sa vision, trouver les points faibles. Et, au moment où Blayne s’apprête à abattre son sabre, il tire.

Dés:

Résumé:

La peur palpitait sous sa peau, dans sa chair mortelle. Ce qu'il venait entendre était le bruit d'une bête enragée. Quelqu'un gardait-il un tigre captif ici ? Un tigre malade vu le râle épouvantable qu'il venait de lâcher ? Ephrem se demanda ce qu'il avait bien pu faire à son karma pour mériter tout cela. Son coeur battait à tout rompre. Il recula jusqu'à ce que son dos soit collé au mur. Impossible de reculer plus. Il était dos au mur, de l'escalier. Remonter, et risquer de finir enfermé ou alors rester ici, face à une bestiole dangereuse qui raclait contre... va savoir quoi, une porte ? Il n'y voyait rien. L'homme n'avait aucune idée de où était l'interrupteur et tel un enfant terrorisé, il n'était pas certain de vouloir voir la lumière tapisser cet endroit et confirmer ses pires craintes. Alors il se contenta de lâcher un hoquet puis de se déplacer aussi discrètement que possible en bas de l'escalier. Là, il leva le nez pour regarder où s'en était en haut.

Parce qu'il y avait eu un véritable barouffe en haut aussi. Que se passait-il ici au juste ? Qu'est-ce que c'était ces sons là ? Il savait que les animaux sauvages n'étaient pas autorisées, en théorie n'existait pas dans l'enceinte du dôme. Mais il savait également qu'un clonage était faisable, que certains riches aimaient en passer par là pour avoir un véritable zoo chez eux. Il frémit, terrorisé. Mieux valait remonter... mais il n'avait pas forcément envie de se retrouver face à une foule paniquée non plus. Alors il se tassa en bas de l'escalier, remontant les unes après les autres les marches, très lentement, tentant de rester autant que possible dans la pénombre et silencieux, priant les Dieux anciens, comme les nouveaux, qu'il s'en sorte vivant.

[Tir de dé : Réussite Ephrem réussit à monter jusqu'à mi hauteur l'escalier pouvant ainsi mieux voir ce qu'il se passe sur le palier tout en restant discret et plus silencieux que la bête d'en dessous. Echec, Ephrem met le pied sur une des boîtes de conserves, se casse la figure, attirant ainsi l'attention des gens au-dessus ET de la bestiole enfermée en dessous.]

Sitôt remontées la volée de marches, Skylar constata l’étendue des dégâts. L’un des résidents de l’immeuble avait littéralement pété un câble. Blake resta un moment interdit en le voyant arracher le membre d’un de ses voisins. Son instinct lui dictait d’éviter de s’approcher. Il devait tuer ce malade à distance, calmer la folie de la foule, mais à en juger l’état de celle-ci, il ne saurait viser juste. Il eut tout juste le temps de jurer que Blayne fonçait déjà dans la mêlée, en entêté qu’il était, déterminé à massacrer ledit zombie-man.
— Blayne ! Attends !
Un tir de Bogdan calma l’enragé illico. Une giclée de sang leur tacha la face à tous les deux. Skylar, retranché contre un mur, évita le désastre. Il se foutait bien de se salir, mais si cette rage s’avérait contagieuse, mieux valait éviter de jouer avec toute forme de fluide.
— Crétin…
Jura-t-il encore, en voyant le louveteau taché d’hémoglobine. À l’instant même où il voulut se ruer vers lui, un bruit tonitruant attira son attention dans la cave. Ses yeux s’illuminèrent, trahissant sa vision nocturne, et il le vit enfin : le petit enfoiré qui tentait de se planquer…
Il devait faire un choix. Sauver Blayne et voir ce gars filer, ou respecter son ordre de mission et l’arrêter.
Que lui devait Pinxit, exactement ? Volkmar « and Co » comme il disait, avaient détruit son être. Physiquement. Psychiquement. Ils l’avaient torturé, encore et encore, jusqu’à en faire une machine de guerre. Il ne leur devait rien, sinon du dédain.
Cela dit, de là à se mettre en danger de mort pour un gars dont il ne connaissait rien… non. Puis il avait failli le descendre, le jour de leur rencontre. Quel égoïste éhonté.
Au lieu de voler au secours de son semblable, il écrasa la détente de son flingue et tira sur le rat de la cave.

Réussite : Skylar touche Éphrem et lui éclate le genou d’une balle.
Échec : Éphrem réussit à éviter la balle en se cachant derrière le tas de vieilleries.